Des milliers d'Indiens ont défilé dans les rues de Calcutta vendredi pour réclamer justice après le viol et le meurtre d'une médecin de leur ville, exprimant ainsi l'indignation dans leur pays face au problème chronique de la violence à l'égard des femmes.
La colère de la population locale s'est mêlée à celle des soignants qui ont intensifié leurs manifestations à travers l'Inde, des cortèges ayant été aussi organisés vendredi dans la capitale New Delhi et à Nagpur, dans l'État du Maharashtra (centre).
À Calcutta, dans l'est, des centaines de médecins et autres professionnels de santé se sont rassemblés, au lendemain d'une manifestation massive, essentiellement de femmes qui dénonçaient ce crime.
Cela fait une semaine que le corps ensanglanté et meurtri de leur collègue de 31 ans a été retrouvé dans l'hôpital public où elle exerçait.
« Nous voulons la justice », ont scandé les manifestants, brandissant des pancartes manuscrites sur lesquelles on pouvait lire : « Pas de sécurité, pas de soins ! »
Sumita Datta, 59 ans, a partagé son dégoût qu'une telle agression ait pu être perpétrée « dans un hôpital connu au cœur de la ville ». Balayant la foule du regard, elle a ajouté : « Tant de gens sont venus (...). On a l'impression que l'espoir renaît ».
Depuis lundi, les médecins des hôpitaux publics de différents Etats indiens ont interrompu les soins non urgents pour une durée « indéterminée », réclamant davantage de sécurité sur leur lieu de travail.
« Nous intensifions nos actions de protestation (...) afin de demander justice pour notre collègue », a expliqué Suvrankar Datta, un clinicien et chercheur en radiologie à l'hôpital public All India Institutes of Medical Sciences (AIIMS) de New Delhi.
De nombreux syndicats médicaux, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, ont soutenu ces débrayages.
« La grève se poursuivra jusqu'à ce que toutes les demandes soient officiellement satisfaites », a averti jeudi Dhruv Chauhan, du réseau des jeunes médecins de l'Association médicale indienne, auprès de l'agence Press Trust of India.
« Comportements monstrueux »
L'Association médicale indienne a notamment appelé à un « retrait national des services » pendant 24 heures à partir de samedi, avec la suspension de toutes les procédures non essentielles dans les hôpitaux privés.
La Haute Cour de Calcutta a transféré l'affaire mardi au Bureau central d'enquête (CBI), une agence fédérale, afin d' »inspirer confiance au public ».
Selon des médias indiens, la jeune femme a été retrouvée morte dans la salle de séminaire de cet hôpital universitaire, laissant penser qu'elle était allée s'y reposer.
Dans une requête adressée au tribunal, les parents de la victime ont déclaré soupçonner que leur fille avait subi un viol collectif.
La police a arrêté un homme qui travaillait à l'hôpital, chargé d'aider les gens à se frayer un chemin dans les files d'attente. Vendredi, il a été emmené sous haute protection pour passer un bilan de santé.
Les violences sexuelles à l'encontre des femmes sont très répandues en Inde, avec en moyenne près de 90 viols par jour signalés en 2022 dans ce pays d'1,4 milliard d'habitants.
Le viol et le meurtre d'une jeune femme dans un autobus de New Delhi en 2012 avaient déclenché d'immenses manifestations, parfois violentes.
Sous la pression de l'opinion publique, le gouvernement avait promulgué des peines plus dures pour les violeurs et même la peine de mort pour les récidivistes.
Plusieurs nouveaux délits sexuels ont également été introduits, en particulier le harcèlement, et des peines de prison pour les fonctionnaires qui n'enregistrent pas les plaintes pour viol.
Le Premier ministre Narendra Modi a demandé jeudi à ce que « les comportements monstrueux à l'encontre des femmes » soient « sévèrement et rapidement punis ».
Les soignants indiens demandent également la mise en œuvre du Central Protection Act, un projet de loi visant à protéger les professionnels de la santé des violences.
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