Emmanuel Macron rendra mercredi un hommage national « sous le signe » de la « lutte contre l'antisémitisme » aux victimes françaises de l'attaque menée le 7 octobre par le Hamas en Israël, avant un « temps mémoriel » envisagé ultérieurement pour les Français morts dans les bombardements israéliens à Gaza.
La cérémonie, organisée dans l'Hôtel des Invalides à Paris, permettra au chef de l'Etat français de saluer la mémoire de « 42 concitoyens décédés » dans l'attaque du mouvement islamiste palestinien, qui avait entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils.
En présence de leurs familles, acheminées pour beaucoup d'entre elles depuis Israël par un vol spécial, ce moment solennel concernera aussi six Français blessés, les quatre otages français du Hamas libérés, et trois Français « toujours disparus et présumés otages », a précisé l'Elysée, qui a expliqué n'avoir pas d'éléments à fournir concernant ces derniers, notamment « en termes de preuve de vie ».
Chaque victime sera représentée par une photographie avec son nom.
L'entourage d'Emmanuel Macron assure que cet hommage « rendu à des citoyens français juifs » sera « placé sous le signe universel de la lutte contre l'antisémitisme et à travers lui (...) toutes les formes de haine, de racisme et d'oppression envers des minorités ».
Le président israélien Isaac Herzog, invité, ne sera pas présent pour des « raisons d'agenda », mais sera représenté par l'ambassade d'Israël à Paris.
L'hommage intervient quatre mois jour pour jour après l'attaque, qui a déclenché un conflit toujours en cours: en riposte, Israël a lancé une offensive militaire à Gaza qui a fait 27.365 morts, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan des autorités du Hamas.
Le principe d'un hommage avait été annoncé assez rapidement par Emmanuel Macron, mais la priorité avait été donnée aux négociations pour la libération des otages, a dit la présidence à des journalistes.
Polémique politique
Le rendez-vous de mercredi s'est retrouvé au coeur d'une polémique politique, plusieurs familles de victimes ayant demandé, dans un courrier au chef de l'Etat, que la présence de La France insoumise (LFI, parti de gauche radicale) soit « interdite » aux Invalides, à cause notamment de son refus de qualifier le Hamas de groupe « terroriste ».
La présidence française a répondu lundi qu'il s'agissait d'une « cérémonie républicaine » à laquelle, selon le protocole en vigueur depuis 1989, les parlementaires sont invités. Il a aussi souligné qu'un dispositif de sécurité « extrêmement renforcé » serait mis en place.
« A chacun d'apprécier l'opportunité ou pas de sa présence puisque les familles se sont exprimées et ont exprimé une forte émotion », a toutefois estimé un conseiller du président, renvoyant la décision aux élus LFI. Or ces derniers, qu'il s'agisse du coordinateur du mouvement Manuel Bompard ou de la cheffe de file des députés Mathilde Panot, ont dit vouloir y assister.
Il est « normal que la nation rende hommage à des victimes », a dit le premier, assurant « partager » la « peine » et le « chagrin » des familles, sans « volonté de mélanger un hommage national à un moment de politique ».
Manuel Bompard a toutefois estimé qu'il serait « légitime » d'organiser aussi « un moment d'hommage pour des Franco-Palestiniens qui sont aussi morts dans le cadre de ce conflit », à Gaza. « Le président de la République se grandirait à organiser les deux, un autre hommage ou le même, peu importe ».
Interrogée sur cette demande, la présidence a répondu qu'un « temps mémoriel » était bien envisagé dans un second temps, selon des modalités qui doivent encore être fixées.
La cérémonie de mercredi « vise à rendre hommage aux victimes d'un attentat terroriste majeur commis par le Hamas », a-t-elle dit, soucieuse de ne pas « mêler les deux types de victimes ».
Les autorités françaises n'ont pas donné de bilan sur les Français morts à Gaza. Elles avaient cependant annoncé le 31 octobre que deux enfants français y avaient été tués.
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