Alors que le reste du Liban marquait le quatrième anniversaire de la double explosion au port de Beyrouth, le Sud n'a pas connu de répit, sous le coup de frappes israéliennes qui ont fait au moins un mort et d'importants dégâts dans des infrastructures hydrauliques.
À Houla, un raid israélien sur une maison a tué au moins une personne, selon le ministère libanais de la Santé. Sans identifier la victime, le ministère a évoqué la possibilité que le bilan augmente, les secouristes étant encore en train de déblayer le site. Au moment de la frappe sur Houla, l'aviation israélienne a également pris pour cible Aïta el-Chaab. Plus tôt, des tirs d'artillerie avaient visé la périphérie de Ramiyé et Beit Lif.
Un drone de l'État hébreu a par ailleurs fait d'importants dégâts en visant les installations hydrauliques de Taybé, situées dans un triangle entre les localités de Taybé, Rab el-Talatine et Adaïssé. Des camions de pompiers ont été déployés sur les lieux, d'où s'élevaient une épaisse fumée noire, après qu'un incendie s'est déclaré dans le transformateur électrique de cette infrastructure, suite à un court-circuit provoqué par la frappe. En soirée, le ministère libanais de l'Energie, dont dépend cette installation, a dénoncé cette nouvelle attaque « contre les infrastructures vitales » du Liban. Il s'est engagé à faire le nécessaire pour réparer les dégâts, et appelé les autorités internationales à « dénoncer ces actions ».
Usine endommagée à Kiryat Chmona
Dans la matinée, le ministère de la Santé et une source médicale contactée par notre correspondant Mountasser Abdallah avaient en outre indiqué qu'un sexagénaire avait succombé à ses blessures après la frappe de la veille sur Deir Seriane. Un adolescent était également décédé dans ce bombardement. La nuit avait, elle, été marquée par une série de frappes et tirs d'artillerie, notamment sur la périphérie de Mahmoudiyé, dans le caza de Jezzine, à une dizaine de kilomètres de la Ligne bleue.
En riposte aux frappes israéliennes, et notamment celle sur Deir Seriane, le Hezbollah avait annoncé dans la nuit de samedi à dimanche dans un communiqué avoir « ajouté la nouvelle colonie de Beit Hillel (dans le nord d'Israël, ndlr) à sa liste de cibles et l'avoir bombardée pour la première fois avec des dizaines de roquettes Katioucha ». C'est la première fois que cette localité du Nord israélien déserté de civils est visée, mais le parti chiite avait déjà frappé à plusieurs reprises une caserne des environs. À 8h du matin dimanche, le parti chiite a revendiqué une frappe contre « le matériel d'espionnage du site de Ramia », avant de frapper, avant 14h, « Birket Richa » et la position de « Menara ». Selon le Haaretz, l'un des projectiles lancé contre Menara a atterri dans la localité voisine de Kiryat Shmona, sans déclencher d'alarme. Kiryat Chmona est située à quelques kilomètres à peine de Menara. L'armée israélienne a indiqué que la roquette avait provoqué un incendie et endommagé une usine, mais aucune victime n'a été signalée. Deux heures plus tard, le Hezbollah a également revendiqué une frappe d'artillerie contre « Malkiya ».
Autant de tirs lancés de part et d'autre de la Ligne bleue, alors que la région connait une escalade brutale, après l'élimination, à quelques heures d'intervalle, du commandant militaire du Hezbollah Fouad Chokor, dans la banlieue sud de Beyrouth, et du chef du Hamas Ismaïl Haniyé, à Téhéran. Après ces assassinats, l'axe dit de la résistance a promis de riposter avec force. C'est dans ce contexte que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré en soirée, au début de la réunion hebdomadaire de son cabinet à Jérusalem, qu'Israël « exigera un lourd tribut » pour tout acte d'agression à son encontre, a rapporté le Haaretz. « Israël est engagé dans une guerre sur plusieurs fronts contre l'axe du mal iranien », a-t-il ajouté. « Nous sommes prêts à faire face à n'importe quel scénario, tant sur le plan défensif qu'offensif », a lancé le Premier ministre. « Nous sommes déterminés à faire face à l'Iran et ses supplétifs, sur tous les fronts et dans toutes les arènes, proches ou lointaines », a encore déclaré M. Netayahu.
« Attaquer ou riposter »
« Nous sommes prêts à nous défendre, sur terre et sur mer et à agir rapidement pour attaquer ou riposter », a pour sa part affirmé le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
L'armée israélienne a, elle, indiqué en soirée qu'il n'y avait pas de changement dans la politique de défense intérieure « pour l'instant », observant toutefois que les systèmes de défense ne sont « pas hermétiques ». « C'est pourquoi chaque citoyen est tenu de connaître les instructions, où qu'il se trouve, et d'être vigilant ». Le ministre Benny Gantz a également appelé la population à « rester en état d'alerte ».
Les habitants de l'agglomération de Tel Aviv ont en outre signalé dimanche de fortes perturbations dans les applications de géolocalisation, une mesure de brouillage vraisemblablement prise par Israël qui se prépare à des frappes du Hezbollah et de l'Iran, rapporte le Haaretz.
Parallèlement à ces déclarations, de nouveaux pays ont appelé leurs ressortissants au Liban à quitter le pays, notamment la France et l'Arabie saoudite. La Grande-Bretagne a, de son côté, selon Reuters, annoncé le départ temporaire des familles des diplomates en poste à Beyrouth.