«Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude », affirmait Albert Camus. En assistant à la cérémonie organisée il y a quelques jours au Palais de l’Unesco pour honorer les jeunes lauréats d’un concours sur la lecture, organisé à l’initiative louable des Émirats arabes unis, j’ai été sidéré de voir cette cérémonie prétendument culturelle et pédagogique, organisée par le ministère de l’Éducation nationale en partenariat avec le ministère de la Culture, se transformer en une manifestation de propagande, et honorer un chanteur ( !) au lieu de donner la parole aux nombreux écrivains présents dans la salle, bien plus concernés que lui par le sujet de la lecture. N’est-ce pas là le signe d’une décadence culturelle au Liban, dominée par le populisme et par une idéologie hégémonique ? Et pourquoi, dans un pays qui se veut pluriel, avoir exclu des centaines d’écoles publiques ou privées pourtant concernées par ce concours ? Le ministre Abbas Halabi, connu pour ses écrits sur le dialogue islamo-chrétien, a lui-même constaté cette dérive qu’il ne saurait tolérer. Espérons que le ministère rectifiera le tir pour ne pas laisser la politique contaminer l’éducation et pour préserver la nécessaire diversité sans laquelle le Liban perdrait sa raison d’être.
Édito édito
Dégradation
OLJ / Par Alexandre NAJJAR, le 01 août 2024 à 00h00