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Dernières Infos - Birmanie

Lourd revers de la junte avec la chute d'une ville clé à la frontière thaïlandaise


Un militaire thaïlandais patrouille près de la frontière avec la Birmanie, le 11 avril 2024. Photo AFP/MANAN VATSYAYANA

Les troupes de l'armée birmane se sont totalement retirées de Myawaddy, ville frontalière stratégique pour le commerce avec la Thaïlande, une nouvelle défaite importante pour les militaires déjà en difficulté depuis plusieurs mois dans le nord et l'ouest du pays.

Les journalistes de l'AFP présents au poste-frontière thaïlandais ont entendu un bruit sourd provenant du côté birman après le survol d'un avion jeudi matin, et avaient vu, mercredi soir, des centaines de Birmans faire la queue pour trouver refuge dans le royaume.

Jeudi après-midi, alors que l'afflux dans la ville thaïlandaise de Mae Sot avait diminué, certains comme Sadi, 26 ans, attendaient avec anxiété l'arrivée de membres de leurs familles. "Je tiens à peu près le coup", dit Sadi à l'AFP en consultant son téléphone pour avoir des nouvelles de sa fiancée restée en Birmanie.

La Thaïlande partage une frontière de 2.400 kilomètres de long avec la Birmanie, où un coup d'Etat militaire en 2021 contre le gouvernement démocratiquement élu d'Aung San Suu Kyi a rallumé le conflit entre la junte et ses opposants ethniques et politiques.

"Nous avons pris (le bataillon militaire de Birmanie) 275 à 22 heures hier soir", a déclaré jeudi à l'AFP Padoh Saw Taw Nee, porte-parole de la l'Union nationale Karen (KNU), ajoutant que quelque 200 soldats s'étaient retranchés sur un pont reliant Myawaddy à la ville frontalière thaïlandaise de Mae Sot. "Les combats ont cessé depuis environ 20 heures hier soir", a déclaré jeudi à l'AFP un habitant de Myawaddy.

Un responsable thaïlandais des services d'immigration a affirmé à l'AFP que la ville était "tombée" dans la nuit de mercredi à jeudi, en requérant l'anonymat car il n'était pas autorisé à parler aux médias. L'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la KNU, les journalistes n'ayant pas accès à Myawaddy.

Il est "encore trop tôt pour évaluer qui contrôle réellement Myawaddy et ce qui constitue un contrôle, par opposition à une présence", a déclaré à l'AFP David Mathieson, expert indépendant sur la Birmanie. "La poussière pourrait ne pas retomber avant plusieurs jours", a-t-il ajouté.

"La KNU n'est pas encore entrée dans la ville, bien que nous ayons vu sur Facebook qu'elle avait obtenu le commandement militaire local 275. Nous nous cachons toujours chez nous", a déclaré l'habitant, en requérant l'anonymat pour des raisons de sécurité. Au "pont de l'amitié n°2", qui enjambe la rivière qui sert de frontière, les camions qui transportent normalement des médicaments, des biens de consommation et des matériaux de construction vers la Birmanie étaient à l'arrêt, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La Thaïlande se prépare

Un responsable des douanes thaïlandaises a déclaré que les postes de contrôle étaient ouverts des deux côtés, mais qu'il n'y avait pas de circulation de marchandises. Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères se rendra à la frontière vendredi, a annoncé le ministère jeudi, sans préciser les détails de son voyage.

La junte birmane envoie des renforts vers Myawaddy, ont indiqué des sources militaires à l'AFP jeudi. Mais certaines routes menant à la ville étant aux mains de ses opposants, leur progression est incertaine. Le long de la route principale qui mène à Myawaddy, des riverains de la ville de Kyonedoe ont déclaré à l'AFP qu'ils avaient vu passer des dizaines de camions et de chars transportant des équipements et des centaines de soldats.

La junte birmane s'inquiète de la perte de cette ville importante, après la reddition humiliante en janvier d'environ 2.000 soldats dans la ville de Laukkai (nord) près de la frontière chinoise. Trois généraux de brigade ont depuis été condamnés à mort pour reddition, selon des sources militaires.

Selon le ministère birman du Commerce, les échanges commerciaux via Myawaddy se sont élevés au cours des 12 derniers mois à 1,1 milliard de dollars, une source de revenus vitale pour l'armée birmane à court d'argent. Les combats dans Myawaddy pourraient rester limités, personne n'ayant intérêt à la destruction d'un centre économique important dans la région, estime David Mathieson.

Le nombre de personnes qui transitent quotidiennement par le poste d'immigration thaïlandais en provenance de Birmanie est passé à environ 4.000 ces derniers jours contre 1.900 habituellement, a confié à l'AFP un responsable de l'immigration. "Nous fournirons une aide humanitaire, mais si des balles perdues traversent la frontière thaïlandaise, nous riposterons par des mesures légères ou lourdes", a déclaré mercredi le lieutenant général Prasarn Saengsirirak, commandant de la troisième armée thaïlandaise, dont les troupes ont été renforcées.

Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères a affirmé mardi que ce royaume était prêt à accueillir 100.000 personnes fuyant le conflit en cours.


Les troupes de l'armée birmane se sont totalement retirées de Myawaddy, ville frontalière stratégique pour le commerce avec la Thaïlande, une nouvelle défaite importante pour les militaires déjà en difficulté depuis plusieurs mois dans le nord et l'ouest du pays.

Les journalistes de l'AFP présents au poste-frontière thaïlandais ont entendu...