Le Royaume-Uni critiqué pour la gestion de la détention d'un universitaire à Dubaï

Le gouvernement britannique a "échoué à remarquer des signes de torture" visant l'universitaire britannique Matthew Hedges quand il était détenu à Dubaï et devrait lui présenter des excuses et des compensations, a estimé jeudi un médiateur parlementaire.

Venu en 2018 aux Emirats arabes unis pour un voyage d'études et des entretiens en vue de sa thèse de doctorat sur la politique du pays, Matthew Hedges s'était vu signifier l'interdiction d'en repartir deux semaines plus tard. S'en étaient suivis sept mois de détention "terrifiants", pour l'essentiel à l'isolement, avec "des menaces de violence contre moi-même et ma famille" et "des interrogatoires pouvant aller jusqu'à quinze heures" sur sa prétendue appartenance aux services de renseignements britanniques, avait-il raconté en 2022 à l'AFP. 

Après avoir examiné le traitement de ce dossier par le Royaume-Uni, le médiateur du Parlement et des services de santé (PHSO) a conclu que le ministère britannique des Affaires étrangère n'avait pas suivi ses propres directives sur la détection des cas de torture potentiels. Le PHSO a ainsi demandé au ministère de présenter des excuses officielles à M. Hedges et de lui verser une indemnité de 1.500 livres (1.737 euros au taux actuel).

Selon le médiateur, quand une équipe du ministère a rendu visite à M. Hedges en détention, elle n'a pas décelé les signes de torture potentielles alors que sa voix tremblait et qu'il avait mentionné des crises d'angoisse. "Il est difficile d'imaginer l'expérience que M. Hedges a endurée et à quel point sa détention a dû être terrifiante", a déclaré Rebecca Hilsenrath, à la tête du PHSO. "Le rôle du gouvernement est de protéger ses citoyens et il s'agit là d'un échec cuisant." M. Hedges, qui a déposé une plainte auprès du médiateur, s'est félicité des conclusions de l'enquête.

"C'est la première étape qui me permettra de vraiment guérir", a-t-il dit sur la BBC, soulignant attendre "des excuses officielles" du gouvernement. Contacté par l'AFP, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que les conclusions du médiateur seraient étudiées "en temps voulu". "Les intérêts des ressortissants britanniques, y compris ceux qui sont détenus à l'étranger, sont au cœur de notre travail consulaire et nous soutenons leurs familles chaque fois que nous le pouvons", a-t-il ajouté.