Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Diplomatie

L'OTAN veut afficher son unité à Vilnius, Erdogan donne de la voix


Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président ukrainien Volodymyr Zelensky partent après une conférence de presse conjointe au manoir Vahdettin à Istanbul le 7 juillet 2023. Photo Ozan Kose/AFP

Les efforts de l'OTAN pour afficher un front uni lors d'un sommet crucial à Vilnius ont été sapés lundi par les déclarations chocs du président turc Recep Tayyip Erdogan qui a posé de nouvelles conditions à l'arrivée de la Suède au sein de l'Alliance.

Le sommet de deux jours, qui rassemble les dirigeants des 31 membres de l'Alliance atlantique, vise d'abord à envoyer un message de soutien fort à l'Ukraine, un peu plus de 500 jours après le début de l'offensive russe. Arrivé dans la capitale lituanienne en fin d'après-midi, l'homme fort d'Ankara, réélu fin mai pour cinq ans, a rencontré le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. Mais ses propos ont douché les espoirs d'une sortie rapide de l'impasse sur ce dossier emblématique.

"Ouvrez d'abord la voie à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et, ensuite, nous ouvrirons la voie à la Suède tout comme nous avons ouvert la voie à la Finlande", avait lancé quelques heures plus tôt le "Reis" ("Chef"), surnom que lui donnent ses plus fervents partisans.

Depuis Berlin, le chancelier allemand Olaf Scholz a immédiatement souligné que les deux sujets ne pouvaient être liés. Les négociations entre Ankara et l'UE sont à l'arrêt depuis plusieurs années. Il y a un an, lors du précédent sommet de l'OTAN à Madrid, il avait fallu des heures de négociation pour arracher au président turc un soutien à l'invitation initiale à Stockholm.

Afin de dissuader Moscou de lancer de nouvelles offensives à l'avenir, Kiev mais aussi les pays de l'est de l'Europe réclament une feuille de route claire vers l'adhésion. Cette dernière aurait des "conséquences très négatives" pour la sécurité européenne, a mis en garde le Kremlin, qui la considère comme une "menace".

Nécessaires réformes en Ukraine

Sur la question sensible de l'adhésion de l'Ukraine, l'Alliance a annoncé qu'elle allait lever le MAP ("Membership action plan"), sorte d'antichambre à la candidature à l'Alliance qui fixe un certain nombre d'objectifs de réformes. "Mais l'Ukraine devra encore mener d'autres réformes avant d'adhérer à l'OTAN", a souligné un responsable occidental sous couvert de l'anonymat.

Depuis des mois, la Maison Blanche souligne que l'adhésion de l'Ukraine ne peut être envisagée à court terme et qu'il est préférable de se concentrer sur des mécanismes d'aide militaire dans la durée. "Le processus d'adhésion à l'OTAN prend du temps", a martelé le président américain Joe Biden dans un entretien à CNN avant de s'envoler pour Londres où il a rencontré le Premier ministre Rishi Sunak et le roi Charles III.

Alors qu'un nouveau bombardement russe sur un centre de distribution d'aide humanitaire à Orikhiv (centre) a fait au moins quatre morts lundi et que la contre-offensive ukrainienne est à la peine, les membres de l'Alliance entendent donner des garanties de leur engagement à défendre l'Ukraine. Kiev a revendiqué lundi avoir repris 14 km2 la semaine dernière, soit 193 km2 depuis début juin. Plusieurs poids lourds de l'OTAN négocient de possibles engagements de fournitures d'armes sur le long terme à Kiev.

Bombes à sous-munitions critiquées

Les promesses d'armes viendraient en complément des dizaines de milliards de dollars d'équipements déjà livrés à l'Ukraine depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. En attendant, l'Ukraine a d'ores et déjà obtenu vendredi de Washington la promesse de lui livrer des bombes à sous-munitions, une arme très controversée.

Ces armes, interdites dans de nombreux pays, sont vivement critiquées car elles tuent à l'aveugle en dispersant des petites charges explosives avant ou après l'impact et sont accusées de faire de nombreuses victimes civiles collatérales. La Russie y a vu un "aveu de faiblesse".

Joe Biden, qui a défendu sa décision "difficile", a fait une visite éclair au Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui avait appelé samedi à "décourager" l'utilisation de ces armes interdites par la convention d'Oslo de 2008 signée par son pays. Joe Biden a vanté une relation "solide comme le roc" qui unit les deux pays, à l'issue de l'entretien.

La guerre en Ukraine, qui a démarré le 24 février 2022 par une invasion russe, a fait 9.000 morts parmi les civils, dont 500 enfants, selon l'ONU qui estime que le bilan des victimes pourrait être bien plus élevé.

Les efforts de l'OTAN pour afficher un front uni lors d'un sommet crucial à Vilnius ont été sapés lundi par les déclarations chocs du président turc Recep Tayyip Erdogan qui a posé de nouvelles conditions à l'arrivée de la Suède au sein de l'Alliance.Le sommet de deux jours, qui rassemble les dirigeants des 31 membres de l'Alliance atlantique, vise d'abord à envoyer...