« Le Déluge d’al-Aqsa n’est pas une bataille décisive, mais une étape franchie dans le cadre de la guerre pour la libération de la Palestine. Il y aura sans doute d’autres rounds, mais nous avons accompli un grand pas en avant. » C’est ainsi qu’une figure importante du Hamas définit la bataille contre les Israéliens qui a commencé le 7 octobre et se poursuit depuis.
Selon ce responsable, le mouvement palestinien a déjà remporté la bataille, d’abord parce qu’il tient bon depuis plus de 40 jours, alors que les Israéliens utilisent tous les moyens disponibles pour l’éliminer, et ensuite parce qu’en dépit de tous ces moyens, les Israéliens n’ont toujours pas réussi à effacer le traumatisme et « les acquis » du 7 octobre, selon ses propres termes, ni à se prévaloir d’une réalisation éclatante. Le cadre du Hamas est d’ailleurs convaincu que les Israéliens ne parviendront pas à renverser la donne, en dépit de tous leurs efforts et de tous leurs plans. « Ils devraient accepter le fait que tous leurs projets d’éliminer la cause palestinienne, d’aller vers une normalisation généralisée avec les États arabes en occultant les Palestiniens, tout en cherchant à créer un axe dans la région dont Israël serait le leader, sont tombés à l’eau », se félicite-t-il.
Le responsable du Hamas revient sur l’opération, précisant que les 1 200 combattants qui y ont participé avaient été convoqués à 4 heures du matin, soit deux heures avant son lancement. Le commandement du Hamas leur a donné le choix en respectant la volonté de ceux qui ne souhaiteraient pas participer à la bataille. Mais aucun combattant ne s’est désisté. L’opération était prévue pour durer entre 20 et 24 heures. Elle s’est achevée au bout de 4 heures seulement. « Les combattants ont été surpris par la rapidité de l’effondrement de l’armée israélienne et par la facilité de s’emparer de positions militaires et de documents très importants, ainsi que par le fait que les habitants du nord de Gaza ont rapidement rejoint les combattants pour prendre à leur tour des otages », raconte le responsable du Hamas. Selon lui, le plus dur pour les Israéliens, c’est que l’image de leur armée a été sérieusement ternie. « Mais le coup le plus dur a été reçu par les Américains qui avaient établi de nombreux plans pour la région, basés sur la supériorité israélienne, militairement, stratégiquement et technologiquement », se félicite-t-il. En deux semaines, le secrétaire d’État américain s’est rendu à trois reprises dans la région, mais le président américain et le ministre de la Défense y ont aussi fait un déplacement. Cela signifie, selon lui, que les États-Unis sont directement impliqués dans ce qui se passe.
« Depuis le premier jour, précise le responsable du Hamas, nous avions prévu qu’il y aurait une offensive terrestre. Nous avons donc planifié de changer notre tactique militaire pour entraîner les Israéliens dans une guerre d’usure. C’est ainsi que des 1 000 véhicules blindés israéliens qui sont entrés à Gaza, nous en avons détruit 200 et nous considérons que nous sommes encore au début. » Il reconnaît toutefois que les Israéliens se vengent sur les civils, mais selon lui, cela ne peut pas changer la nouvelle équation militaire. À cet égard, il affirme que les Israéliens ont sciemment amplifié l’importance du complexe hospitalier al-Chifa. « Ils sont d’ailleurs en train d’interroger tous les travailleurs de l'hôpital pour savoir où est installé le Hamas, mais ils n’aboutiront à aucun résultat, tout simplement parce que le Hamas n’a aucune présence dans ce complexe qui abrite seulement des installations officielles du gouvernement de Gaza, comme le ministère de l’Intérieur, celui de la Santé et celui des Affaires sociales », affirme le cadre du mouvement.
Selon lui, les Israéliens finiront par reconnaître qu’il y a désormais de nouvelles règles au conflit, non seulement avec le Hamas, mais avec l’ensemble de « l’axe de la résistance ». « Car si le Hamas n’avait pas lancé l’opération du 7 octobre, le Liban, l’Irak, le Yémen et d’autres auraient subi les conséquences du plan américain pour la région », affirme-t-il.
Le responsable reconnaît que le Hamas est entré dans un processus long et coûteux, mais affirme que les projets américano-israéliens ne lui avaient pas laissé d’autre choix. « Les Israéliens ne pourront pas tenir plus d’un mois encore. De notre côté, nous avons assuré un minimum de moyens pour pouvoir tenir », assure-t-il.
D’après lui, les Américains pensent déjà au volet politique. Des tentatives pour réunir des personnalités palestiniennes qui prendraient le relais politique à Gaza sont à l’étude, comme la réunion de 50 personnalités en Suisse. Mais déjà 30 d’entre elles ont refusé et les autres se préparent à le faire. Au sujet d’un échange éventuel de prisonniers, le responsable du Hamas précise que le mouvement fait une distinction entre les militaires d’un côté, les colons et les étrangers de l’autre. En contrepartie de la libération des colons et des étrangers, le Hamas réclame l’ouverture du point de passage de Rafah, l’arrêt des bombardements aériens et la libération des femmes, des enfants et des personnes âgées des prisons israéliennes. « Mais les Israéliens ont voulu que l’âge soit clairement précisé, car ils ne veulent pas libérer les symboles de la résistance Ahmad Saadate et Marwan Barghouti », souligne-t-il.
Le responsable est toutefois convaincu que l’échange aura finalement lieu. « Les Israéliens devront revoir leurs objectifs à la baisse car ils ne pourront pas détruire le Hamas, surtout qu’il a formé une génération de résistants à Gaza », affirme-t-il. Il ne se déclare pas non plus inquiet de la position des États arabes, même si, selon lui, nombre d’entre eux attendent l’issue de la bataille pour prendre des positions claires. De toute façon, selon lui, ceux qui prendront le contrôle de Gaza dans l’étape à venir seront choisis par les Gazaouis.
« Quelle que soit l’appellation choisie, il faudra une Autorité palestinienne qui reconnaisse la résistance, et la responsabilité du Hamas est de pousser vers l’élaboration d’un projet national palestinien », conclut-il.
commentaires (1)
"… mais nous avons accompli un grand pas en avant …" - Oui, dommage que Gaza ait été au bord du gouffre juste avant de faire ton pas en avant…
Gros Gnon
07 h 21, le 16 novembre 2023