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Dernières Infos - Pakistan

Dernier jour d'une terne campagne électorale

Dernier jour d'une terne campagne électorale

Cette photo prise le 3 février 2024 montre une rue festonnée de drapeaux de partis politiques avant les élections nationales pakistanaises, à Quetta. Photo AFP/BANARAS KHAN

Au Pakistan, les candidats ont officiellement jusqu'à minuit mardi pour tenter de convaincre encore quelques indécis au terme d'une campagne électorale morne, qui illustre le découragement populaire avant un scrutin jugé inéquitable.

La république islamique de 240 millions d'habitants votera jeudi pour les élections législatives et provinciales, mais la crédibilité du scrutin est mise en doute par des observateurs indépendants.

Le populaire ancien Premier ministre Imran Khan est incarcéré et les candidats de son parti, soumis depuis plusieurs mois à une sévère répression, n'ont pas été autorisés à se présenter sous ses couleurs, mais seulement en indépendants.

La porte semble ainsi ouverte à la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif, qui pourrait à 74 ans redevenir Premier ministre pour la quatrième fois.

Empêché de faire campagne, le parti d'Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), espère néanmoins mobiliser ses supporteurs, notamment parmi la jeunesse désenchantée, pour qui l'ancienne star du cricket pourrait constituer un espoir de changement. 

Mais le peu d'enthousiasme pour la campagne électorale suggère que la participation pourrait être faible lors du scrutin, pour lequel 128 millions de personnes sont appelées aux urnes.

L'institut de sondage Gallup a pointé mardi une atmosphère politique "aussi morose que la situation économique" pour ce premier scrutin législatif depuis 2018.

Selon cet institut, "sept Pakistanais sur 10 n'ont pas confiance dans l'intégrité des élections", "une importante régression par rapport à ces dernières années".

Nouveau procès

La Commission électorale a rappelé mardi aux candidats qu'ils seraient sanctionnés s'ils continuaient leur campagne après minuit. 

L'ombre d'Imran Khan, 71 ans, plane au-dessus des élections, auxquelles il ne peut se présenter. Il a été condamné la semaine dernière à trois longues peines de prison pour corruption, trahison et mariage illégal. Il est aussi jugé dans un nouveau procès, ouvert mardi devant un tribunal antiterroriste à l'intérieur de sa prison, concernant des émeutes provoquées par ses partisans en mai dernier.

Ces élections se tiennent dans un contexte de grave crise économique et sécuritaire.

L'institut pakistanais PICSS a fait état d'une augmentation "stupéfiante" des attaques menées par des militants islamistes l'an passé, au plus haut depuis une opération militaire lancée en 2014 qui avait entraîné une amélioration de la sécurité.

Lundi, au moins 10 policiers ont été tués dans des assauts de dizaines d'assaillants contre leur poste de police dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, près de la frontière avec l'Afghanistan.

Près de la moitié des 90.000 bureaux de vote du pays ont été jugés "à risques ou à forts risques" et des forces de sécurité supplémentaires y seront déployées, ont annoncé mardi les autorités.

L'inflation avoisine les 30%, la roupie est en chute libre depuis presque trois ans et le gel des importations faute de devises a des conséquences désastreuses pour l'industrie.

Ultime meeting

"Les Pakistanais sont plus découragés qu'ils ne l'ont été depuis des décennies par une multitude de défis économiques, politiques, sécuritaires, qui menacent la stabilité du pays", a observé Gallup.

Le favori des élections, Nawaz Sharif, est rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres, avec l'assentiment de l'armée qu'il a pourtant souvent critiquée dans le passé. Il a depuis bénéficié de l'annulation de plusieurs condamnations antérieures pour corruption. Il devait tenir son ultime meeting en fin de journée mardi près de Lahore, capitale de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays et qui représente plus de la moitié de l'électorat.

Autre formation ayant dominé depuis des décennies la vie politique nationale, le Parti du peuple pakistanais (PPP) est représenté par Bilawal Bhutto Zardari, fils de l'ancienne Première ministre assassinée Benazir Bhutto.

Imran Khan a attribué ses ennuis judiciaires à l'armée, après l'avoir déjà accusée d'avoir favorisé en sous-main son éviction du poste de Premier ministre en avril 2022. Pour contourner l'interdiction - non officielle - de faire campagne, son parti s'est tourné vers les réseaux sociaux, allant jusqu'à recourir à l'intelligence artificielle.

Même si le parti a dénoncé une "non-élection", il a appelé ses supporteurs à ne surtout pas s'abstenir. "L'arme la plus puissante et la plus significative dont nous disposions est notre vote", a déclaré Imran Khan sur son compte X ce weekend.


Au Pakistan, les candidats ont officiellement jusqu'à minuit mardi pour tenter de convaincre encore quelques indécis au terme d'une campagne électorale morne, qui illustre le découragement populaire avant un scrutin jugé inéquitable.

La république islamique de 240 millions d'habitants votera jeudi pour les élections législatives et...