Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a limogé mardi son ministre de la Défense Yoav Gallant, après des divergences sur la conduite de la guerre à Gaza, et l’a remplacé par l’actuel chef de la diplomatie, Israël Katz. Cette annonce surprise intervient dans l’attente du résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis, le principal allié d’Israël.
« En pleine guerre, la confiance est plus que jamais requise entre le Premier ministre et son ministre de la Défense », mais « ces derniers mois, cette confiance s’est érodée », a affirmé M. Netanyahu dans une lettre adressée à M. Gallant, alors qu’Israël bataille sur deux fronts, contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban. M. Netanyahu a ajouté avoir « choisi de nommer le ministre Israël Katz » pour remplacer M. Gallant, un général en retraite devenu l’une des principales figures du gouvernement. Il s’était imposé en Israël comme une figure de proue de la guerre qu’Israël mène depuis septembre contre le Hezbollah au Liban voisin.
Mais M. Gallant plaidait aussi pour une trêve avec le Hamas à Gaza en vue d’obtenir la libération des otages enlevés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, alors que l’objectif martelé par M. Netanyahu est un anéantissement du mouvement islamiste palestinien. Depuis une seule et unique trêve en novembre 2023, tous les efforts diplomatiques en vue d’un cessez-le-feu dans le territoire palestinien de Gaza se sont avérés infructueux.
« La mission de ma vie »
« La sécurité d’Israël a été et restera la mission de ma vie », a répondu M. Gallant sur le réseau X. Depuis le 7 octobre, Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien à Gaza, et depuis septembre également contre le Hezbollah au Liban. Il a en outre répondu à des tirs de missiles contre son territoire menés par l’Iran, qui soutient ces deux mouvements islamistes.
M. Gallant avait réitéré ces dernières semaines son objectif de repousser les combattants du Hezbollah de la frontière nord d’Israël, afin de sécuriser la zone pour permettre aux déplacés de rentrer chez eux. Environ 60 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays en raison des échanges de tirs transfrontaliers quasi quotidiens depuis que le Hezbollah a ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023 en soutien au Hamas, avant que la situation ne dégénère en guerre ouverte. « L’action militaire est le seul moyen de garantir le retour des communautés du nord d’Israël dans leurs foyers », avait dit M. Gallant le 16 septembre à l’émissaire américain Amos Hochstein, en visite en Israël.
Un « acte de folie » selon Lapid
Selon Calev Ben-Dor, ancien analyste au ministère israélien des Affaires étrangères, M. Gallant s’était imposé comme une figure « responsable », « perçu comme se concentrant sur la victoire et sur l’intérêt national (...) plutôt que sur de la politique de bas étage ». Un profil le rendant plus « rassembleur » que Benjamin Netanyahu, selon Michaël Horowitz, expert en géopolitique pour le cabinet de conseil en sécurité Le Beck, basé au Moyen-Orient.
Même s’il a rejoint en 2019 le même parti, Likoud, que le Premier ministre, M. Gallant était entré en politique dans un parti de centre-droit (Koulanou), et les deux hommes ont souvent été en désaccord. M. Gallant avait commandé l’opération « Plomb durci » dans la bande de Gaza fin 2008, début 2009, fatale à 1 440 Palestiniens et 13 Israéliens.La décision de Benjamin Netanyahu de remplacer le ministre de la Défense en pleine guerre « est un acte de folie », a tweeté pour sa part le chef de l’opposition Yair Lapid, appelant les Israéliens à protester contre le remaniement ministériel de haut niveau. « Netanyahu est en train de brader la sécurité d’Israël et les combattants de l’armée israélienne pour sa propre survie politique honteuse. Le gouvernement d’extrême droite préfère les réfractaires à ceux qui servent », accuse Lapid.
L'inquiétude des familles d'otages
Des centaines de manifestants se sont rassemblés mardi soir à Tel-Aviv pour dénoncer le limogeage de M. Gallant. Les manifestants, munis de drapeaux israéliens et de tambours, ont bloqué la grande avenue de Tel-Aviv et allumé des feux sur les voies à l’annonce du limogeage du ministre de la Défense, pour exiger que le gouvernement israélien trouve un accord avec le Hamas pour libérer les otages encore retenus dans la bande de Gaza. Les familles des otages ont exprimé leur « profonde inquiétude » après le limogeage de Yoav Gallant, appelant son successeur à « donner la priorité » à un accord de libération de leurs proches.Enfin, selon le site d’information Axios, la Maison-Blanche s’est déclarée surprise par la décision de M. Netanyahu, affirmant que M. Gallant était un partenaire important pour les États-Unis, mais qu’elle poursuivrait la coopération avec le nouveau ministre de la Défense.
Du jamais vu (hormis en Russie) limoger un responsable militaire (ou un ministre responsable des affaires militaires) en pleine guerre.Au liban,sans guerre officielle,nous avions eu des réserves quant au changement de commandant en chef de l'armée lorsqu'il avait atteint l'âge de la retraite.Il a fallu lui prolonger son mandat pour cause" de stabilité interne.Pour une fois,nos responsables ont été responsables vis à vis de leur pays beaucoup plus que ne l'est Natanyahu vis à vis de son pays.Les israéliens ne sont pas gâtés avec leurs leaders actuels.il est loin le temps de Dayan/Golda Meir
11 h 36, le 06 novembre 2024