A 18 jours des législatives anticipées, le président français Emmanuel Macron dévoile mercredi son plan de bataille afin de tenter d'arracher une "majorité claire" pour le reste du quinquennat et contrer l'extrême droite, aux portes du pouvoir.
Après avoir promis de revenir très vite devant les Français pour expliquer sa décision surprise de dissoudre l'Assemblée nationale - la chambre basse du Parlement - au soir d'élections européennes catastrophiques pour son camp, M. Macron donne une conférence de presse à 11H00 à Paris. "J'y vais pour gagner", a-t-il martelé dans un entretien au Figaro Magazine, excluant toute démission quelle que soit l'issue du scrutin. Selon son entourage, il devrait évoquer une "nouvelle majorité avec qui et pour quoi faire" et donnera "ses priorités qui auront vocation à être enrichies avec différentes sensibilités qui pourraient venir s'agréger au bloc central".
Emmanuel Macron espère rallier les personnalités de droite des Républicains (LR) qui rejettent toute union avec le parti d'extrême droite (Rassemblement national, RN), sorti grand vainqueur des européennes, de même que les sociaux-démocrates réfractaires à toute alliance avec les Insoumis (LFI, gauche radicale) de Jean-Luc Mélenchon.
Exclusion ?
A 18 jours du premier tour, le 30 juin, le ralliement du chef des Républicains Éric Ciotti au Rassemblement national et la décision des forces de gauche de s'unir au sein d'un front républicain a créé le psychodrame.
A LR, abasourdi, un bureau exécutif exceptionnel, suivi d'une conférence de presse est organisé à 15H00, juste après la prise de parole du président. Éric Ciotti, qui compte rester président du parti, devrait s'y présenter mais les autres dirigeants LR souhaitent tous son exclusion. "S'il le faut, nous le sortirons du bureau des héritiers du général de Gaulle", a prévenu mercredi le député LR Aurélien Pradié. Eric Ciotti "ne sera plus président des Républicains à 15H00 (...) il va être destitué", a asséné mercredi matin sur BFMTV la sénatrice LR de Paris Agnès Evren. En attendant, la question est posée de l'étiquette sous laquelle se présenteront dimanche les candidats de la droite républicaine qui refusent toute alliance avec le Rassemblement national. "C'est de la cuisine", a balayé le chef des députés LR Olivier Marleix mercredi.
Ravie de sa prise de guerre, la figure de proue du RN Marine Le Pen a salué "le choix courageux" et "le sens des responsabilités" du député des Alpes-Maritimes et espéré "qu'un nombre conséquent de cadres LR le suivent". Comme le président du RN Jordan Bardella, qui deviendra Premier ministre si son parti rafle la mise au soir du deuxième tour le 7 juillet, elle entend bien surfer sur la victoire historique dimanche avec 31,37% des voix pour réussir l'union des droites.
Retrait
Quelle part Emmanuel Macron prendra-t-il dans la campagne ? Quels pas est-il prêt à faire vers les LR et le centre-gauche ? Et si le RN arrivait à Matignon ? Autant de questions qui l'attendent mercredi matin.
En attendant, le Premier ministre Gabriel Attal, discret depuis l'annonce de la dissolution, a annoncé mardi soir sur TF1 qu'il allait "mener la campagne" du camp présidentiel. Plusieurs cadres de la majorité souhaitaient qu'il soit en pointe dans la campagne plutôt qu'Emmanuel Macron dont l'impopularité a déjà été lourdement sanctionnée aux Européennes. "A chaque fois qu'il a parlé, il a donné un point au Rassemblement national", a tancé Xavier Bertrand (LR), pour qui le chef de l'État devrait réfléchir "à se mettre en retrait", comme selon lui Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN) qui savent qu'ils "divisent".
L'ex-Premier ministre Édouard Philippe, président du parti Horizons, a aussi jugé "pas complètement sain" que le président s'implique trop, pointant au passage la "colère" suscitée dans l'opinion par la dissolution. D'autres ont au contraire justifié cette intervention du chef de l'État. "Qu'il s'implique dans la campagne paraît être une évidence", a estimé sur franceinfo la présidente sortante de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, "c'est lui qui va nous donner l'impulsion". "Les Français aussi attendent qu'il s'exprime", a abondé la ministre de l'Égalité Femme-Hommes Aurore Bergé sur TF1.
Côté alliance, il n'y en aura pas finalement entre l'autre parti d'extrême droite Reconquête d'Éric Zemmour et le RN, qui "refuse le principe même d'un accord" pour ne pas être "associé" à l'ancien éditorialiste d'extrême droite, a déploré Marion Maréchal, par ailleurs nièce de Marine Le Pen.
Les quatre principaux partis de gauche (LFI, PS, Ecologistes, PCF), ainsi que le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann et Générations, appellent eux à "des candidatures uniques dès le premier tour". Les contours d'un programme commun sont en cours d'élaboration. Mais le choix d'un chef de file reste en suspens. Le cas de M. Mélenchon, accusé notamment d'ambiguïtés sur la question de l'antisémitisme, crispe une partie de la gauche.
En attendant, le RN, poursuivant sur sa dynamique, engrange 35% d'intentions de vote au premier tour des législatives, selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio présenté mardi.
Environ 15.000 personnes ont manifesté mardi dans toute la France pour marquer leur opposition à l'extrême-droite selon la police.
A 18 jours des législatives anticipées, le président français Emmanuel Macron dévoile mercredi son plan de bataille afin de tenter d'arracher une "majorité claire" pour le reste du quinquennat et contrer l'extrême droite, aux portes du pouvoir. Après avoir promis de revenir très vite devant les Français pour expliquer sa décision surprise de dissoudre...
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