Violences sexuelles: une tendance "très perturbante" selon l'ONU

Attendue dimanche en Israël, la représentante spéciale de l'ONU sur les violences sexuelles lors des conflits, Pramilla Patten, a dénoncé jeudi à Nice une tendance "très perturbante" de cette "arme de guerre invisible, bon marché et efficace".

"Le rapport couvrant l'année 2022 présente un tableau très perturbant des violences sexuelles utilisées comme tactique, torture, terrorisme ou répression politique", a déclaré Mme Patten à l'ouverture d'un colloque sur le sujet. Et alors que les outils légaux existent désormais à tous les niveaux à travers le monde, le rapport pour 2023, qui doit être débattu en avril, "montre les mêmes tendances".

Au cours de l'année passée, la représentante de l'ONU a mené des missions en Ukraine, Colombie, République démocratique du Congo, République centrafricaine et au Soudan du Sud. Elle se rendra dimanche en Israël "pour rassembler les faits liés aux accusations de violences sexuelles lors de l'attaque du 7 octobre" menée par le Hamas, a-t-elle expliqué. "Et nous discuterons aussi avec l'Autorité palestinienne et différents responsables en Cisjordanie occupée", a-t-elle précisé. Elle sera accompagnée d'experts et doit rencontrer "des survivants, des témoins et d'autres personnes affectées par des violences sexuelles", ainsi que des "otages et prisonniers récemment libérés", avait annoncé l'ONU début janvier. 

Les Nations unies ont été critiquées pour avoir réagi trop lentement aux viols et violences sexuelles qu'Israël accuse le Hamas d'avoir commis le 7 octobre. Cette attaque sans précédent a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien. Environ 250 personnes ont été enlevées, dont une centaine libérée depuis en échange de prisonniers palestiniens. Israël a juré "d'anéantir" le Hamas et lancé une vaste opération militaire qui a tué 25.700 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Mme Patten participait jeudi à un colloque organisé par l'Université Côte d'Azur et Bibliothèques sans Frontières (BSF). Cette ONG a développé il y a plus de 10 ans des médiathèques mobiles et modulables à destination de publics isolés. En intervenant auprès de réfugiés, l'ONG s'est aperçue que le fait de proposer une animation aux enfants ouvrait un espace pour s'occuper des mères.

Grâce à un partenariat avec l'ONU, BSF a complété une quinzaine de ses médiathèques, déployées pour l'instant en Ukraine et en Afghanistan avec des modules destinés à recueillir la parole des femmes puis à leur proposer des outils juridiques et un accompagnement.