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En Suisse aussi, Nestlé a utilisé des traitements interdits pour l'eau minérale


Le logo de Nestlé sur l'enseigne d'une usine de mise en bouteille d'eau à Vittel, dans le nord-est de la France, le 24 octobre 2023. Photo AFP/JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Nestlé a reconnu jeudi avoir eu recours à des procédés interdits pour purifier son eau en bouteille en Suisse, après des révélations similaires en France, où son image était déjà écornée par le scandale des pizzas Buitoni contaminées. Le géant suisse de l'alimentation a reconnu avoir utilisé « des filtres au charbon actif » dans son usine locale du canton de Vaud, à une trentaine de kilomètres de Lausanne, cette nouvelle affaire soulevant des questions quant à l'avenir de ses marques d'eau.

En 2022, les ventes d'eau en bouteille de Nestlé se chiffraient à 3,5 milliards de francs suisses (3,7 milliards d'euros), ne représentant plus que 3,7% du chiffre d'affaires du groupe suisse, qui a fortement réduit la voilure sur ce pan d'activité.

« En tant que minéralier, Nestlé Waters doit constamment adapter son activité, ses pratiques et ses sites aux évolutions de l'environnement autour de ses sources », a indiqué jeudi la marque à l'AFP. « Ces efforts d’adaptation, qui ont toujours eu pour objectif de garantir la sécurité alimentaire, ont mené l'entreprise à mettre en place des mesures de protection non conformes au cadre réglementaire pour les eaux minérales en Suisse », a-t-elle admis, confirmant une information du quotidien suisse Le Temps. « Les filtres au charbon actif » ont été retirés « fin 2022 » sous « le contrôle des autorités cantonales et fédérales », précise-t-elle, soulignant qu'il n'y a en revanche « jamais eu des systèmes ultraviolets à l'usine d'Henniez ».

Une deuxième affaire

En France, Nestlé a été éclaboussé par des révélations du journal Le Monde et de Radio France pour avoir utilisé des traitements interdits d'ultraviolets et de filtres au charbon actif sur certaines de ses eaux minérales.

A la différence de l'eau du robinet, l'eau en bouteille ne doit pas être traitée avec des dispositifs de désinfection pour pouvoir être qualifiée de « minérale naturelle » ou « de source ». « En France, cela s'inscrit dans une séquence qui fait suite à l'affaire Buitoni », a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, contacté par l'AFP. « C'est une deuxième affaire qui met à mal la confiance avec les consommateurs », juge-t-il. « Même si cela n'excuse en aucun cas Nestlé, c'est un problème qui concerne le secteur », a-t-il souligné, d'autres marques étant elles aussi touchées. « L'impact pour les résultats de Nestlé reste néanmoins marginal », d'après lui.

Nestlé a nettement réduit sa présence dans l'eau en bouteille, les marges dans cette activité n'ayant cessé de diminuer. L'eau en bouteille fait aussi régulièrement l'objet de critiques notamment sur le plastique et l'accès à l'eau, comme en Californie, où les autorités - inquiètes de la sécheresse - lui ont interdit en 2021 de poursuivre ses activités dans la région de San Bernardino. Le groupe a donc élagué son portefeuille, cédant notamment des marques au Canada et en Chine avant d'annoncer en 2021 la vente de ses marques locales aux Etats-Unis pour 4,3 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) pour n'y conserver que ses grandes marques internationales les plus rentables.

Pour Jean-Philippe Bertschy, la question « légitime » avec cette nouvelle affaire est de savoir si Nestlé souhaitera conserver l'eau en bouteille. « Il n'est pas exclu que Nestlé se désengage totalement de cette activité à moyen terme », selon lui.

Exigences inchangées
Issue de sources connues depuis l'Antiquité, Henniez tire son nom d'un citoyen romain appelé Ennius. Une première usine d'embouteillage avait été créée en 1905 par la Société des bains et eaux d'Henniez, Nestlé en faisant l’acquisition en 2008.

Jeudi, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaire (Osav) a indiqué à l'AFP qu'il était « informé de cette affaire » et qu'après « avoir pris connaissance de l'existence des installations de filtrage au charbon actif », il avait fait savoir à Nestlé que « ces pratiques ne sont pas permises », de concert avec les autorités cantonales, chargées d'effectuer les contrôles. « Les exigences légales en vigueur n'ont pas été changées », a souligné l'Osav.

Pour Rebecca Eggenberger, responsable de l'alimentation au sein de la Fédération romande des consommateurs, il s'agit d'un « acte de tromperie du consommateur », ce qui constitue au regard du droit suisse une « infraction grave », passible de sanctions, estime-t-elle.


Nestlé a reconnu jeudi avoir eu recours à des procédés interdits pour purifier son eau en bouteille en Suisse, après des révélations similaires en France, où son image était déjà écornée par le scandale des pizzas Buitoni contaminées. Le géant suisse de l'alimentation a reconnu avoir utilisé « des filtres au charbon actif » dans son usine locale du canton...