Alors que la tension monte au Liban-Sud, les Libanais se demandent si la guerre entre le Hezbollah et Israël est sur le point de s’élargir. Si, pour trouver des réponses, les déclarations des responsables des deux côtés sont examinées à la loupe, il faut se demander que fera l’Iran si les Israéliens décident de mener une attaque de grande envergure contre le Liban. L’attitude de Téhéran en cas d’élargissement de la guerre pose le problème de l’application réelle du principe de « l’unité des fronts » développé par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et lancé par la République islamique. Un des éléments qui ont pris de court les Israéliens et les Occidentaux depuis le déclenchement du Déluge d’al-Aqsa, c’est bien la participation de ce qu’on appelle des membres de l’axe à la guerre à Gaza, chacun selon ses moyens et son contexte propre. Mais cette participation n’a pas été déterminante jusqu’à présent aux yeux d’Israël. Il y a eu ainsi l’ouverture du front à partir du Liban par le Hezbollah dès le 8 octobre. Même s’il est critiqué par certaines parties libanaises, les proches du Hezbollah estiment que ce front a poussé la plupart des États concernés à envoyer des émissaires au Liban pour demander sa fermeture, moyennant des propositions supposées alléchantes mais aussi des menaces. Dans tous ses discours, Hassan Nasrallah ne cesse de rappeler que ce front est destiné à soutenir Gaza et qu’il ne sera fermé que lorsque la guerre y sera terminée. Il y a eu aussi les attaques des houthis du Yémen contre les navires se rendant dans les ports israéliens et les attaques de la « résistance » irakienne contre des cibles en Israël, et même les attaques de diverses organisations de la « résistance » à partir de la Syrie, sur le front du Golan. L’ouverture de ces fronts a donc certainement compliqué la guerre menée par les Israéliens à Gaza, sans pouvoir l’arrêter. C’est d’ailleurs cet enlisement dans un cercle vicieux d’une violence terrible depuis plus de huit mois qui pourrait pousser les Israéliens à se lancer dans une nouvelle aventure pour en sortir en... élargissant la guerre au Liban. Mais cette idée met directement en cause le rôle de l’Iran, car elle touche à un de ses principaux éléments de force dans la région. D’ailleurs, depuis le début de la guerre, les Israéliens ne cessent de provoquer la République islamique, à Damas notamment, pour tester sa réaction et voir dans quelles circonstances elle pourrait entrer directement dans la guerre.
Une question à Bagheri
Dans ce contexte, lors de sa visite au Liban, le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri, a été interrogé sur la réaction de l’Iran en cas d’élargissement de la guerre sur le front du Liban. Avec diplomatie, le ministre n’a pas vraiment répondu à la question, se contentant d’affirmer, tout en donnant des arguments sur ce sujet, que les Israéliens n’ont pas les moyens de mener une guerre de grande envergure, puisqu’ils sont déjà gravement embourbés à Gaza. Selon lui, ils ne parviennent pas à sortir de ce piège, alors qu’ils n’ont jusqu’à présent remporté aucune victoire, même partielle ou symbolique.Toutefois, ce que le ministre iranien n’a pas dit aux journalistes libanais qu’il a rencontrés, des rapports américains repris par des médias israéliens l’ont précisé. Il semble donc, selon ces rapports, dont le contenu a été confirmé par des sources proches de « l’axe », que si les Israéliens décident d’élargir la guerre au Liban, la confrontation deviendra généralisée. Ce serait en quelque sorte le signe du déclenchement d’une guerre régionale et des milliers de combattants de la « résistance » irakienne ou encore des houthis seraient mobilisés pour venir au Liban afin d’aider le Hezbollah. « Cela ne signifie pas que le Hezbollah manque d’effectifs, mais il s’agit plutôt de donner des indices sur la grande mobilisation de l’ensemble de l’axe de la résistance », dit la source précitée. De même, l’Iran, qui jusqu’à présent a répondu de façon étudiée aux provocations israéliennes de manière à ne pas déclencher une grande guerre, changerait à ce moment de stratégie pour se lancer dans une guerre généralisée, le Hezbollah étant en effet considéré comme le principal pilier de cet axe. De fait, l’Iran investit depuis des années dans le renforcement du Hezbollah, qu’il a contribué à créer. Au point que certaines sources affirment que cette formation serait directement liée à la Brigade al-Qods, créée par les gardiens de la révolution iraniens pour soutenir la cause palestinienne et qui était dirigée par le général assassiné Kassem Soleimani. Pour toutes ces raisons, les sources proches des gardiens de la révolution laissent entendre qu’en cas d’opération d’envergure israélienne contre le Liban, une guerre régionale serait déclenchée. Pour certains, ces menaces ne seraient qu’un moyen de pression sur les Israéliens pour les pousser à renoncer à toute velléité d’élargissement de la guerre. Mais il se pourrait bien que le Liban n’ait pas besoin de vérifier leur efficacité.
Sommet de Normandie : il faut « préserver la stabilité au Liban »
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a salué vendredi la mention sur la « stabilité au Liban » figurant dans le communiqué publié lors de la commémoration, le jeudi 6 juin 2024, du 80e anniversaire du débarquement des Alliés en Normandie, par les dirigeants de France, des États-Unis, de Grande-Bretagne et d’Allemagne. Le communiqué « insiste sur la nécessité de préserver la stabilité au Liban et de conjuguer les efforts en vue d’aider à faire baisser les tensions le long de la ligne bleue, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies ». Le Liban-Sud est le théâtre de combats entre le Hezbollah et Israël depuis le 8 octobre. Ces derniers jours, la hausse des tensions a fait craindre que la situation ne dégénère en guerre totale. Toutefois, M. Mikati a considéré que la position des Occidentaux « exprime un soutien au Liban allant dans le sens d’une désescalade », arguant que « les contacts diplomatiques ont déjà évité au Liban, à plusieurs reprises, le danger des plans israéliens sur une extension du conflit, non seulement au Liban mais dans toute la région ».Sur le terrain, la journée était inhabituellement calme vendredi. Au moment de passer sous presse, le Hezbollah n’avait revendiqué que deux attaques, dont un tir d’artillerie sur le site israélien de Kherbet Maër. De son côté, Israël a visé avec des tirs d’artillerie la périphérie de Naqoura.
Le 6/10 la région était paisible et en trêve. Ce qui se passe est la conséquence du 7/10 et du 8/10 tout simplement
22 h 23, le 10 juin 2024