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Environnement - Repère

Mordu par un serpent ? Voici ce qu’il faut (et ne faut pas) faire

De fausses idées circulent sur les vipères venimeuses du Liban, ce qui pousse de nombreuses personnes à les tuer inutilement. L’Orient Today présente ces reptiles endémiques du pays et comment réagir… au cas où.

Mordu par un serpent ? Voici ce qu’il faut (et ne faut pas) faire

La vipère de montagne du Liban, très menacée, est l'une des trois espèces de serpents hautement venimeux originaires du pays. Photo Rami KHACHAB/Lebanese Wildlife

Avec les températures estivales record de cet été, nombreux sont les résidents et touristes du Liban fuyant la chaleur des grandes villes vers le climat plus clément des montagnes du pays. Si le Liban y offre des dizaines de kilomètres de sentiers de randonnée et de réserves naturelles, ceux-ci sont peuplés de nature sauvage… dont les serpents, injustement craints. Pour savoir quels sont les serpents inoffensifs et ceux qui requièrent une plus grande prudence, L'Orient Today s'est entretenu avec Rami Khachab, cofondateur de Lebanese Wildlife, une ONG spécialisée dans l'herpétofaune libanaise, c'est-à-dire les reptiles et les amphibiens de la région.

Trois serpents seulement sont très venimeux

Si l’on découvre encore de nouvelles espèces de serpents ici et là, explique Rami Khachab, 25 sont endémiques au Liban, parmi lesquelles 17 ne sont pas venimeux, 5 légèrement et trois… extrêmement. Les serpents légèrement venimeux sont appelés « opisthoglyphes », c'est-à-dire que leurs crochets sont situés au fond de leur mâchoire. Leur venin est relativement peu toxique donc leur morsure n’est en principe pas mortelle pour l'homme. Une visite à l'hôpital est toutefois recommandée en cas d’attaque.

Les trois espèces hautement venimeuses – des vipères – méritent un peu plus d'attention. Le Liban abrite la vipère de Palestine, la vipère des montagnes du Liban et la vipère du Levant. Une morsure de l'une de ces trois espèces peut être mortelle et nécessite une hospitalisation immédiate.

« La vipère de Palestine est la plus commune et la plus répandue dans le pays, ce qui peut en faire la plus dangereuse des trois », prévient Rami Khachab. Celle-ci est présente dans la moitié sud du pays, au Mont-Liban et dans le Nord, et vit à des altitudes allant jusqu'à 1 600 mètres. « C'est un serpent assez curieux. Il s'approche des habitations humaines à la recherche de nourriture, surtout s'il y a quelque chose qui attire les rongeurs ou les oiseaux », poursuit-t-il. « Malheureusement, cela augmente ses chances de rencontrer des humains et donc de se faire tuer ou mordre, surtout lorsque les gens agissent de manière irresponsable en essayant d'attraper les serpents dont ils ne connaissent pas l'espèce ».

La vipère de Palestine est le serpent venimeux le plus commun et le plus répandu au Liban. Photo Rami KHACHAB/Lebanese Wildlife

La vipère du Levant, elle, est certes la plus grande des trois, mais elle est aussi la plus timide. Bien qu'absente dans le Sud, on la trouve dès la région du Mont-Liban jusqu'à celle du Akkar. Cette vipère cherche à s'isoler dans les lits de rivières asséchées ou dans les zones couvertes d’arbres. Sa morsure est donc très rare. Enfin, la vipère des montagnes du Liban est une espèce en voie de disparition. Comme son nom l'indique, elle vit à haute altitude, c'est-à-dire à plus de 1 700 ou 1 800 mètres au-dessus du niveau de la mer.

