Le ministre libanais des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib (g) au cours d'une conférence de presse avec son homologue grec en Grèce, le 9 avril 2024. Photo ANI
Le ministre libanais des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a prévenu mardi depuis la Grèce que la crise des « migrants syriens est devenue hors de contrôle » au Liban.
Les propos de M. Bou Habib interviennent dans un contexte tendu au Liban, où un cadre des Forces libanaises (FL), Pascal Sleiman, a été kidnappé, emmené en Syrie puis assassiné, selon l'armée libanaise.
« La crise des migrants (syriens) est devenue hors de contrôle en raison de l'absence de solutions durables », a déploré M. Bou Habib au cours d'une conférence de presse conjointe avec le ministre grec des Affaires étrangères Giorgos Gerapetritis, estimant que « le Liban n'est plus en mesure de la supporter ». Le chef de la diplomatie libanaise a aussi prévenu que « la crise a commencé à frapper aux portes de Chypre et peut-être de la Grèce », selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information. « Les pays qui partagent les mêmes idées tels que le Liban, la Grèce et Chypre, doivent travailler ensemble pour modifier la politique de l'UE afin d'aider au retour des migrants en Syrie et les soutenir pour qu'ils puissent reconstruire leurs villages et villes détruits », a-t-il plaidé.
Le Liban compte actuellement 784 884 réfugiés syriens enregistrés auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), selon les chiffres de décembre 2023. L’estimation officielle reste autour de 1,5 million, y compris ceux qui ne sont pas enregistrés auprès de l'UNHCR, faisant du Liban le pays avec la plus forte population de réfugiés par habitant dans le monde. La question des migrants syriens s'est retrouvée au cœur d'une série de discussions cette semaine à Beyrouth, entre le président chypriote Nikos Christodoulidès, et le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati, après que Nicosie a demandé mercredi à l'Union européenne de prendre des mesures pour endiguer la récente vague de réfugiés syriens arrivant sur ses côtes.
La situation au Liban-Sud
Sur le plan sécuritaire, Abdallah Bou Habib a affirmé avoir discuté avec son homologue grec de la nécessité d' « instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, protéger les secouristes et civils et acheminer l'aide humanitaire ». Les deux ministres ont aussi plaidé en faveur de l' « application de la résolution 1701 de l'ONU (qui avait mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, ndlr) qui favorise la stabilité au Liban-Sud ». « Nous avons informé nos amis grecs que nous ne voulons pas d'une guerre qui fera exploser le Moyen-Orient si elle devait avoir lieu », a conclu le ministre.
Le Hezbollah et Israël sont engagés depuis le début de la guerre à Gaza dans des combats meurtriers à la frontière du Liban-Sud.