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Sport - Football

Un an après une bousculade meurtrière, le football indonésien « n'a pas avancé »

Malgré les promesses formulées par les autorités après le décès de 135 personnes dans un stade de la ville Malang, peu de réformes ont été appliquées depuis le drame.

Les émeutes ayant provoqué le décès d’au moins 125 personnes après un match de championnat indonésien entre le FC Arama et le club rival du Parsebaya Surabaya dans le stade de la ville de Malang, sur l’île de Java. Photo AFP

 Un an après une bousculade meurtrière dans un stade, qui avait fait 135 morts, le football indonésien ne s’est pas réformé, estiment des experts, selon lesquels les leçons de l’une des pires catastrophes de l’histoire du sport n’ont pas été retenues.

Le 1er octobre 2022, après un match entre le club local Arema FC et le Persebaya Surabaya dans le stade Kanjuruhan de Malang, dans l’est de l’île de Java, des supporteurs avaient envahi le terrain.

La police avait répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, déclenchant un vaste mouvement de foule qui avait provoqué la mort de 135 personnes, dont plus de 40 enfants.

Quelques jours plus tard, le président de la Fédération indonésienne de football (PSSI) Mochammad Iriawan avait été critiqué pour son manque apparent de compassion après avoir disputé, tout sourire, un match à Djakarta avec le président de la Fédération internationale de football (FIFA) Gianni Infantino.

M. Iriawan a été remplacé au bout de quelques mois, la FIFA a offert d’aider à moderniser le football local et la sélection indonésienne des moins de 23 ans est devenue championne d’Asie.

Le nouveau dirigeant de la fédération, le milliardaire Erick Thohir, ancien propriétaire de l’Inter de Milan – également ministre et membre du Comité international olympique (CIO) –, estime que le football indonésien va de l’avant. 

Mais pour Anton Sanjoyo, chroniqueur sportif et membre d’un groupe de travail créé après la tragédie, « le football indonésien n’a pas avancé, parce qu’il n’y a aucune volonté politique de la part du gouvernement et du PSSI de se réformer ».

Alors que les proches des victimes réclament encore justice après plusieurs peines prononcées contre des policiers jugées légères, le sport le plus populaire de l’archipel est toujours meurtri.

Malgré les promesses du président Joko Widodo de le démolir et de le reconstruire, le stade Kanjuruhan est toujours là.

Les conditions de sécurité dans les quelques stades qui accueilleront la Coupe du monde des moins de 17 ans, du 10 novembre au 2 décembre, ont été certes améliorées. L’Indonésie a en effet remplacé le Pérou pour organiser cette compétition après s’être vu retirer la Coupe du monde des moins de 20 ans, le pays à majorité musulmane ayant refusé d’accueillir l’équipe israélienne.

« Pas d’efforts significatifs »

La Fédération indonésienne de football, qui n’a pas répondu aux demandes de l’AFP, s’abstient de trop rappeler la tragédie.

Erick Thohir lui-même « estime qu’il n’a aucune obligation de s’en occuper. Même dans ses rencontres avec des journalistes, il ne parle jamais d’une réforme post-tragédie », témoigne encore M. Sanjoyo.

En décembre 2022, deux mois après le drame, les matchs de championnat ont repris, d’abord à huis clos. Puis la fédération a organisé en juin, à grands frais (5 M USD selon les médias), un match de gala face à l’Argentine.

« C’est tout un long processus, espérons-le », tempère Justinus Lhaksana, ancien entraîneur en chef du futsal indonésien. « Le football indonésien va dans une meilleure direction » , estime « Coach Justin », son surnom sur les réseaux sociaux.

Après avoir ordonné un audit de tous les stades, le président Widodo n’a pas semblé donner suite. « La forte impression qui se dégage, c’est que le président Jokowi (...) ne veut pas que ses relations avec la FIFA soient perturbées », juge encore M. Sanjoyo.

Quant à la sécurité, elle laisse encore à désirer, certains stades ne possédant pas encore de sièges individuels, mais des bancs où s’entassent un plus grand nombre de spectateurs. Et si les supporteurs visiteurs ont été interdits de nombreux matches par crainte des violences venant des « ultras », des bagarres ont continué.

La police est donc encore présente en nombre lors des rencontres, faisant parfois usage de gaz lacrymogène, en violation des règles de la FIFA. Autant de facteurs qui laissent à penser que tout risque d’une nouvelle tragédie n’est pas écarté.

« Je ne peux qu’espérer que l’on célébrera toujours la mémoire des victimes et que cela servira à améliorer le climat sportif » , confie encore M. Lhaksana. Cette tragédie « ne doit plus jamais se reproduire. Les victimes ne doivent pas être mortes pour rien ». 

 Un an après une bousculade meurtrière dans un stade, qui avait fait 135 morts, le football indonésien ne s’est pas réformé, estiment des experts, selon lesquels les leçons de l’une des pires catastrophes de l’histoire du sport n’ont pas été retenues.

Le 1er octobre 2022, après un match entre le club local Arema FC et le Persebaya...

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