L'ancien président Michel Aoun a défendu la décision d'expulser le député Alain Aoun, son neveu, du Courant patriotique libre (CPL), parti qu'il a fondé, affirmant que « le renvoi était justifié en raison d'erreurs répétées et d'un refus de prendre en compte les remarques », dans une interview accordée à la chaîne OTV samedi soir.
M. Aoun a souligné que « les relations personnelles n'exonèrent pas de la responsabilité », soutenant que l'expulsion d'Alain Aoun était fondée sur « des questions internes importantes plutôt que sur des liens familiaux », et précisant que « le CPL reste attaché à ses principes fondateurs malgré le départ de certains membres ». Il a ajouté que « la discipline et l'adhésion aux politiques du parti sont essentielles, et toute personne, indépendamment de sa position ou de ses relations personnelles, doit être tenue pour responsable de ce qui mine les objectifs de la formation ».
Le CPL a annoncé, vendredi, le renvoi du député Aoun de ses rangs. Selon le parti, il « ne s'est pas présenté devant le Conseil des sages à plusieurs reprises et a insisté sur sa position ». Le communiqué annonçant sa radiation relève encore son absence aux réunions du Conseil politique et des infractions au règlement interne.
Estimant que ce départ ne met pas en danger la cohésion au sein du CPL, Michel Aoun a fait valoir que les divisions actuelles sont « normales ». « Sur un arbre, il y a toujours des branches faibles et d'autres fortes. Il faut laisser les plus fortes grandir et élaguer les autres (...) On ne peut pas prendre les avis de chacun, c'est au groupe dans son ensemble de parler et de réussir. Si cela ne plaît pas à quelqu'un, c'est son problème », a-t-il encore dit.
Le fossé entre le chef du CPL, Gebran Bassil, gendre de Michel Aoun, et Alain Aoun ne cessait de se creuser depuis 2015, quand le député de Baabda a dû s'effacer devant M. Bassil lors de la bataille pour la présidence du parti, sur les injonctions de Michel Aoun lui-même. Mais c’est surtout la présidentielle qui a fait éclater au grand jour les divergences entre les deux hommes, Alain Aoun ayant soutenu une candidature de son collègue du Metn Ibrahim Kanaan – qui fait lui aussi partie des frondeurs du CPL – en pleines tractations entre ce courant et l’opposition autour du nom de Jihad Azour, ancien ministre des Finances et actuel haut cadre du Fonds monétaire international.
Le parlementaire Elias Bou Saab, vice-président de la Chambre des députés, avait également été démis de ses fonctions le 6 mars dernier sur la base d'une recommandation émise par le même Conseil des sages le 26 juillet 2023.
Limoger quelqu’un d’un parti est une mesure qui se pratique sans état d’âme selon la bonne méthode stalinienne ou dans les meilleures démocraties. Seulement on est tenté que l’ordre bassilien finira un jour en désordre. Avec tant de limogeages (le plus étonnant est la mise sur pied de Mario Aoun avec tant de services rendus au parti, dont la percée électorale de la liste du Beik Joumblatt) on est tenté de croire que son chef finira seul sans grande envergure, et demandant le secours des Ouèètes, comme dans un passé pas lointain, pour se faire élire à Batroun.
14 h 49, le 05 août 2024