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Moyen-Orient - Conflit

Otages du Hamas: le 7 octobre, "le temps s'est arrêté" pour les proches

Le Hamas a enlevé plus de 240 personnes, des Israéliens, étrangers ou binationaux, selon l'armée israélienne.

Des manifestants brandissant des drapeaux israéliens, lors d'une manifestation en faveur des otages du Hamas, le 5 novembre 2023 à Berlin. PhotoOdd ANDERSEN / AFP

En un mois, il pense avoir accordé "près de 300 entretiens" à la presse. Pourtant, "le temps s'est arrêté" au 7 octobre pour Yoni Asher, dont la femme et les deux filles ont disparu lors de l'attaque du Hamas, qui a enlevé ce jour-là plus de 240 otages selon Israël.

T-shirt noir et médaillon autour du cou, cet homme de 37 ans regarde dans le vide avant de s'exprimer devant des médias réunis par le Forum des familles des otages et disparus, à Tel-Aviv.

Depuis un mois, ce père de famille aux traits tirés a cessé son activité d'entrepreneur dans l'immobilier et se consacre à la campagne pour faire revenir les otages. "Je dors et mange le minimum pour survivre", dit-il à l'AFP.

Le 7 octobre, alors qu'il était resté seul à son domicile, au nord de Tel-Aviv, sa femme Doron, 34 ans, et ses filles Raz et Aviv, 4 et 2 ans, rendaient visite à sa belle-mère dans le kibboutz de Nir Oz, tout proche de la frontière avec la bande de Gaza.

Cette petite collectivité rurale a été une cible majeure de l'attaque du Hamas: sur environ 400 résidents, plus d'une vingtaine ont été tués et au moins 75 ont été pris en otage, selon un porte-parole du kibboutz jeudi. Au total, au moins 1.400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils.

Depuis, l'armée israélienne a annoncé la mort de la grand-mère Efrat, qui apparaissait vivante dans une vidéo montrant des habitants emmenés dans un pick-up.

Yoni Asher a reconnu sa femme et ses filles dans cette vidéo. C'est la dernière preuve de vie des trois membres de sa famille, qui sont également de nationalité allemande. Et pour lui, "la date d'aujourd'hui est toujours le 7 octobre. Le temps s'est arrêté."

Le Hamas a enlevé plus de 240 personnes, des Israéliens, étrangers ou binationaux, selon l'armée israélienne.

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Dans le cadre de ses représailles à l'attaque du 7 octobre, cette dernière entend "anéantir" le mouvement islamiste palestinien, pilonnant sans relâche Gaza. Selon le Hamas, au pouvoir dans le petit territoire palestinien, près de 9.500 personnes, dont près de 4.000 enfants, ont été tués dans les frappes israéliennes.

"En tant que parent, nous avons déjà peur quand un petit enfant saute sur son lit, alors imaginez notre peur maintenant, avec ces bombardements partout", dit Yoni Asher, qui désire "la paix" pour "toutes les populations".

"La réalité nous rattrape"

La voix tremblante, Adva Adar, 32 ans, se demande "combien de temps" sa grand-mère Yafa, 85 ans, "peut survivre" sans soins médicaux alors qu'elle est déjà atteinte d'"insuffisance cardiaque et rénale, d'hypertension artérielle et souffre beaucoup".

"Chaque minute pour elle est un cauchemar", ajoute-t-elle.

Elle aussi habitante de Nir Oz, la grand-mère est apparue vivante dans une vidéo, contrairement à Tamir, le cousin d'Adva dont il n'y a eu aucune preuve de vie depuis l'attaque du Hamas.

Comme le reste de sa famille, Adva Adar, qui revient d'un déplacement à Paris pour évoquer le sort des otages, essaye "de rester positive", "de croire qu'elle a survécu".

"Mais des fois, la réalité nous rattrape", ajoute cette employée dans le social, consciente "qu'un mois sans médicaments peut vouloir dire qu'elle (...) est morte là-bas".

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A 23 ans, Ella Ben Amin prend désormais "beaucoup de pilules" pour s'endormir, et reçoit une assistance psychologique "deux fois par semaine" depuis que ses parents ont été enlevés au kibboutz de Beeri.

Mais, comme les autres proches d'otages, la jeune femme reste "concentrée pour (les) faire revenir" et multiplie les interviews pour faire entendre sa cause.

Désespoir du soir

Sa mère Raz, âgée de 57 ans, "a besoin de plusieurs traitements" en raison de tumeurs cérébrales et vertébrales et de "problèmes de mobilité", explique-t-elle.

Si elle reste "forte pendant la journée", il arrive à Ella Ben Amin, le soir, de se laisser aller "au désespoir" quand elle pense "à comment (ses parents) dorment, ce qu'ils mangent, ce qu'ils boivent".

Selon la direction du kibboutz de Beeri, 85 personnes --dont les corps ont été identifiés-- y ont été tuées le 7 octobre, et 32 personnes sont portées disparues parmi lesquelles des otages présumés.

Les survivants de ce village agricole ont été relogés dans un hôtel sur les rives de la mer Morte, explique Ella Ben Amin.

Chaque jour, les familles se réunissent pour "chanter ensemble", mais aussi pour échanger des informations et s'exprimer.

C'est à cette occasion qu'on leur annonce "qui a été retrouvé mort, car de nombreux corps n'ont toujours pas été identifiés", explique-t-elle.



En un mois, il pense avoir accordé "près de 300 entretiens" à la presse. Pourtant, "le temps s'est arrêté" au 7 octobre pour Yoni Asher, dont la femme et les deux filles ont disparu lors de l'attaque du Hamas, qui a enlevé ce jour-là plus de 240 otages selon Israël.

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