"Il ne reste rien" : près de Zahlé, un camp de réfugiés syriens détruit par un incendie

Un important incendie a été éteint par la Défense civile lundi après avoir ravagé un camp de réfugiés syriens proche de Zahlé. La cause du sinistre n'est pas encore connue, a indiqué le responsable local de la Défense civile, Fayez el-Cheïyyé à L'Orient-Le Jour. L'incendie n'a pas fait de blessés, à l'exception de quelques personnes qui se sont évanouies. Selon notre correspondant dans la région, Raafat Abdallah, le feu s'est déclaré dans le camp dit « Hamed el-Hassan », près de la grande ville de la Békaa.

Sur place, notre journaliste Lyana Alameddine constate que le camp, qui fait 6.000 m2, est complètement incendié. Des réfugiés errent entre les débris et la fumée qui s'élève encore ici et là du sol, à la recherche de quelques affaires, mais en vain.

Une petite fille dans les décombres d'un camp de réfugiés syriens sinistré par un incendie, près de Zahlé, le 22 avril 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

« L'incendie était important et s'est rapidement étendu en raison de la température, du vent » de la présence dans les tentes de certains produits, comme de l'essence et du caoutchouc, et de la proximité entre chaque structure, a indiqué le responsable de la Défense civile. Pour le pompier, les causes du sinistre ne sont pas encore claires, mais une enquête sera lancée.

Affirmant que des cas d'évanouissement « liés au choc » de l'incendie ont été signalés, il a expliqué que le camp a été entièrement évacué et que les habitants sont pris en charge par des ONG et le Haut commissariat des réfugiés de l'ONU. Ces organisations effectuent également un recensement des réfugiés présents afin d'identifier si certains d'entre eux se trouvent encore à l'intérieur du camp.

Présente dans le camp ravagé, une personne travaillant pour le HCR affirme qu'en cas de sinistre dans ce genre de camps informels, l'organisation onusienne « coordonne avec les autorités compétentes, comme le mohafez, et d'autres partenaires, pour venir en aide » aux personnes sinistrées. Elle précise que le Haut commissariat va notamment trouver un abri « collectif » pour accueillir temporairement les victimes de l'incendie qui ne pourraient pas trouver refuge auprès de proches. « Nous ne savons pas s'ils pourront reconstruire pour le moment », ajoute cette source. 

Un faux contact ?

« Tout est parti en flammes », déclare un homme souhaitant rester anonyme, et qui estime que l'incendie a été provoqué par un « faux contact » électrique. « Nous ne savons pas où aller, nous n'avons plus de maison, ni ici ni en Syrie », affirme ce réfugié originaire de la région d'Alep, qui a six enfants de moins de quatorze ans. Selon Zahra, la coordinatrice du camp, 480 personnes vivaient dans les tentes. Elle explique avoir cherché des affaires dans les décombres « quoi que ce soit, de l'acier ou autre... mais il ne reste rien », et se dit prête à reconstruire sur place. Entre temps, elle ira passer la nuit avec ses enfants en bas âge « chez des proches ».

Un camp de réfugiés syriens sinistré par un incendie, près de Zahlé, le 22 avril 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Mohsen el-Zein, la personne chargée de l'exploitation du terrain, souhaite également que le camp soit reconstruit « le plus rapidement possible », ce qui semble lui avoir été confirmé par les forces de l'ordre. « On va voir comment on peut aider » les réfugiés, affirme cet homme, un agriculteur, qui souligne n'avoir « aucun problème » avec les résidents.

« Nous avons été humiliés, nous allons devoir dormir dans la rue », renchérit un trentenaire, qui raconte que son fils s'est brûlé le pied. Il dit craindre de ne pas pouvoir revenir s'installer dans ce camp, « tout le monde voulant que nous soyons évacués ». « Des Libanais sont venus nous prendre en photo et rigolaient lorsque l'incendie a débuté », ajoute-t-il. 

Dans un commerce proche des lieux, une Libanaise réfute toute possibilité que des Libanais aient allumé l'incendie, sur fond de tensions croissantes avec les réfugiés. « Nous ne faisons pas ce genre de choses, même si nous supportons beaucoup », a-t-elle indiqué. Elle espère toutefois que le camp ne sera pas reconstruit, estimant que les habitants du camp étaient « beaucoup trop nombreux ».