
Le président français Emmanuel Macron (R) regarde à côté du Premier ministre libanais Najib Mikati lors d'une conférence de presse internationale de soutien au Liban, à Paris le 24 octobre 2024. Photo Alain JOCARD/POOL/AFP
La Conférence de Paris, organisée par la France pour venir en aide au Liban, en proie à une escalade israélienne sans précédent depuis un mois, avait pour objectif de réunir quelque 500 millions d'euros pour soutenir les personnes déplacées par le conflit.
Sur le plan arithmétique, l’objectif a été dépassé. Dans son discours de clôture présentant les résultats de l’événement, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a indiqué qu'il avait permis de récolter plus de 800 millions de dollars d'aide humanitaire et 200 millions d'aide pour l'armée libanaise. L’enveloppe totale atteint donc plus d’un milliard de dollars, dont une partie est constituée d’aide en nature.
« Ce qu’il faut, c’est tout simplement abriter les familles, nourrir les enfants, soigner les blessés, continuer à assurer la scolarisation des élèves. Il faut trouver des solutions d’autant plus vite qu’il s’agit à tout prix d’éviter que le déplacement des gens du Sud vers Beyrouth et d’autres régions du Liban ne crée de nouvelles divisions parmi les Libanais », avait déclaré le président français Emmanuel Macron en ouverture de la conférence. La guerre entre Israël et le Hezbollah, qui dure depuis le 8 octobre 2023, « doit cesser au plus vite », a encore lancé le chef de l’État français.
Principaux donateurs
Les quelques détails connus des engagements ont été communiqués en partie par Jean-Noël Barrot, lors d’un point presse, puis par un communiqué publié par le quai d’Orsay.
Ainsi, près de 300 millions de dollars ont été fournis par les États-Unis. La France va elle débloquer 100 millions d'euros et déployer 100 tonnes de fret humanitaire. L'Allemagne a pour sa part promis une aide additionnelle de 96 millions d'euros pour aider le Liban, selon la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Jean-Noël Barrot a également salué « l’engagement financier » du Qatar, sans pour autant préciser le montant débloqué. L’émirat gazier a déjà délivré 150 tonnes d’aide au pays, comme l’a rappelé son ministre d'État aux Affaires étrangères, Mohammad ben Abdel Aziz al-Khulaifi, pendant la conférence. Le Royaume-Uni a, pour sa part, annoncé une promesse de don de 15 millions de livres sterling (environ 19,4 millions de dollars) en soutien au Liban et plus particulièrement à l’armée libanaise.
Dans son discours, Jean-Noël Barrot a déclaré que le déblocage de cette aide est d’autant plus nécessaire face aux « craintes que le Liban ne se relève pas » suite aux « risques de désagrégation » du pays, « déjà mis à mal par les crises précédentes ». « Nous avons des partenariats de confiance sur place, afin de nous assurer que les fonds tombent entre de bonnes mains. L’aide internationale arrive par différents canaux, notamment via des organisations onusiennes et des ONG qui ont leur propre mode opératoire au Liban et qui font preuve d’une grande transparence », a assuré le ministre français.
Appels au cessez-le-feu
Plus de 2 500 Libanais sont morts jusqu’à présent dans des bombardements israéliens qui ont touché plusieurs régions du pays, en particulier le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, trois zones où la population est majoritairement chiite. « La communauté chiite est la plus mise à mal par la guerre », a souligné Jean-Noël Barrot dans son discours de clôture, rappelant que le Liban tirait sa « force » de son « pluralisme ». La Force intérimaire des Nations unies (Finul), ainsi que l’armée libanaise, bien que pas impliquées directement dans le conflit entre Israël et le Hezbollah, ont été ciblées dernièrement par l’armée israélienne à plusieurs reprises, faisant des blessés et même des morts dans les rangs de l’armée libanaise notamment.
