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Lifestyle - TOURISME AU LIBAN

Exit les grandes chaînes hôtelières, l’été 2023 sera celui des maisons d'hôte

Pour ceux qui en ont les moyens, les maisons d'hôte de charme situées dans des villages ruraux idylliques sont plus populaires que jamais, à tel point que les propriétaires de ces maisons ont lancé leur propre syndicat cet été.

Exit les grandes chaînes hôtelières, l’été 2023 sera celui des maisons d'hôte

La piscine de Beit Trad à Kfour reçoit quelques privilégiés. Photo João Sousa

Un air de jazz tout en douceur berce la salle à manger lumineuse et sereine de cette Beit située à Kfour. En cette journée humide de juillet, des couples bronzés, en maillot de bain, attendent leur tour au buffet pour garnir leurs assiettes en faïence d’une variété de salades, sous une tapisserie moghole du XVIIe siècle suspendue au mur, représentant des grenades géométriques.


La salle à manger de Beit Trad, ici tout n'est que luxe, calme et volupté. Photo João Sousa

Si cela semble déjà incroyablement luxueux, il faut découvrir le reste de Beit Trad, la crème de la crème des maisons d'hôte libanaises. À partir de 280 dollars la nuit, Beit Trad dispose d'une piscine, de services de massage dans les chambres et des antiquités collectionnées par la famille Trad. Certains clients expliquent avec le sourire que les enfants ne sont pas admis dans ces lieux magiques.

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Inaugurée en 2018, Beit Trad s'inscrit dans une tendance locale croissante de maisons d'hôte de charme gérées par des familles. La plupart se trouvent dans des zones rurales. Et au lieu de tours imposantes et modernes, beaucoup – comme Beit Trad – opèrent dans des propriétés familiales historiques aux fenêtres en pierre et en voûte, réaménagées et relookées pour accueillir les clients du XXIe siècle qui ont de l'argent à dépenser.

Ces propriétés de luxe ne souffrent pas, elles, de coupures d'électricité et du lot de difficultés souvent humiliantes qui font partie du quotidien de la majorité des Libanais, plongés dans la pauvreté depuis 2019 en raison de la crise économique.

Pourtant, selon Pierre Achkar, président du Syndicat des hôteliers, plus de 100 maisons d'hôte ont ouvert dans tout le pays depuis la pandémie du Covid et la récession économique du Liban, s’adressant à des citadins qui peuvent encore s'offrir un week-end évasion dans la campagne bucolique. Mais il n'est pas responsable des maisons d'hôte. Or celles-ci sont devenues si populaires que les propriétaires de maisons d'hôte ont lancé le mois dernier leur propre syndicat professionnel, afin de régulariser un secteur qui, selon eux, est très différent de celui des grands hôtels ou des centres de villégiature.

La souriante Sarah Trad, propriétaire de Beit Trad. Photo João Sousa

« La plupart d'entre nous sommes des amateurs », déclare Sarah Trad, propriétaire de Beit Trad. Construite par étapes à partir des années 1700 jusqu'à aujourd'hui, cette vaste maison en pierre calcaire appartient à sa famille depuis les années 1980, lorsqu'elle l'a rachetée pour en faire un refuge de montagne pendant les années de guerre civile. En 2013, Sarah a commencé à transformer la propriété en maison d'hôte « pour maintenir la vie dans les lieux, dit-elle. Nous ne sommes pas des hôtels, nous n'avons pas les mêmes règles ni la même éthique. C'est un concept différent. » « De nombreux clients réguliers sont devenus des amis », explique-t-elle tout en tendant aux clients leurs assiettes et en prenant les commandes des boissons. Le reste de la journée, elle joue son rôle d’hôte parfaite en se déplaçant dans la maison pour s’assurer de tous les petits détails. Assistée par un directeur général, elle trouve aussi le temps de se consacrer à l’ONG locale Skoun, dont elle est la présidente. L'été est sa saison la plus active, et aujourd'hui, « nous affichons complet », confirme-t-elle.

Un nouveau syndicat

Les chambres sont également toute réservées à Bkerzay, que le propriétaire Ramzi Salman décrit comme un « village d'hôtes » composé de 29 villas en pierre de style traditionnel dans les montagnes du Chouf.

