Rechercher
Rechercher

Économie - Succès d’entreprise

Fuel To Go, des produits protéinés libanais 100 % naturels par une « self-made woman »

Intolérante au gluten et au lactose, Inas Khaled a lancé en 2021 sa propre entreprise de snacks fait-maison grâce à un ingrédient secret : la poudre de blanc d’œufs déshydratée. 

Fuel To Go, des produits protéinés libanais 100 % naturels par une « self-made woman »

La créatrice de Fuel To Go a un ingrédient secret : la poudre de blanc d’oeufs déshydratée. Photo Chloé Lavoisard

Deux fois par mois, « L’Orient-Le Jour » se propose de raconter les récits d’entreprises libanaises qui prennent des risques et parviennent parfois à obtenir des résultats, en dépit de la crise. Dans ce dixième épisode, Inas Khaled nous raconte, dans sa petite cuisine à Hazmiyé en banlieue de Beyrouth, comment elle a réussi à monter un projet viable en 2021, en pleine période de crise économique et de pandémie mondiale.

C’est avec une charlotte sur la tête et un grand sourire aux lèvres qu’Inas Khaled ouvre les portes de sa cuisine, à Hazmiyé, en banlieue de Beyrouth. Passé le perron, une multitude d’odeurs alléchantes s’échappent des fourneaux derrière lesquels s’opère la magie de Fuel To Go. Officiellement lancée en mai 2021, l’entreprise comprend seulement une employée à temps plein, Elham Baaklini, avec qui la fondatrice travaille côte à côte au quotidien.

Barres protéinées, gâteaux aux canneberges, powerball au chocolat noir. « Mes préférés, ce sont les barres protéinées au beurre de cacahuète maison ! » lance la gérante. Et si elle apprécie autant ces douceurs sucrées, c’est que jusqu’à la création de sa propre entreprise, il lui était quasiment impossible de trouver des produits protéinés adaptés à sa santé : « Je suis intolérante au gluten et au lactose. J’ai longtemps cherché des alternatives aux produits sur le marché, mais elles n’existaient tout simplement pas. »

Dans la même série

« Moon Essence » et « Donkey Farm » : deux amis d'enfance, des ânesses et du savon

Avant de se consacrer à plein temps à Fuel To Go en 2021, Inas Khaled était coach sportive dans plusieurs salles beyrouthines et gestionnaire de comptes dans une boîte de production, cumulant, comme bon nombre de Libanais, deux emplois pour tenter d’arrondir les fins de mois.

Mais tout s’écroule pour elle en 2020 quand une autre crise – cette fois mondiale – vient s’ajouter à l’effondrement socio-économique du Liban : la pandémie de Covid-19. Confinement oblige, la quarantenaire reste à la maison, sans travail, et se retrouve sans rentrées d’argent. « J’étais fauchée et désespérée », se remémore-t-elle.

Jusqu’à envisager quitter le Liban. Mais comme elle l’explique : « C’est très difficile de s’imaginer partir et recommencer une vie ailleurs. Ici, je peux faire ce que je veux, j’aurai le soutien de mes amis et de ma famille. » D’autant plus qu'elle n’est pas seule : elle est mère d’un adolescent de 15 ans, Karim. « Même si j’ai pensé à partir, je suis très attachée à mon pays et au bien-être de mon fils. »

Dans la même série

Bustan el-Zeitun : le meilleur producteur mondial d’huile d’olive est libanais

« Self-made woman »

Mais l’entrepreneuse n’est pas du genre à se laisser abattre. C’est une « self-made woman », comme elle aime se présenter. Pour sortir de l’ennui du confinement, elle choisit de creuser une idée qu’elle a depuis longtemps en tête : trouver une alternative aux aliments protéinés sur le marché, avec des ingrédients 100 % naturels que tout le monde pourrait consommer.

