
Des hommes brandissent la victoire au souk Hamidiyé dans la capitale syrienne Damas, le 9 décembre 2024. Photo AFP/AAREF WATAD
Poumon économique et deuxième ville de Syrie, Alep est depuis une semaine administrée par les groupes rebelles qui s'emploient à restaurer les services de base, pain, eau, télécoms, transposant le modèle de "gouvernement de salut" instauré dans leur fief d'Idlib depuis 2017.
Pour ces groupes menés par des islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), il s'agit de prouver leur crédibilité aux yeux des habitants de cette ville du nord-ouest de la Syrie, dont ils ont conquis l'essentiel au début du mois à la faveur d'une offensive fulgurante qui les a conduits jusqu'à Damas, provoquant la chute du régime et la fuite du président Bachar el-Assad.
Une fois les troupes gouvernementales parties, des nuées d'employés ont commencé à nettoyer Alep et à évacuer les débris des combats alors que d'autres remettaient en état les réseaux électriques et de distribution d'eau. Du pain a été distribué à travers la ville par des volontaires et des vigiles déployés la nuit pour maintenir l'ordre.
"L'eau et l'électricité ont été rétablis après quelques jours de coupure", se satisfait, auprès de l'AFP, Disbina Bidouri, une ménagère de 61 ans qui habite le quartier de Souleymania. "Il est désormais très facile d'avoir du pain. De jeunes gens le distribuent (...) et j'ai même commencé à en stocker dans mon réfrigérateur", dit-elle.
"Le gouvernement de salut" qui administre les zones sous contrôle du HTS a ordonné à ses agents de se rendre à Alep pour assurer "la continuité des services destinés à la population", a indiqué à l'AFP son directeur des relations publiques Abdel Rahmane Mohammed.
Fondé en 2017, ce gouvernement, dotés de départements spécialisés et de services de justice et de sécurité, administre Idlib et d'autres zones environnantes.
Un journaliste local de retour à Alep, Walid Othman, 27 ans, raconte à l'AFP qu'il a eu au début des difficultés à communiquer avec l'extérieur en raison de l'absence d'internet. Mais l'action du "gouvernement de salut" a permis d'améliorer les choses, selon lui. "La réparation de relais a permis la reprise partielle du service qui reste cependant à l'améliorer", affirme-t-il.
"Absorber le choc"
Les groupes rebelles dressent sur leurs sites internet la liste des services proposés à la population et expliquent comment les contacter.
Le département chargé de l'approvisionnement, avec l'aide d'ONG locales, distribue quotidiennement 450 tonnes de farine aux 160 boulangeries de la ville qui produisent 250.000 sacs de pain par jour, explique M. Mohammed. Celui de l'électricité a formé une équipe technique pour "relancer la centrale thermique afin qu'elle tourne à plein régime dans les prochains jours", assure-t-il.
L'eau potable est distribuée dans divers quartiers de la ville et les relais de télécommunication, désactivés par le régime, ont été réparés, selon lui.
En matière de sécurité, plusieurs postes de police ont été rouverts et des patrouilles nocturnes mises sur pied pour "préserver les biens des particuliers", affirme encore M. Mohammed.
Selon le directeur de l'ONG "Banafsaj", active dans le nord-ouest du pays, Gotaiba Issa, l'administration locale s'est employée au début à "absorber le choc" du passage de la ville des mains du régime à celui de l'opposition. La priorité a été donnée aux opérations de secours et à la sécurité alimentaire, a-t-il dit ajoutant que "grâce à Dieu, Alep commence à retrouver sa vitalité".
"Plus de revenus"
Urologue, le Dr Yasser Darwich est revenu à l'hôpital Razi d'Alep avec l'arrivée des rebelles. "Au début il y avait 15 à 20 médecins et infirmières mais en l'espace de quatre jours, l'hôpital a récupéré tout son personnel", dit-il. Les besoins restent cependant énormes, avec une pénurie de médicaments et des coupures d'électricité.
Un autre médecin a indiqué, sous couvert d'anonymat, que des responsables du HTS ont visité l'établissement et promis de répondre aux besoins de l'hôpital.
Au-delà de l'eau et de l'électricité, des habitants aspirent à un retour à une vie normale après 14 ans de conflits qui ont affecté Alep, le poumon économique du pays. "Nous avons l'eau et l'électricité mais on n'a plus de revenus avec tous les jeunes qui sont au chômage", se plaint Nour Chamani, 52 ans et mère de trois enfants.
Pour ces groupes menés par des islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), il s'agit de prouver leur crédibilité aux yeux des habitants de cette ville du nord-ouest de la Syrie, dont ils ont conquis l'essentiel au début du mois à la faveur d'une offensive fulgurante qui les a conduits jusqu'à Damas, provoquant la chute du régime et la fuite du président Bachar el-Assad.
Une fois les troupes gouvernementales parties, des nuées d'employés ont commencé à nettoyer Alep et à...
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