Un groupe d’une trentaine d'invités est rassemblé sur la terrasse du restaurant pour célébrer un baptême, tandis que d’autres prennent un verre au bar installés près de la piscine à débordement. Sous le restaurant, trois artisans pétrissent et fabriquent des poteries qu’ils proposent dans la boutique de souvenirs.

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Depuis le mois dernier, Ramzi Salman est le président du nouveau syndicat des propriétaires de maisons d'hôte, que le ministère du Tourisme a aidé à mettre en place et dont il a facilité l'élection. Sa première tâche est « de recenser les maisons d'hôte dans tout le Liban afin de constituer une base de données fiable ».

En effet, malgré leur popularité, il n'existe toujours pas de statistiques précises sur le nombre de maisons d'hôte dans le pays. « Certaines sont simplement des “maisons de famille” privées avec des chambres supplémentaires offertes aux voyageurs, explique Salman, tandis que d'autres sont des entreprises à part entière avec des dizaines d’employés, des serveurs, des responsables du nettoyage et des massothérapeutes », comme dans son « village de maisons d'hôte » au Chouf. Il estime qu'il y a « plus de 200 » maisons d'hôte au Liban, bien que la plupart soient des maisons informelles gérées par des familles. Combien ont rejoint le syndicat jusqu'à présent ? « Aucun, répond Salman. Nous venons de commencer. »


Ramzi Salman, propriétaire de Bkerzay et président du nouveau syndicat des propriétaires de maisons d'hôte. Photo João Sousa

Mais cela pourrait changer peu après le lancement de la base de données prévue pour les maisons d'hôte – qui, espère-t-il, « sera prête dans les six mois » – et pourrait aider les propriétaires de maisons d'hôte à obtenir des réservations et plus de gains. « C'est un nouveau secteur qui se développe de manière virale », précise Salman. Dans sa propriété de Bkerzay, il affirme que les revenus ont augmenté de 26 % par rapport à l'été dernier. Cette croissance est conforme aux observations du ministère du Tourisme, qui a mené en début d'année une enquête auprès de 150 maisons d'hôte dans tout le pays, explique Sareen Amar, responsable de l'hôtellerie et de l'hébergement au ministère.

Depuis 2011, date à laquelle le ministère a publié le premier décret visant à définir et à régulariser officiellement les maisons d'hôte, de plus en plus de personnes investissent dans ces établissements, bien qu'il n'y ait pas encore de données sur les recettes annuelles totales. « C’est normal », ajoute Amar, de plus en plus de gens sont séduits par l'idée, en particulier dans les régions éloignées des grandes villes, où les familles sont à la recherche d'un revenu supplémentaire et où les touristes – y compris ceux de la diaspora libanaise – veulent rechercher une expérience « authentique ».

La la land

Cette réalité a pris un nouveau sens avec les traumatismes de ces dernières années, de la double explosion au port en 2020 à la spirale de la crise économique. Une étude récente de Human Rights Watch a révélé que la majorité des Libanais n'étaient plus en mesure de répondre à des besoins fondamentaux tels que le chauffage, l'habillement et les frais de scolarité. Certains ont même réduit leurs repas.

Mais pour les quelques privilégiés qui peuvent se le permettre, ces maisons d'hôte rurales offrent une sorte de sursis. Dans les jours qui ont suivi la double explosion du 4-Août, Sarah Trad confie qu'elle avait quitté sa maison de Hazmieh, au sud de Beyrouth, pour venir se reposer à Beit Trad. « C'était comme un labyrinthe loin de ma ville qui venait d'exploser. J'étais prête à tuer la musique, à tuer le business. Pendant trois jours, tout était calme. »

À sa grande surprise, au bout de quelques jours, les clients ont recommencé à réserver des chambres. Certains avaient un bras cassé. L'un d'entre eux était accompagné d’une infirmière pour soigner son œil blessé. « Je me souviens qu'un soir, je suis rentrée à la maison, il faisait sombre, tout était éclairé à la bougie, et j'ai vu qu'à chaque table, quelqu'un était blessé », raconte-t-elle, alors qu’une musique douce se mêle au tintement des couverts des convives réunis pour déjeuner.

