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Culture - L’Art en villégiature

À Macam, une visite entre « Sérénité synthétique » et « Murmures textiles »

L’été tire à sa fin. La montagne est belle. Autant en profiter pour s’y promener et découvrir des lieux d’art inattendus, comme ce musée d’art moderne et contemporain perché sur une colline, à Alita, dans la région de Jbeil*.

À Macam, une visite entre « Sérénité synthétique » et « Murmures textiles »

L'anneau de Constance Boulay. verre, velours de panne, laine de mouton 80 x 170 x 90 cm. Photo Jalal Nasreddine

En 2013, César Nammour réaménage deux anciennes usines désaffectées à Alita – l’une de crayons, l’autre de sacs en papier kraft – en centre d’art contemporain où, parallèlement à l’hébergement des pièces de sa vaste collection de sculptures, il entreprend de programmer des ateliers de création, des conférences et des expositions temporaires. Le projet semble audacieux, du fait notamment de son éloignement de la capitale qui concentre, habituellement, tous les événements artistiques.

Cependant, mû par son inaltérable passion pour l’art libanais, l’historien d’art, auteur et éditeur de nombreux ouvrages consacrés aux artistes du pays du Cèdre, réussira à faire de ces anciennes usines lovées en pleine nature, à 37 km de Beyrouth, un véritable Musée d’art contemporain et moderne (Macam) où se déploient un florilège d’œuvres sculpturales et picturales, souvent de grande envergure, raconteuses de l’évolution de la production artistique libanaise depuis 1959 à nos jours.


Macam, un ancien hangar industriel en pleine nature transformé en musée d'art. Photo DR

Un espace muséal où plus de 400 pièces d’une soixantaine d’artistes offrent un panorama sélectif de l’art sculptural libanais depuis Youssef Howayek, Salwa Raouda Choucair et les Basbous jusqu’à la génération des Rudy Rahmé, Nada Sehnaoui, Samar Mogarbel, Ziad Abillama et Charles Khoury, en passant par Zaven, Amine el-Bacha ou encore Naïm Doumit, pour n’en citer que quelques-uns.

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Aujourd’hui dirigé par sa fille Diala Nammour, Macam s’est imposé dans le paysage artistique libanais comme un vecteur de décentralisation de l’art libanais doublé d’un espace d’échanges, d’initiations et de résidences d’artistes libanais et étrangers.

Un humanoïdo-batracien...

Cet été, c’est à Constance Boulay, une plasticienne française que Macam a offert une plateforme d’exposition de ses sculptures en… textile.

Née en 1987, Constance Boulay vit et travaille à Saint-Nazaire, en France. Sa pratique mêle photographie, collage, sculpture textile et installation.


Chant des étoffes. égouts en béton, foulards, couture, laine de mouton. 210 x 175 x 130 ; 2024. Photo Jalal Nasreddine

Invitée en résidence, elle est arrivée au Liban il y a quelques mois « la valise vide, prête à rencontrer et découvrir ».

À partir d'une démarche faite d’interactions humaines et de récupérations d’étoffes anciennes ainsi que de matériaux usagés et abandonnés, elle va façonner, in situ, une série de figures anthropomorphiques, porteuses d’histoires diverses, qui parlent à l’imaginaire. Cinq pièces singulières et puissantes, à l’instar de cette silhouette mi-humaine mi-batracienne qui semble se débattre pour sortir d’un anneau en verre l’enserrant (et que l’on pourrait facilement imaginer comme étant une variante de la fameuse fable de la grenouille ébouillantée appliquée à la situation du peuple libanais) ou de cette colonne de pierre ornée d’une tresse en tissu se terminant par des mains… Des créatures hybrides qui empruntent aux influences de Germaine Richier, Louise Bourgeois et Annette Messager…Et un univers mystérieux, symbolique, onirique qui, comme l’évoque l’intitulé de cette série d’œuvres « Whispered Fabric » (Murmures textiles), semble murmurer à l’oreille du visiteur des contes contemporains fantastiques de contre-archétypes, d’humanité et de réparation.

... Et une nature générée artificiellement

Parallèlement à l’artiste française, Macam a également donné carte blanche à Elio Chaghoury, un jeune artiste multidisciplinaire libanais de 29 ans qui expérimente le son, la musique, l'installation et la peinture.


Une installtion signée Elio Chaghouri. Photo Jalal Nasreddine

L’installation « Synthetic Serenity » (Sérénité synthétique), qu’il a réalisée, lui aussi, à partir de matériaux recyclés, exprime sa vision d’un monde contemporain de plus en plus urbanisé et digitalisé.

À travers des formes imitant les pierres et les structures rocheuses naturelles, paradoxalement générées par l'intelligence artificielle, il crée des écosystèmes synthétiques et des sculptures qui incarnent l’omnipotence du numérique dans notre environnement. Lequel arrive même à suppléer à notre besoin intrinsèque d’évasion au sein de la nature. C’est du moins le message qui se dégage du travail de cet artiste résolument tourné vers le futur. Et qui explique, dans sa note d’intention, son besoin de « redéfinir l’art en mélangeant l’organique et le numérique. Ces composants artificiels, des plantes et arbres synthétiques aux paysages générés numériquement, font progresser notre compréhension des écosystèmes, favorisent la diversité et apportent du confort dans les sociétés urbanisées ». Un point de vue artistique propice au débat. D’autant plus qu’il s’exprime entre les murs d’un musée d’art moderne et contemporain localisé en plein environnement (véritablement) naturel.

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« Whispered Fabric » de Constance Boulay et «  Synthetic Serenity » d'Elio Chaghoury, deux visions artistiques réunies sous le même toit au musée Macam, et qui, avec la découverte de la collection permanente, méritent le déplacement.

*Macam, Alita, à 7,5 km de la sortie vers Kartaba, à Nahr Ibrahim. Jusqu’au 20 octobre. Horaires d’ouverture du mercredi au dimanche, de 10h à 16h.

En 2013, César Nammour réaménage deux anciennes usines désaffectées à Alita – l’une de crayons, l’autre de sacs en papier kraft – en centre d’art contemporain où, parallèlement à l’hébergement des pièces de sa vaste collection de sculptures, il entreprend de programmer des ateliers de création, des conférences et des expositions temporaires. Le projet semble audacieux, du...
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