La centrale électrique de Zouk, dans le Kesrouan. Photo : P.H.B.
Deux jours après la réunion consacrée au dossier entre le Premier ministre désigné Nagib Mikati et le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, le conseil d’administration d'Électricité du Liban (EDL) a annoncé dans un communiqué jeudi la réduction de certains de ses tarifs. Une décision qui fait suite aux demandes insistantes de l’Association des industriels libanais, la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL) et d’importants blocs parlementaires qui réclamaient notamment une baisse des frais fixes grevant les abonnements.
Lors de la réunion de mardi, il avait ainsi été décidé qu’EDL puisse « procéder à des ajustements périodiques des parties fixe et variable (…) en fonction des fluctuations du prix du pétrole ».
EDL précise que les modifications effectuées tiennent également compte de la baisse globale du taux de change de la livre sur le marché (93 000 livres pour un dollar jeudi et de la stabilité relative de celui de la plateforme Sayrafa opérée par la Banque du Liban (86 200 ces derniers jours).
• Le fournisseur public a ainsi décidé de baisser de 25 % les frais fixes d’abonnements et de maintenance.
• Il a également réduit d’un cent de dollar, le prix du kilowattheure payé par les abonnés qui en consomment plus de 100 par mois. Ce tarif passe désormais à 0,26 dollar par kWh au lieu de 0,27.
• EDL a en revanche maintenu à 0,10 dollar le prix du kWh pour les abonnés qui consomment moins de 100 kWh par mois.
• Ces modifications seront appliquées sur les factures de janvier et février qui doivent encore être émises.
Supprimer la majoration de 20 %
Le conseil d’administration d’EDL a également indiqué qu’il n’était pas de son ressort de modifier le taux de change auquel sont converties les factures d’EDL en livres, à savoir le taux de la plateforme Sayrafa moyen sur la période de consommation majorée de 20%, une règle imposée par la BDL dans un courrier du 8 décembre 2022.
Il a aussi annoncé qu’il allait écrire au Premier ministre sortant Nagib Mikati, au ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, à celui de l’Énergie, Walid Fayad, ainsi qu’à la BDL pour obtenir que le taux applicable pour convertir les factures de mars en livres soit celui de Sayrafa, sans la majoration de 20 %. Si elle est validée, cette suppression de la majoration de 20 % du taux de Sayrafa sera appliquée sur les factures des mois suivants qui seront émises mensuellement. Selon son service de presse que nous avons contacté, EDL doit actuellement commencer à collecter les factures de janvier et février.
EDL prévoit en outre de réaliser « une étude » visant à amender les tarifs pour les factures des mois suivants celui de juin 2023 en tenant compte des cours du pétrole, des quantités de carburant livrées, du taux de change et des montants engrangés par la collecte. Cette étude servira de base à un débat « avec toutes les parties concernées » en vue d’un nouvel ajustement de ces tarifs. EDL a ajouté que la hausse des tarifs s’inscrit dans le cadre des réformes réclamées par les partenaires du Liban et « les bailleurs de fonds internationaux » (une référence indirecte à la Banque mondiale). Une réforme qui était inscrite dans le plan d’urgence pour l’électricité approuvé en bonne et due forme par les autorités libanaises au courant de l’été 2022. Elle a appelé les abonnés à régler leurs factures et à ne pas « violer la loi » en se branchant illégalement sur le réseau.
Le fournisseur public d’électricité se trouvait déjà en triste état avant la crise. Même en temps normal, ses capacités ne suffisent pas à répondre à la demande, et la situation désastreuse de ses finances ne lui permet pas d’acheter suffisamment de carburant pour fournir plus de quelques heures de courant par jour. Bloqués depuis 1994 sur la base d’un baril à 23 dollars, ses tarifs ont été modifiés pour la première fois en novembre 2022 avec l’objectif annoncé de redresser ses finances en attendant de pouvoir réhabiliter ses équipements et infrastructures. En attendant, le fournisseur doit compter sur des avances du Trésor et le carburant fourni via un accord de troc conclu au courant de l’été 2021 entre le Liban et l’Irak et prolongé à une reprise depuis.
commentaires (4)
La canaille de l'EDL continue de sevir. Nepotisme et corruption sont les marques de fabrique de cette institution, depuis les ministres successifs qui en ont fait la vache a lait des dessous de table juteux, en passant par une direction vereuse au service des sous-traitants venaux et arrogants. Tfeeeeh.
Michel Trad
10 h 50, le 09 juin 2023