Quelque 90.000 soldats de l'OTAN vont participer pendant plusieurs mois à compter de la semaine prochaine au plus important exercice militaire organisé par l'Alliance atlantique depuis la Guerre froide, sur fond de conflit en Ukraine.
« Ce sera une démonstration claire de notre unité, de notre force et de notre détermination à nous protéger les uns les autres », a déclaré jeudi le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Christopher Cavoli, au cours d'une conférence de presse à Bruxelles, où siège l'OTAN.
Ces manœuvres, qui s'étendront sur plusieurs mois de l'Atlantique au flanc Est de l'OTAN, prendront la forme d'un scénario de conflit contre un « adversaire de taille comparable », selon la terminologie de l'Alliance, qui désigne ainsi, sans la nommer, la Russie, dont l'offensive de grande ampleur en Ukraine a commencé il y a près de deux ans.
Elles comporteront notamment le renfort sur le continent européen de troupes « venues d'Amérique du Nord », a précisé le général Cavoli.
Quelque 50 navires de guerre, 80 avions et 1.100 véhicules de combat prendront part à ce plus vaste « jeu de guerre » depuis l'exercice « Reforger » de 1988, en pleine Guerre froide entre l'Union soviétique et l'Alliance atlantique.
Nombre « record » de soldats
« Il s'agit d'un record en termes de nombre de soldats », a souligné pendant cette même conférence de presse l'amiral néerlandais Rob Bauer, le chef du comité militaire de l'OTAN, qui rassemble les chefs d'état-major des armées des 31 pays membres de l'organisation.
Le Royaume-Uni va à lui seul déployer 20.000 militaires dans le cadre de ces manœuvres, a annoncé lundi son ministre de la Défense Grant Shapps.
Ce déploiement, qu'il a qualifié de « plus important » en 40 ans pour les forces britanniques au sein de l'OTAN, vise à répondre à la « menace » que constitue la Russie du président Vladimir Poutine depuis l'invasion de l'Ukraine.
Des unités de la Royal Air Force, de la Royal Navy et de l'armée de terre seront envoyées dans toute l'Europe et au-delà pour cet exercice baptisé « Steadfast Defender » ( »Défenseur inébranlable »), a expliqué Londres.
Grant Shapps a estimé que l'OTAN faisait face à des défis « plus importants que jamais » de la part de la Russie, de la Chine, de l'Iran ou de la Corée du Nord, avertissant que les adversaires de l'Alliance étaient « plus connectés entre eux » que jamais.
« Pas trop pessimistes »
Sur le terrain en Ukraine, les troupes terrestres russes ont subi de très sévères dommages, a encore dit l'amiral néerlandais Rob Bauer, relevant toutefois que la marine et l'aviation russes restaient des forces « considérables ».
« D'intenses combats » ont toujours lieu mais, « bien que les attaques russes soient dévastatrices, elles ne sont pas significatives d'un point de vue militaire », a-t-il affirmé.
L'année dernière, le monde a peut-être été un peu trop optimiste et il est donc « important que en 2024 nous ne soyons pas trop pessimistes », a lâché ce haut responsable de l'Alliance.
La ligne de front entre les armées russe et ukrainienne n'a guère bougé ces derniers mois et Kiev réclame avec insistance des armes supplémentaires et des munitions pour espérer opérer une percée militaire significative.
L'Ukraine demande en particulier davantage de moyens de défense antiaérienne, au moment où ses infrastructures et ses villes sont pilonnées tous les jours.
Mais une aide militaire américaine de plus de 60 milliards de dollars est toujours bloquée au Congrès en raison de réticences d'élus républicains et une contribution financière européenne sur quatre ans de 50 milliards d'euros connaît le même sort en raison d'un veto de la Hongrie. Une solution pourrait néanmoins être trouvée au sommet des 27 le 1er février à Bruxelles.
Depuis le début de l'assaut russe en Ukraine, en février 2022, l'Alliance atlantique a renforcé ses défenses sur le flanc oriental, y envoyant des milliers d'hommes.
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