La fondation libanaise Maharat, qui reçoit des financements de plusieurs ONG et agences gouvernementales internationales, a annoncé la publication de deux nouveaux rapports vendredi, à la veille de la Journée mondiale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Les rapports, disponibles en ligne en arabe et en français, mettent « en lumière le paysage médiatique et les défis auxquels sont confrontés les journalistes libanais dans le contexte de la guerre », indique un communiqué.
Le Hezbollah et l’armée israélienne s’affrontaient depuis le 8 octobre 2023 dans un conflit limité qui a dégénéré en guerre totale depuis l’été dernier. Durant cette période, au moins douze journalistes ont été tués au Liban, sans compter les blessés et les bombardements israéliens qui ont ciblé des bâtiments, des véhicules et des équipements appartenant à des médias.
« Obligés de poursuivre leur travail »
Le premier rapport est intitulé « Une guerre sans lignes rouges : Menaces et risques pour les journalistes au Liban ». Selon Roula Mikhael, fondatrice et directrice exécutive de Maharat, il donne un aperçu du quotidien de certains journalistes qui « travaillent depuis leur voiture » et d’autres qui ont été déplacés et « vivent dans des endroits surpeuplés avec de nombreux membres de leurs familles », sans parler des dangers pour leur intégrité physique.
Le rapport aborde également la question des menaces et du harcèlement des journalistes sur leur lieu de travail. Au début du mois, deux journalistes de la chaîne de télévision belge VTM ont été agressés et blessés par des personnes qui les ont pris à partie alors qu'ils couvraient une frappe aérienne sur le centre de la capitale libanaise.
« Les journalistes nous ont dit que la guerre les obligeait à poursuivre leur travail, quelle que soit leur situation personnelle. Nous avons été frappés par le nombre de journalistes qui nous ont dit que leur état psychologique n’était pas bon. À ce jour, nous avons pu aider 21 journalistes à couvrir le fardeau du déplacement en termes de logement alternatif ou d’équipement nécessaire au travail », a-t-elle raconté. Cité dans le premier rapport, le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari, a assuré que le gouvernement avait facilité les importations d’équipements de protection utilisés par les journalistes, annonçant « deux cargaisons attendues dans les jours à venir ».
Le deuxième rapport s’intitule « Les défis de la couverture médiatique de la guerre d’Israël au Liban » et se focalise davantage sur « la dynamique de la guerre médiatique qui se déroule au Liban autour de l’offensive militaire israélienne contre le Hezbollah », comme l’explique Maharat dans sa présentation. « Chaque partie au conflit utilise les médias comme outil de guerre psychologique, un phénomène observé dans les conflits du monde entier, où chaque partie cherche à contrôler la propagande et à imposer son discours pour influencer l’opinion publique », expliquent les auteurs du rapport.
Depuis le début de la guerre, 2.867 personnes ont été tuées et 13.047 autres blessées, selon le dernier bilan officiel du ministère libanais de la Santé.