Autant de conséquences qui ont poussé les participants à la conférence de Paris à insister sur la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu. « Plus il y aura de dégâts, de victimes et de frappes, moins il y aura de possibilité d’en finir avec le terrorisme et assurer la sécurité de tous », a constaté Emmanuel Macron dans son discours. « Je regrette amèrement que l’Iran ait engagé le Hezbollah contre Israël alors que l'intérêt supérieur du Liban commandait qu’il se tienne à l'écart de la guerre à Gaza, et je regrette qu'Israël poursuive ses opérations militaires au Liban et que le nombre de victimes civiles continue d'augmenter », a encore déclaré Emmanuel Macron. Il a également affirmé « regretter aussi que l’appel que le président américain Joe Biden et (lui-même) ont lancé le 25 septembre dernier pour obtenir une pause de 21 jours n'ait toujours pas été entendu ».
« Nous ne pouvons pas nous contenter d’une réponse humanitaire et sécuritaire », a fait de son côté écho Jean-Noël Barrot, indiquant qu’il était « nécessaire » de poursuivre les « efforts diplomatiques » pour résoudre le conflit. « La force seule ne leur garantira pas une sécurité durable », a-t-il encore lancé.
Dans son discours, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a souligné lui aussi la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat, de l'application complète de la 1701 - qui a mis fin à la guerre de 2006 opposant déjà le Hezbollah à Israël - et du déploiement de l’armée libanaise aux frontières, ainsi que d’une reprise des pourparlers autour des points litigieux sur la Ligne bleue. Pour lui, « le recrutement de soldats supplémentaires dans l'armée libanaise montre notre engagement à l'application de la (résolution) 1701 ».
Durant la session d'inauguration de la Conférence de Paris, le chef de l'ONU Antonio Guterres s'est pour sa part dit « inquiet pour la sécurité des civils des deux côtés de la Ligne bleue ». « Mais il faut reconnaître que le conflit a récemment pris une toute autre nature et dimension, et chaque jour qui passe ne fait qu'aggraver la misère et la souffrance du peuple libanais », a-t-il ajouté. « Un cessez-le-feu immédiat est nécessaire, accompagné de mesures significatives vers la pleine mise en œuvre des résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité », a-t-il ajouté. Antonio Guterres a aussi considéré que « la menace croissante d'une conflagration majeure entre Israël et l'Iran » risquait de « bouleverser toute la région ».
Soutien à l’armée
Il a aussi critiqué les récentes attaques israéliennes contre les positions de la Finul. « Soyons clairs, les attaques contre les casques bleus de l'ONU sont totalement inacceptables et sont contraires au droit international, contraires au droit international humanitaire et peuvent constituer un crime de guerre », a-t-il martelé. « Nous savons qui attaque la Finul. J'ai regardé des vidéos où il est clair que (l'armée israélienne) attaque la Finul, et c'est totalement inacceptable », a déclaré de son côté le Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borell, selon des propos aux journalistes rapportés par Al-Jazeera. Il s’est également prononcé pour le renforcement de l'armée libanaise et de la Finul.
Bien qu’elle ne représente pas la plus grosse part de l’enveloppe, la portion de l'aide consacrée à l’armée libanaise constitue un point central de l’initiative portée par la conférence de Paris. Dans son discours, Emmanuel Macron avait indiqué que l’événement devait contribuer à financer « le recrutement de 6 000 militaires supplémentaires de l'armée libanaise » afin de permettre le déploiement de 8 000 soldats aux frontières. « L'armée libanaise a une mission plus importante aujourd'hui que lors de n'importe quelle autre époque passée. » « Les forces de l’armée libanaise doivent retrouver le monopole de la force légitime », a enfin insisté le Jean-Noël Barrot.
Il y en a au-moins deux qui doivent se frotter les mains. Avec M(i)cron aux commandes, Berri et son complice Mikou se rengorgent. Enfin, de la fresh....
22 h 55, le 24 octobre 2024