
Emad Sharqi (à droite), ressortissant américain libéré, avec un membre de sa famille, à l'aérodrome militaire de Davison, à Fort Belvoir, en Virginie, le 19 septembre 2023. Photo JONATHAN ERNST / POOL / AFP
Les cinq Américains libérés par l'Iran dans le cadre d'un accord facilité par le déblocage de 6 milliards de dollars de recettes pétrolières gelées sont arrivés mardi aux Etats-Unis.
Ils ont atterri à l'aube sur une base militaire près de Washington, selon un responsable américain s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
« Bienvenue chez vous », a réagi dans la foulée Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, sur X (ex-Twitter), en publiant une photo des ressortissants américains libérés accompagnés de diplomates dans l'avion qui les conduisait vers les Etats-Unis.
D'autres clichés montraient les ex-détenus, tout sourire, embrasser leurs proches sur la base militaire de Fort Belvoir en Virginie.
« Cela fait vraiment du bien de pouvoir dire que nos concitoyens sont maintenant libres », avait affirmé la veille à la presse le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en justifiant à nouveau l'accord avec Téhéran qui est très critiqué aux Etats-Unis par l'opposition républicaine.
Joe Biden a eu une conversation « pleine d'émotion » avec les familles de ces Américains a aussi fait savoir la Maison Blanche.
Escale à Doha
Les ex-prisonniers américains, dont un détenu depuis huit ans, et deux membres de leur famille avaient quitté Téhéran lundi matin à bord d'un vol qatari pour Doha où ils ont fait escale avant de décoller pour les Etats-Unis.
Un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d'un montant de six milliards de dollars, avait par ailleurs été annoncé à Doha, le Qatar ayant été l'un des médiateurs de l'accord, et confirmé par l'Iran.
Ce transfert faisait partie de l'accord, tout comme la libération lundi par les Etats-Unis de cinq prisonniers iraniens.
Parmi les cinq Américains d'origine iranienne libérés figure l'homme d'affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage, Morad Tahbaz, qui possède également la nationalité britannique, et Emad Sharqi, un investisseur qui s'était vu infliger une peine de dix ans d'emprisonnement pour espionnage. Les deux autres n'ont pas souhaité être identifiés.
Relatif apaisement
Aux yeux de certains experts, cet accord témoigne d'un relatif apaisement des tensions entre l'Iran et les Etats-Unis mais il ne préjuge pas d'un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien.
Washington reste « inébranlable dans son engagement à ce que l'Iran ne se dote jamais de l'arme nucléaire », a rappelé mardi Joe Biden à la tribune de l'assemblée générale de l'ONU à New York.
La France, qui soutient l'accord nucléaire et considère que quatre de ses ressortissants sont actuellement détenus arbitrairement en Iran, a néanmoins mis en garde contre le risque de lier les deux questions.
« Nous devons faire attention et distinguer cette question de celle du nucléaire » a souligné la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna à New York.
« Nous ne sommes pas naïfs », a indiqué Charles Michel, président du Conseil européen. « Nous observons la brutale répression » en Iran et « l'usage d'otages par les autorités pour faire pression sur les gouvernements ».
« Il y aura des progrès faits vers davantage de stabilité et de sécurité mais nous ne sous-estimons pas le niveau des tensions et des difficultés », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'un « chèque en blanc » offert à l'Iran et que l'utilisation des fonds iraniens gelés, sous « stricte surveillance », était destinée « à des fins humanitaires » uniquement.
L'argent qui a été « cruellement bloqué jusqu'à maintenant et est actuellement en possession de la République islamique appartient au peuple (iranien) et nous l'utiliserons afin de subvenir aux besoins du peuple », a déclaré le président iranien Ebrahim Raïssi à New York, qui doit aussi s'exprimer mardi aux Nations unies.
Les plus commentés
Grand angle
Comment le Hamas a fait du Liban sa base arrière
Diplomatie
Les messages transmis par Le Drian aux responsables libanais
COP28
Mikati dénonce l'impact des attaques israéliennes sur l'environnement et appelle à une "économie verte"