
Le ministre israélien des Affaires de la diaspora Amichai Chikli et Marine Le Pen, chef de file du parti français d’extrême droite Rassemblement national. Photo tirée du compte X @arik3000
L’appel s’est achevé sur une réprimande. Le 2 juillet, le chef de l’État français Emmanuel Macron a exprimé sa colère au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’un entretien téléphonique, a révélé mardi le journaliste Barak Ravid sur X. Si la discussion tournait principalement autour de Gaza, des tensions à la frontière libano-israélienne et de l’Iran, le chef de l’État français aurait aussi dénoncé les propos tenus la veille par le ministre israélien des Affaires de la diaspora, Amichai Chikli, sur la radio publique israélienne Kan.
Le responsable avait déclaré que la possibilité que Marine Le Pen, vitrine du parti d’extrême droite français Rassemblement national (RN), devienne présidente en 2027 serait « excellente pour Israël ». Ces propos sont intervenus au lendemain du premier tour des élections législatives anticipées convoquées par le président français après la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, alors que la formation à la flamme était arrivée en tête du scrutin. Interrogé sur la position de son Premier ministre, Amichai Chikli a en outre affirmé que « Netanyahu et (lui) partage(nt) la même opinion ». Une affirmation que le responsable concerné n’a pas commentée publiquement.
Une « bombe diplomatique » entre Israël et la France
Deux sources ont confirmé à Barak Ravid qu’Emmanuel Macron avait qualifié les propos du ministre d’« inacceptables », s’apparentant à une ingérence étrangère. L’incident avait un potentiel de « bombe diplomatique », selon une source officielle citée sous couvert d’anonymat par le journaliste israélien. Conscient du faux pas, Benjamin Netanyahu aurait affirmé au président français avoir demandé à ses ministres de ne plus commenter les élections législatives françaises. Reste qu’Amichai Chikli a continué à s’exprimer sur le sujet et à soutenir Marine Le Pen.
Parmi les raisons mentionnées par le ministre pour justifier son appui au RN, le soutien de ce dernier à Israël contre le Hamas et ses critiques de la Cour pénale internationale, ainsi que son engagement contre l’antisémitisme. Ces dernières années, le parti d’extrême droite, cofondé en 1972 par des collaborationnistes et des membres de la Waffen-SS, a mis en place une stratégie de dédiabolisation qui semble avoir porté ses fruits. Amichai Chikli a ainsi salué la participation en novembre 2023 de Marine Le Pen à « la marche contre l’antisémitisme, à laquelle Emmanuel Macron a choisi de ne pas participer ».