Le prédicateur suisse Tariq Ramadan renvoyé en procès pour viols sur quatre femmes

Le prédicateur suisse Tariq Ramadan, figure déchue de l'islam européen, a été renvoyé en procès à Paris où il devra répondre d'accusations de viols sur quatre femmes entre 2009 et 2016, a appris l'AFP vendredi de source judiciaire.

Ce dossier emblématique de l'ère #MeToo avait été déclenché fin octobre 2017 par les plaintes d'Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque, et d'une femme convertie à l'islam qui échangeait avec le prédicateur sur les réseaux sociaux. Deux autres plaignantes, dont une escort-girl, se sont ultérieurement jointes à la procédure.

Figure charismatique de l'islam, M. Ramadan a d'abord nié avoir eu des relations sexuelles extraconjugales avec les plaignantes avant de reconnaître des "relations de domination", rudes mais "consenties".

Aux termes de l'enquête, deux juges d'instruction ont ordonné que le prédicateur de 60 ans soit jugé devant la cour criminelle départementale de Paris, juridiction composée uniquement de juges professionnels, selon une ordonnance de mise en accusation dont l'AFP a eu connaissance.

Fin mai, le conférencier, petit-fils du fondateur des Frères musulmans, avait obtenu une victoire judiciaire en Suisse où une femme l'accusait de viol et de contrainte sexuelle. Un tribunal genevois l'a acquitté, estimant qu'il n'y avait pas de preuve contre lui. Les avocats de la plaignante ont annoncé faire appel d'une décision "profondément injuste".

Après son renvoi en procès à Paris, Me Laure Heinich, qui défend plusieurs plaignantes en France, a indiqué que ses clientes se réjouissaient "de cette décision et du travail manifestement très méticuleux" des magistrates. Sa consoeur Me Ben Kemoun a ajouté que les plaignantes étaient "soulagées et prêtes pour la suite".

Les avocats de M. Ramadan ont, eux, dénoncé un "énième passage en force", en soulignant qu'un recours contre des expertises psychiatriques n'avait pas encore été tranché par la Cour de cassation, plus haute juridiction judiciaire en France.

"Tenter de renvoyer une personne devant une juridiction de jugement alors que la Cour de cassation est saisie d'une requête en nullité concernant le point central de ce dossier est inadmissible", ont assuré Philippe Ohayon, Ouadie Elhamamouchi et Nabila Asmane.