La vipère du Levant, bien que la plus grande des trois vipères du Liban, est la plus timide. Photo Rami KHACHAB/Lebanese Wildlife

L'Orient Today a accompagné Rami Khachab à la recherche de ce type de vipère un jour de juillet. « Cet endroit dans le flanc de la montagne, explique-t-il, est un hibernaculum des vipères de montagne, c’est-à-dire un endroit où les serpents se réfugient pour hiberner ». Partir à la recherche d'amphibiens et de reptiles dans la nature est une activité qui porte le nom de « herping » en anglais, issu du mot « herpétologie ». L’herpétologue Rami Khachab gère un compte Instagram et une chaîne YouTube appelés « Herping Lebanon », qu'il utilise pour informer le public sur la meilleure façon de respecter ces créatures.

Rami Khachab lors de l'une de ses sorties. Photo João SOUSA

Lors de cette journée, nous n’avons malheureusement pas croisé de vipère. Mais si cela vous arrivait, poursuivez votre lecture…

Que faire en cas de morsure de vipère ?

Divers facteurs entrent en jeu pour qu’une morsure de vipère soit mortelle : l’emplacement de la morsure, la quantité de venin injecté, l’âge de la victime (les enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables) et les conditions de santé de la personne mordue. Si vous êtes la malencontreuse victime de l’attaque d’une vipère, voici ce que vous ne devez pas faire :

· N’essayez pas d’aspirer le venin : ce n’est presque pas réalisable et, de toute manière, c’est inefficace, souligne Rami Khachab. Les toxines sont déjà dans votre système et si jamais vous avalez du venin ou que vous avez ne serait-ce qu’une minuscule coupure en bouche, bonjour les complications.

· N’utilisez pas de couteau de poche pour ouvrir davantage la plaie (et tenter de faire sortir le venin) : c’est tout aussi inefficace… en plus d’être une expérience peu recommandable.

· Ne faites pas de garrot autour de la morsure : cela restreindra la circulation du sang et maximisera la possibilité de perdre le membre infecté.

La meilleure chose à faire ? Restez calme.

Le spécialiste photographiant la vipère du Levant. Photo Rami KHACHAB/Lebanese Wildlife

Une tachycardie accélérera la diffusion du venin dans le corps. Respirez un grand coup, vous n’allez pas tomber raide mort. Localisez l’hôpital le plus proche et tentez de vous y rendre le plus rapidement possible mais avec le minimum d’effort physique. Si vous êtes en montagne et accompagné dans votre activité par quelqu’un qui peut vous porter, laissez-vous faire afin d’économiser votre énergie. Une autre option est d’appeler une ambulance, qui pourrait vous transporter à l’hôpital tout en vous administrant les premiers soins. Si vous le pouvez également, lavez la blessure avec du savon pour retirer tout résidu de venin et bactérie.

Il est à noter toutefois que le Liban ne produit pas d’antidote contre le venin mais l’importe de Centre de recherches et d’études scientifiques de Syrie. Aussi, tous les hôpitaux libanais ne l’ont pas en stock… Cela étant, si vous vous rendez dans un hôpital qui n’en possède pas, les infirmiers ont de quoi vous sauver la vie. Ils pourront également vous administrer des fluides intraveineux, des antihistaminiques et des anti-inflammatoires qui réduiront les gonflements et minimiseront les effets secondaires.

Mais, pour Rami Khachab, le mieux bien sûr est « de ne pas se faire mordre ; si vous êtes prudent et responsable, il n’y a pas de raison que vous soyez attaqué ». Soyez conscient de ce qui vous entoure. Si vous êtes en randonnée ou si vous jardinez, portez des bottes. Vous pouvez toujours utiliser un bâton de randonnée pour sonder les herbes avant d’y mettre les pieds. Enfin, si vous rencontrez un serpent, évidemment, n’essayez pas de l’attraper …

Des idées reçues, nuisibles à l’espèce

Bien que les serpents venimeux du Liban fassent l'objet d'une peur compréhensible, celle-ci nuit aussi bien aux vipères qu'aux serpents non venimeux. « En raison du manque d'éducation et de sensibilisation à l'environnement, les gens tuent tout ce qui ressemble à un serpent, si bien que leur nombre diminue », regrette l’expert. « La plupart des espèces non venimeuses en souffrent », comme l'inoffensive couleuvre Hemorrhois nummifer, prend-il en exemple. Cette couleuvre tachetée est très utile pour lutter contre les rongeurs, mais sa ressemblance avec la vipère de Palestine lui est fatale : elle est souvent tuée par mégarde.

