Édito

Emm Kamel

On dit que les ancêtres des drones sont les savates que les mères colériques expédiaient en direction de leurs rejetons insolents. Aujourd’hui, nous devons subir une « mère » d’un autre type : « Emm Kamel », surnom surréaliste donné à ces objets volants par référence au Mk (abréviation de Heron Mark II), utilisé par Tsahal pour quadriller le pays et surveiller nos moindres faits et gestes. Pareil à une libellule blanche, Emm Kamel tournoie au-dessus de nos têtes, sadique épée de Damoclès, capable de s’abattre à tout moment. Son bourdonnement lancinant, insupportable, comparable à celui d’une tondeuse, n’a pour but que de jouer avec les nerfs d’une population déjà irritée par cette guerre insensée qui, en deux mois, a démoli le pays et broyé son économie. Tout le monde est désormais sous la surveillance de cet œil céleste, à la merci de ce « Big Brother » orwellien capable d’épier sans relâche ou de fondre sur sa proie comme un vautour. Il est à craindre que cet engin, réservé d’ordinaire à un usage civil ou ludique, ne conduise dans un futur proche, avec le concours de l’Intelligence artificielle, à un espionnage généralisé des citoyens, voire à des attentats ciblés commis par des États, des terroristes ou des tueurs à gages pour éliminer des opposants. Où va-t-on ?

Cette même question s’applique à l’avenir de notre pays au lendemain d’un accord de cessez-le-feu qu’on sait précaire en raison de la soif de revanche chez le Hezbollah qui crie pourtant victoire et du sentiment d’inachevé chez Netanyahu, à la fois fort du soutien inconditionnel de Trump et désarçonné par le mandat d’arrêt justement émis contre lui par la Cour pénale internationale. Les parties respecteront-elles cet accord ? Coopéreront-elles avec le comité chargé de veiller à sa bonne application ? L’armée aura-t-elle les coudées franches ? Le Hezbollah acceptera-t-il de se désarmer et de donner la priorité à l’action politique ? Assistera-t-on enfin à l’élection d’un président en janvier prochain ? Les pays arabes sont-ils prêts à nous soutenir ? Quel impact auront sur nous les troubles récents en Syrie ? Autant de questions sans réponse. Le Liban est décidément une équation à mille inconnues.

On dit que les ancêtres des drones sont les savates que les mères colériques expédiaient en direction de leurs rejetons insolents. Aujourd’hui, nous devons subir une « mère » d’un autre type : « Emm Kamel », surnom surréaliste donné à ces objets volants par référence au Mk (abréviation de Heron Mark II), utilisé par Tsahal pour quadriller le pays et surveiller nos...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut