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Dernières Infos - Haut-Karabakh

Des milliers de manifestants pour la réouverture du corridor vers l'Arménie


Vue d'un poste de contrôle azerbaïdjanais récemment installé à l'entrée du corridor de Lachin, le seul lien terrestre de la région séparatiste du Haut-Karabakh peuplée d'Arméniens avec l'Arménie, par un pont traversant la rivière Hakari, le 2 mai 2023. Photo Tofik Babayev/AFP

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Stepanakert, la principale ville du Haut-Karabakh, région séparatiste azerbaïdjanaise, en appelant Bakou à rouvrir le seul axe routier la reliant à l'Arménie.

Région majoritairement peuplée d'Arméniens mais reconnue internationalement comme partie de l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh est le théâtre depuis quatre décennies d'un conflit territorial entre Bakou et Erevan qui a débouché sur deux guerres.

La dernière, en 2020, a vu la défaite des forces arméniennes et des gains de territoire importants pour l'Azerbaïdjan, qui ont repris le contrôle d'une partie de la région et de ses alentours. Depuis, les liaisons entre le Haut-Karabakh et l'Arménie ne sont possibles que par un axe routier, le corridor de Latchine. Celui-ci a été fermé mardi par l'Azerbaïdjan, au prétexte d'actes de "contrebande" menés par la branche arménienne de la Croix-Rouge, alors qu'Erevan craint depuis plusieurs mois une grave crise humanitaire au Haut-Karabakh, du fait de conditions d'accès de plus en plus difficiles depuis l'Arménie.

D'après un correspondant de l'AFP, environ 6.000 manifestants se sont réunis vendredi sur la place principale de Stepanekert, chantant des slogans comme "Non au blocus!" ou "Ouvrez la route de la vie!". "Les Casques bleus russes doivent garantir les droits et la survie du peuple de l'Artsakh", a scandé devant la foule le médiateur des droits pour le Haut-Karabakh, Ghegham Stepanian, en utilisant le nom arménien de la région séparatiste. "Nous vivons un moment fatidique: les Azerbaïdjanais veulent anéantir le peuple de l'Artsakh, s'emparer de notre patrie", a dit un manifestant, le prêtre Nerses Asraïan.

Selon plusieurs habitants de Stepanakert avec qui l'AFP s'est entretenu cette semaine, des pénuries alimentaires et de graves problèmes d'accès aux services médicaux se font sentir dans cette région montagneuse de 120.000 habitants. Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Djeyhoun Baïramov, a lui assuré que les résidents du Haut-Karabakh pouvaient passer "le poste de contrôle frontalier à des fins médicales avec le soutien du CICR".

Lors d'une réunion avec le chef de la délégation de la Croix-Rouge en Azerbaïdjan, M. Baïramov a assuré que Bakou avait proposé d'aider à assurer "l'approvisionnement des résidents arméniens" de la région, selon la diplomatie azerbaïdjanaise.

"blocus"

La crise autour du corridor de Latchine remonte à décembre, quand l'Arménie a alerté la communauté internationale du risque de crise humanitaire en raison de premières restrictions de circulation. En avril, l'Azerbaïdjan a annoncé la création d'un barrage routier à l'entrée du corridor, pour des raisons sécuritaires, alors que des incidents armés entre forces arméniennes et azerbaïdjanaises se produisent encore régulièrement.

L'Azerbaïdjan a finalement dit avoir dû suspendre mardi la circulation à cause de "multiples tentatives de contrebande" par des véhicules appartenant à la branche arménienne de la Croix-Rouge, ce que le CICR a réfuté. Jeudi, un responsable du Haut-Karabakh, Gourgen Nersissian, a pressé la Russie de faire rétablir la circulation en utilisant ses soldats de maintien de la paix déployés depuis fin 2020. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a de son côté annoncé qu'il participera samedi à Bruxelles à des négociations avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev sous l'égide de l'UE, tout en dénonçant un "blocus" illégal du Haut-Karabakh.

L'implication dans la région des pays occidentaux, notamment de l'Union européenne, est croissante alors que le traditionnel gendarme du Caucase, la Russie, embourbée dans son invasion de l'Ukraine, semble perdre en moyens d'action.

A l'automne 2020, Moscou avait parrainé l'accord de cessez-le-feu à l'issue d'une guerre de six semaines qui avaient vu la défaite des forces arméniennes, contraintes de céder des territoires qu'elles contrôlaient depuis des décennies. La Russie s'était engagée à déployer des soldats pour garantir la libre circulation entre l'Arménie et le Haut-Karabakh, mais Erevan accuse Moscou d'échouer dans cette tâche.



Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Stepanakert, la principale ville du Haut-Karabakh, région séparatiste azerbaïdjanaise, en appelant Bakou à rouvrir le seul axe routier la reliant à l'Arménie.

Région majoritairement peuplée d'Arméniens mais reconnue internationalement comme partie de l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh...