L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan. Photo Ani
Le ministère libanais des Affaires étrangères a annoncé samedi qu'il va prochainement envoyer une commission en France chargée d'enquêter sur l'ambassadeur du Liban Rami Adwan, qui fait l'objet d'une enquête des autorités judiciaires françaises pour viol et violences volontaires après des plaintes de deux ex-employées de l'ambassade.
La France a demandé vendredi au Liban de lever l'immunité diplomatique de M. Adwan, qui est ambassadeur du Liban en France depuis 2017.
Dans un communiqué publié samedi, le ministère des Affaires étrangères indique avoir décidé "d'envoyer à Paris une commission d'enquête dirigée par le secrétaire général du ministère et son directeur de l'inspection à l'ambassade à Paris pour enquêter sur l'ambassadeur et écouter les témoignages des employés de l'ambassade et de ses travailleurs administratifs."
Le palais Bustros ajoute qu'il demandera aux autorités françaises de "clarifier ce qui a été rapporté dans les médias et que le ministère libanais des Affaires étrangères n'a pas reçu par le biais des procédures diplomatiques officielles, afin qu'il puisse légalement agir en conséquence d'une manière qui garantisse l'intérêt public".
Le ministère se dit enfin "désireux d'agir de manière responsable dans l'affaire présentée, de manière à protéger la réputation et le rang de l'État" libanais.
"Lever l'immunité"
Vendredi soir, le Quai d'Orsay a demandé au Liban de lever l'immunité de son ambassadeur en France.
"Face à la gravité des faits évoqués, nous estimons nécessaire que les autorités libanaises lèvent l'immunité de l'ambassadeur du Liban à Paris, afin de faciliter le travail de la justice française", a réagi vendredi soir auprès de l'AFP le ministère français des Affaires étrangères.
La première femme, âgée de 31 ans, a porté plainte en juin 2022 pour un viol commis, selon son récit à la police, en mai 2020 dans l'appartement privé de l'ambassadeur Rami Adwan, en poste depuis 2017, selon des sources proches de l'enquête, qui confirmaient des révélations du média en ligne Mediapart. Dans sa plainte consultée par l'AFP, elle déclare avoir signifié son refus d'un rapport sexuel, avoir crié et pleuré.
La jeune femme, employée comme rédactrice, avait déjà signalé à la police en 2020 que M. Adwan l'avait frappée lors d'une dispute dans son bureau, mais sans porter plainte pour ne "pas briser la vie de cet homme", marié et père de famille. Elle entretenait une "relation amoureuse" avec l'ambassadeur qui exerçait sur elle des "violences psychologiques et physiques avec humiliations quotidiennes".
La deuxième femme, âgée de 28 ans, qui avait noué aussi une relation intime avec le diplomate peu après son arrivée comme stagiaire en 2018, a porté plainte en février dernier pour dénoncer une série d'agressions physiques souvent commises après un refus d'un rapport sexuel. Elle affirme notamment que Rami Adwan a tenté de la percuter avec sa voiture lors d'une dispute en marge du Forum pour la Paix à Caen, dans l'ouest de la France, en septembre. Elle accuse aussi l'ambassadeur d'avoir tenté de l'asphyxier chez elle en enfonçant son visage sur son lit, fin décembre.
"Mon client conteste toute accusation d’agressions sous quelque forme que ce soit : verbale, morale, sexuelle. Entre 2018 et 2022, il a eu avec ces deux femmes des relations amoureuses émaillées de disputes et de ruptures", a réagi à l'AFP l'avocat de Rami Adwan, Me Karim Beylouni.
Contacté vendredi par L'Orient-Le Jour, l'avocat de M. Adwan a indiqué que son client s'est "largement expliqué sur ces allégations et conteste ces accusations de viol et de coups". M. Adwan a "expliqué la nature de ces relations, parfois tumultueuses et émaillées de scènes et de disputes. Il est disposé à s’en expliquer le cas échéant", ajoute-t-il dans un message.
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14 h 56, le 06 juin 2023