L'inoffensive couleuvre tachetée est souvent confondue avec la vipère de Palestine. Photo Rami KHACHAB/Lebanese Wildlife

« Il y a aussi le pauvre lézard sans pattes », ajoute-t-il. « Ce n'est même pas un serpent, mais les gens croient qu'il est dangereux ou très venimeux en raison de son apparence étrange et de ses écailles dures. Ils le prennent carrément pour un monstre et de nombreuses personnes le tuent. Mais il est totalement inoffensif : il ne mord même pas ». Tous ces animaux sont importants pour les différents écosystèmes que l'on trouve au Liban, alors Rami Khachab souhaite sensibiliser le public afin que de moins en moins de reptiles indigènes soient injustement attaqués par les humains.

Le lézard sans pattes est souvent tué pour son apparence étrange, alors qu'il est totalement inoffensif. Photo Rami KHACHAB/Lebanese Wildlife

En tout cas, si un serpent ou tout autre animal s'aventure dans votre maison ou votre jardin, Rami Khachab ou un autre membre de Lebanese Wildlife se fera un plaisir de venir l'enlever. « Notre objectif n'est pas de forcer les gens à aimer les serpents, mais de les respecter et de les laisser vivre », conclut-il.

Pour faire enlever un serpent ou un reptile de votre domicile en toute sécurité, contactez Lebanese Wildlife au +961 81 770541 ou Rami Khachab au +961 71 316725.

Avec les températures estivales record de cet été, nombreux sont les résidents et touristes du Liban fuyant la chaleur des grandes villes vers le climat plus clément des montagnes du pays. Si le Liban y offre des dizaines de kilomètres de sentiers de randonnée et de réserves naturelles, ceux-ci sont peuplés de nature sauvage… dont les serpents, injustement craints. Pour...

commentaires (5)

Nos reptiles sont inoffensifs par rapport aux serpents politiques de notre pays dont la spécialité est l’injection de poison confessionnel de toutes sortes et dont on guérit jamais hélas !

PROFIL BAS

06 h 03, le 22 juillet 2023

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Nos reptiles sont inoffensifs par rapport aux serpents politiques de notre pays dont la spécialité est l’injection de poison confessionnel de toutes sortes et dont on guérit jamais hélas !

    PROFIL BAS

    06 h 03, le 22 juillet 2023

  • La grande majorité des serpents du Liban sont , non seulement inoffensifs, mais utiles, et qu'IL NE FAUT PAS LES TUER. Même s'il est impressionnant par sa taille (qui peut atteindre 2,50m), le serpent noir (couleuvre rouge-gorge) que l'on peut rencontrer en montagne, entre dans cette catégorie.

    Yves Prevost

    07 h 24, le 21 juillet 2023

  • Le serpent n'attaque pas si on l'évite. Souvent, le serpent mord seulement sans injecter du poison, et ceci selon les circonstances. La morsure simple est identifiable facilement sans signes d'empoisonnement, ni œdème. On dit souvent près du serpent on peut dormir, mais, ne jamais s'approcher d'un scorpion qui attaque immédiatement.

    Esber

    18 h 56, le 20 juillet 2023

  • Super article! Merci beaucoup pour ces informations. C’est toujours très intéressant de comprendre la nature spécifique à notre pays et les bons gestes en cas d’urgence.

    K1000

    13 h 59, le 20 juillet 2023

  • Bon a savoir, merci

    Jack Gardner

    12 h 49, le 20 juillet 2023

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