La défense de Julian Assange s'est employée mardi à convaincre la justice britannique de lui accorder un dernier recours contre son extradition vers les Etats-Unis, qui l'accusent d'espionnage, en l'absence du fondateur de Wikileaks, qui serait souffrant.
Le premier des deux jours d'audience s'est tenu devant la Haute Cour de Londres sans l'Australien de 52 ans, qui « ne se sent pas bien », a déclaré son avocat Edward Fitzgerald.
A l'approche de l'audience, ses soutiens avaient alerté sur les risques qui pèsent sur la santé et même la vie de Julian Assange, poursuivi pour une fuite massive de documents et enfermé depuis 12 ans au Royaume-Uni - sept ans réfugié dans l'ambassade d'Equateur, puis cinq ans détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres -, dans une affaire érigée en symbole des menaces qui pèsent sur la liberté de la presse.
Deux juges sont appelés à se prononcer sur la possibilité d'accorder ou non à Julian Assange le droit de faire appel de son extradition aux Etats-Unis, acceptée en juin 2022 par le gouvernement britannique. S'ils refusent, ses proches craignent qu'il ne soit remis rapidement aux Etats-Unis, mettant sa vie en péril, même s'ils espèrent saisir à temps la Cour européenne des droits de l'Homme.
Julian Assange ne doit pas être extradé car il fait l'objet de poursuites « politiques » après avoir révélé des faits de « grave criminalité d'Etat », a plaidé Edward Fitzgerald. L'Australien est poursuivi pour des « pratiques journalistiques ordinaires » consistant à « obtenir et publier des informations », a fait valoir l'avocat. Son client risque une peine disproportionnée aux Etats-Unis et « il existe un risque réel qu'il subisse un déni de justice flagrant », a-t-il ajouté.
Mercredi, les représentant du gouvernement américain doivent présenter leurs arguments.
Jusqu'à 175 ans de prison
Le fondateur de WikiLeaks a été arrêté par la police britannique en 2019 après avoir passé sept ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres, afin d'éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite en 2019.
Depuis, il se bat pour éviter d'être remis aux Etats-Unis, où il risque jusqu'à 175 ans de prison. Il est poursuivi pour avoir publié à partir de 2010 plus de 700.000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.
Avant l'audience mardi matin, une foule entonnant « Libérez Julian Assange » s'est rassemblée devant la Haute Cour, aux côtés de son épouse Stella Assange: « Julian a besoin de sa liberté et nous avons tous besoin de la vérité ».
En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur du fondateur de WikiLeaks. Invoquant un risque de suicide, la juge Vanessa Baraitser avait refusé de donner son feu vert à l'extradition. Mais cette décision a ensuite été infirmée.
Pour tenter de rassurer sur le traitement qui lui serait infligé, les Etats-Unis ont affirmé qu'il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée l' »Alcatraz des Rocheuses », et qu'il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires. Les Américains avaient aussi évoqué la possibilité qu'il puisse demander à purger sa peine en Australie. Ces garanties ont convaincu la justice britannique, mais aucunement les soutiens de Julian Assange, qui a reçu l'appui de nombreuses organisations de journalistes.
Reporters Sans Frontières, qui dénonce des poursuites « politiques », s'est inquiété de son absence à l'audience, indiquant avoir constaté qu'il avait une côte cassée en janvier à cause d'une forte toux. Le Premier ministre australien Anthony Albanese a lui aussi récemment dénoncé les poursuites engagées par la justice américaine contre M. Assange, et le Parlement australien a adopté une motion demandant d'y mettre un terme.
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