Elle explore alors internet et tombe sur un ingrédient qui changera sa vie : la poudre de blanc d’œufs déshydratée. Inas Khaled teste alors toutes sortes de recettes : muffins, gâteaux, barres protéinées. Verdict : elle a trouvé son ingrédient secret.

Inas Khaled en pleine confection de ses barres protéinées dans sa cuisine à Hazmiyé. Photo Chloé Lavoisard

Après ses tests en solo, c’est au tour de ses amis de jouer aux goûteurs : « Ils ont été très encourageants, ce sont eux qui m’ont poussé à commercialiser mes créations. » Toujours dans sa cuisine familiale, Inas Khaled s’y lance donc sérieusement. Mais les pénuries d'électricité qui sévissent à cette période au Liban l’obligent à faire des allers-retours chez une amie chez qui le frigo marche toute la journée. Une « période très fatigante », se rappelle-t-elle.

Enfin, tout vient à point à qui sait attendre, et un événement va propulser son projet. « J’ai envoyé des échantillons de mes produits à une amie de ma sœur. Elle a adoré et me les a achetés pour 1 000 dollars. Ce n’était pas du tout la valeur de ce que je lui avais envoyé, mais elle voulait m’aider à me lancer. Je ne la remercierai jamais assez. » Ce don lui permet ainsi d’investir dans sa cuisine à Hazmiyé et de lancer sa marque.

Une quarantaine de points de vente

Très vite, Fuel To Go devient populaire. « Notre distribution au Liban s’est peu à peu agrandie », dit-elle fièrement. Désormais, la marque est disponible dans plus de quarante points de vente dans le pays, entre Beyrouth et Tripoli. Salles de sport, pharmacies et même stations-service distribuent les produits de Fuel To Go vendus entre 240 000 livres  pour une barre énergétique et 1 300 000 livres pour un beurre aux noix et aux graines.

Si la fondatrice ne souhaite pas révéler son chiffre d’affaires, Inas Khaled vend quelque 200 pièces par jour. Une production soutenue pour les deux amies. « J’ai beaucoup de chance d’avoir Elham à mes côtés », dit-elle.

Les dattes sont un produit phare de l’entreprise Fuel To Go pour ses propriétés énergétiques. Photo Chloé Lavoisard

Première étape du matin : dénoyauter les dattes. « On ne les achète pas déjà dénoyautées car elles contiennent de l’huile. » Le reste des ingrédients aussi est préparé sur place, et quasiment tout, « sauf la poudre de blanc d’œufs et le chocolat », vient du Liban. La gérante a en effet à cœur de ne pas utiliser de sucre et se concentre donc sur des alternatives : « On fait notre propre beurre de cacahuètes et on utilise des dattes. »

Malgré ce rythme effréné, l’entrepreneuse trouve encore du temps pour se rendre à la salle de sport, où ses snacks font sensation : « Tout le monde me demande de goûter et d’en apporter, ça fait très plaisir. »

Maintenant qu’elle a concrétisé l’idée de lancer son entreprise, et fidèle à son caractère, Inas Khaled vise désormais plus loin. « Je veux améliorer le packaging de mes produits, mon logo et pourquoi pas étendre mon business jusqu’aux pays du Golfe. Mais avant ça, j’aimerais que mes produits soient vendus partout au Liban. C’est en route. »

Deux fois par mois, « L’Orient-Le Jour » se propose de raconter les récits d’entreprises libanaises qui prennent des risques et parviennent parfois à obtenir des résultats, en dépit de la crise. Dans ce dixième épisode, Inas Khaled nous raconte, dans sa petite cuisine à Hazmiyé en banlieue de Beyrouth, comment elle a réussi à monter un projet viable en 2021, en pleine...

commentaires (2)

Excellent, bravo !

Céleste

17 h 14, le 11 septembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Excellent, bravo !

    Céleste

    17 h 14, le 11 septembre 2023

  • Bravo, bravo!

    Eddy

    15 h 18, le 11 septembre 2023

Retour en haut