« Ils recherchaient juste un peu de paix et de tranquillité. Certains d'entre eux ont confié que c'était la première fois qu'ils dormaient depuis des jours... C'est comme s'ils voulaient s’arracher de cette horrible réalité. »

Une heure plus tard, Trad disparaît et réapparaît, les pieds nus et vêtue d'un maillot de bain. Elle rejoindra ses hôtes dans la petite piscine où ils sont entrain de siroter des spritz Aperol pétillants et lire des romans en français. Un énorme chien en peluche surgit d'un coin caché de la propriété avant de faire une sieste à côté d'un jeune couple en train de bronzer au bord de la piscine. Dans la cuisine, des employés ajoutent de la confiture sur des biscuits au sucre fraîchement cuits. « Je me suis rendu compte que les la la lands sont importants », explique-t-elle enfin.


Un air de jazz tout en douceur berce la salle à manger lumineuse et sereine de cette Beit située à Kfour. En cette journée humide de juillet, des couples bronzés, en maillot de bain, attendent leur tour au buffet pour garnir leurs assiettes en faïence d’une variété de salades, sous une tapisserie moghole du XVIIe siècle suspendue au mur, représentant des grenades...

commentaires (5)

Il y a des libanais qui meurts de faim. Est ce que sa veut dire que tous les libanais n'ont plus le droits de vivre ? On passent au communisme extrême, ont donne tous ce qu'on possède pour secourir tous les victimes économiques avant d'avoir le droit à un Week end de calme et de plaisir ? Le plus important n'est pas de s'attaquer à ce qui travaillent ni à se qui dépensent, plutôt aux politiciens qui bloquent les réformes et aux forces de l'ordre qui n'arrêtent pas ce qui ont pillées les font publiques. Cela dit, c'est vrai que ce récit ressemble à une petite pub, sans recherche et très peu d'informations sur le secteur.

Sarkis Dina

12 h 56, le 16 août 2023

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Commentaires (5)

  • Il y a des libanais qui meurts de faim. Est ce que sa veut dire que tous les libanais n'ont plus le droits de vivre ? On passent au communisme extrême, ont donne tous ce qu'on possède pour secourir tous les victimes économiques avant d'avoir le droit à un Week end de calme et de plaisir ? Le plus important n'est pas de s'attaquer à ce qui travaillent ni à se qui dépensent, plutôt aux politiciens qui bloquent les réformes et aux forces de l'ordre qui n'arrêtent pas ce qui ont pillées les font publiques. Cela dit, c'est vrai que ce récit ressemble à une petite pub, sans recherche et très peu d'informations sur le secteur.

    Sarkis Dina

    12 h 56, le 16 août 2023

  • Il y a régulièrement dans l'OLJ des articles en forme de publi-reportage dithyrambiques sur telle ou telle nouvelle maison d'hôtes de luxe/boutique hôtel. Pas de distance critique, aucune réserve, pas d'expérience client réelle (d'ailleurs parfois cela porte sur des établissements sur le point d'ouvrir) et des prix totalement délirants. Le titre ne veut rien dire, quelles sont les chaînes actives au Liban ? Le marché est essentiellement constitué d'hôtels indépendants dont la vétusté et le rapport qualité-prix/service laisse rêveur. Pour le visiteur occasionnel non logé dans la famille, le développement d'airbnb a été salutaire. Du choix, de la concurrence et une forme de transparence sur les prestations.

    IBN KHALDOUN

    14 h 31, le 13 août 2023

  • 280 dollars la nuit !!!!!!! Et dire que certains trouvent que c’est normal. Même en Europe ce prix paraît excessif !!!!

    LE FRANCOPHONE

    14 h 01, le 13 août 2023

  • On peut s’attendre que l’"État" va vite instaurer des nouvelles taxes à ces maisons d’hôtes. Il reste encore de l’argent à voler…

    Gros Gnon

    08 h 44, le 13 août 2023

  • Entre temps des libanais meurent de faim….

    Robert Moumdjian

    06 h 53, le 13 août 2023

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