Le siège social de la chaine qatarie Al-Jazeera à Doha au Qatar. Photo d'archives AFP
Le gouvernement israélien a annoncé dimanche avoir prolongé l'interdiction de la chaîne qatarie Al Jazeera pour 45 jours supplémentaires, et ce pour la troisième fois depuis la promulgation de la loi dite "Al Jazeera" le 5 mai dernier. Un texte adopté sous l'impulsion du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de son ministre des Communications Shlomo Karhi, accusant la chaîne de soutien au Hamas.
En pleine guerre de Gaza, le Parlement israélien avait voté cette loi qui visait précisément la chaîne qatarie, permettant au gouvernement israélien de censurer et fermer les bureaux d'un média étranger qu'il considère comme "une menace à la sécurité" de l'Etat hébreu. Cette fermeture avait pour durée initiale 45 jours et pouvait être renouvelée après le contrôle d'un juge avant l'expiration de cette durée.
Cela s'était produit le 9 juin dernier suite à la saisine de la Cour suprême par l'Association pour les droits civiques en Israël contestant la fermeture de la chaîne. L'affaire avait ainsi été renvoyée devant le Tribunal de district de Tel-Aviv qui, invoquant des vices de procédure, avait décidé de prolonger la fermeture pour 35 jours au lieu de 45.
Al Jazeera avait fermement critiqué la décision initiale en la qualifiant « d'acte criminel (...) entrepris dans la tromperie et la calomnie » . « La répression par Israël de la presse libre pour dissimuler ses crimes en tuant et en arrêtant des journalistes ne nous a pas dissuadés d’accomplir notre devoir », avait ajouté la chaîne dans un communiqué, en affirmant qu'elle maintiendrait son activité.
Outre la couverture médiatique de la guerre de Gaza, Al Jazeera documente aussi les manifestations de l'opposition israélienne, poussant la chaîne encore plus dans le collimateur du Parlement israélien qui a approuvé, en lecture préliminaire avec une majorité de 59%, une proposition de loi visant à bannir définitivement la chaîne. Cette dernière n'a, jusque-là, pas réagi à ce vote.
L'armée israélienne a accusé à plusieurs reprises des journalistes de la chaîne qatarie d'être « des agents terroristes » affiliés au Hamas et à son allié le Jihad islamique. Al Jazeera a encore une fois nié ces accusations dans un communiqué publié dimanche en les qualifiant de « mensonges dangereux et ridicules » ; elle a également rapporté que « certains pays occidentaux, dont les Etats-Unis, ont exprimé leur inquiétude face à cette loi, la considérant comme une restriction et une atteinte à la liberté de la presse. »
Depuis le 7 octobre, le Comité pour la protection des journalistes compte au moins sept décès de journalistes étant affiliés à Al Jazeera ainsi qu'un disparu, s'ajoutant ainsi au décompte des journalistes tués par l'armée israélienne à Gaza qui a récemment dépassé la barre des 100. Al Jazeera avait également annoncé en février dernier que sur les 99 journalistes morts sur le terrain en 2023, 77 ont été tués à Gaza, soit près d'un journaliste sur trois.
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