Après la frappe israélienne qui a ciblé un petit immeuble de Nabatiyé au Liban-Sud, à une dizaine de kilomètres de la frontière, des habitants de la ville affirment à L'Orient-Le Jour être « choqués » et « effrayés », mais font part de leur détermination à « rester chez eux ».
Ce bombardement contre Nabatiyé, mené de manière inédite par un avion de chasse, a visé avec deux missiles un bâtiment de quelques étages, selon les témoignages de sources sécuritaires, d’habitants et de secouristes. Jusqu'ici, seules des frappes de drones avaient visé la ville ou ses environs.
Cette attaque, qui s'inscrit dans le cadre des échanges de tirs quotidiens qui vont crescendo entre le Hezbollah et l’armé israélienne, a fait neuf blessés, selon Hussein Fakih, chef du bureau régional de la Défense civile, contacté par L'Orient-Le Jour. Il n'était jusqu'à présent pas clair quelle était la cible de ce bombardement qui n'a pas été revendiquée par l'armée israélienne. Selon une source sécuritaire locale, il s'agissait d'un « bâtiment civil ».
Des dizaines d'habitations endommagées
« Les opérations de sauvetage sont maintenant terminées », explique M. Fakih, en précisant que les personnes hospitalisées souffrent de blessures « légères à modérées ». D'autres personnes souffraient d'asphyxie, après avoir inhalé de la fumée. Des évanouissements ont également été signalés, selon lui. Dans la nuit, des sources faisaient état de quatorze cas d'asphyxie. La Croix-Rouge libanaise s'est également mobilisée sur les lieux, aux côtés de la Défense civile, tout comme les scouts de la « Mission islamique », affiliés au mouvement Amal, et le Comité sanitaire islamique du Hezbollah. Le bâtiment, situé sur un axe routier du quartier Bayad, dans le nord-ouest de la ville, a été complètement détruit, explique Hussein Fakih. « Des dizaines d'habitations et de véhicules se trouvant à proximité ont été endommagés », ajoute-t-il.
Mi-février, sept civils membres d'une même famille avaient été tués dans une frappe de drone israélien qui a visé un immeuble de la ville, en représailles à un tir de roquette non revendiqué depuis le Liban sur une base militaire du nord d'Israël et qui avait tué une soldate israélienne.
« Je n'ai pas eu peur »
Contactée par notre publication, Iqbal Marwa, propriétaire d'un supermarché du quartier de Bayad, raconte que les balustrades des balcons et les portes de sa maison, située à quelques centaines de mètres du lieu de la frappe, ont tremblé lors de la déflagration. « J'étais sur ma terrasse en train de boire un café lorsque j'ai entendu le bruit du missile puis une énorme explosion. Des cris se sont élevés des maisons voisines », explique-t-elle. « Je ne m'attendais pas à ce que ma ville soit bombardée de cette manière. Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ce que ma maison se trouve dans une zone à risques, mais je n'ai pas peur », lance la quinquagénaire, assurant qu'elle a l'intention de « rester chez elle ». Elle raconte s'être rendue sur le site de la frappe ce matin et avoir été « choquée par l'ampleur des destructions ».
De son côté, Faten Sabah, qui se trouvait également à proximité de la cible, explique que lorsqu'elle a entendu le bruit des avions de chasse, elle « s'est réfugiée dans un coin d'une pièce de son logement et a demandé à (sa) fille de faire de même, craignant que les fenêtres ne se brisent » si les avions venaient à briser le mur du son. « Une énorme explosion a alors retenti, faisant trembler les murs et les portes », poursuit-elle. « Je ne quitterai pas ma maison à cause d'un raid, mes voisins non plus. C'est ce qu'ils m'ont dit ce matin », lance-t-elle avec défiance. « De toute façon, avec nos poches vides, où pourrions-nous aller ? »