La cathédrale Saint-Grégoire-l’Illuminateur et Saint-Élie des arméniens-catholiques de Beyrouth fête ses 65 ans

La cathédrale Saint-Grégoire-l’Illuminateur et Saint-Élie des arméniens-catholiques de Beyrouth a donné le jeudi 4 avril le coup d’envoi à une série d’événements pour marquer l’anniversaire des 65 ans de la cathédrale. En présence d’une assemblée de plus de 200 personnes se sont déroulés autour du thème de la cathédrale une table ronde, la remise des prix d’un concours artistique, avec une exposition des archives et des œuvres artistiques qui seront disponibles tout le long de l’année 2024.

L’économiste et journaliste Albert Kostanian a inauguré l’événement en animant la table ronde « La cathédrale, cœur battant de la ville », en compagnie d’intervenants de renom qui ont partagé leur savoir et leur expérience sur le fil conducteur de la cathédrale.

Charles el-Hayek, sous le titre « Les Arméniens au Liban : une présence ancienne », a transmis quelques faits de l’histoire du pays souvent méconnus concernant la place et la contribution des Arméniens installés bien avant le génocide de 1915 : deux principaux gouverneurs à la tête de la moutassarifiya au XIXe siècle étaient des arméniens-catholiques (comme Garabet Artine dit « Daoud Pacha »), et ont entrepris une série de réformes dès 1861, axées sur la modernisation du Mont-Liban.

C’est sur des cartes uniques et rares du plan urbain de Beyrouth au fil du temps que Bachir Moujaès a placé dans son contexte la diversité des lieux de culte, dans cet espace géographique restreint qu’est le centre-ville de Beyrouth. Sous le titre, « L’urbanisme du centre-ville de Beyrouth et ses repères religieux », l’auditoire était surpris de découvrir des chiffres marquants : 20 lieux de culte pour 11 communautés différentes, dans un espace de 1 km2, incluant la cathédrale Saint-Grégoire-l’Illuminateur et Saint-Élie.

Sous le thème « Devoir de mémoire et avenir », Suzie Hakimian a partagé son savoir d’académicienne en soulignant la nuance entre les mots histoire et mémoire et le lien infaillible entre mémoire et identité. Des questions autour de la pérennité ou cyclicité des guerres culturelles ont été aussi explorées, et de l’importance d’utiliser la mémoire pour construire l’avenir plutôt que détruire, en concluant ainsi : « Un devoir de mémoire, oui, mais pour un meilleur avenir. »

Quant au père Raffi Ohannessian, curé de la paroisse, il a abordé dans son intervention la grande histoire et les petites histoires de « La cathédrale au fil des 65 ans ». Sur fond de photos d’archives et de documentation, il a retracé la présence des Arméniens au Mont-Liban dès le XIe siècle, puis l’installation de la communauté dès les années 1700 avec la fondation des premiers couvents dans le Kesrouan, en passant par l’exode massif des Arméniens vers le Liban durant la Première Guerre mondiale, et la renaissance de toute une communauté. Le père Ohannessian a souligné l’importance de la place de la cathédrale aujourd’hui et de la communauté arménienne dans le tissu social, politique et économique du pays.

Après la table ronde, le patriarche de Cilicie des arméniens-catholiques Raphaël Bedros XXI Catholicos a remis les prix aux gagnants du concours artistique sous le thème de « La cathédrale illuminatrice de Beyrouth ». Quarante artistes amateurs de 16 à 76 ans, de toutes confessions, avaient pendant 45 jours réalisé des peintures, fait des dessins, photos, maquettes et autres, autour du thème de la cathédrale.

Les membres du jury, Ghada Waked, Farouk Abillama, Raffi Tokatlian, Gaby Reaïdy et Alain Kurdy, ont donné pour gagnants Vartan Tachjian (1er prix), Reem Hamad (2e prix), Eugénie Yapoudjian (3e prix). Quant au prix du public à travers un vote sur Facebook, il a été décerné à Hagop Kojayan.

À la fin, le patriarche Raphaël Bedros XXI a retracé l’histoire de la cathédrale où il fut ordonné prêtre et annoncé qu’à la fin de cette année, le corps du cardinal Agagianian sera transféré au Liban pour être placé dans la bâtisse.

Lila KASPARIAN

Membre du conseil de la paroisse