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Moyen-Orient - DIPLOMATIE

Poursuivant sa vague de rapprochements, MBS se réconcilie avec Ottawa

Les deux pays étaient brouillés depuis près de cinq ans, suite à des critiques du Canada sur la répression du régime saoudien face aux défenseurs des droits de la femme.

Poursuivant sa vague de rapprochements, MBS se réconcilie avec Ottawa

Le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane et le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Photo d’archives AFP

La page est bel et bien tournée. Celle de la mise au ban sur la scène internationale du prince héritier saoudien, celle de l’affaire Khashoggi qui avait scandalisé le monde entier, voire celle de la diplomatie basée sur le respect des droits humains. L’Arabie saoudite et le Canada vont rétablir leurs liens diplomatiques à leur niveau d’antan après cinq années de brouille. Une annonce commune diffusée  mercredi dernier qui fait suite à des discussions tenues entre Mohammad ben Salmane et le Premier ministre canadien Justin Trudeau en novembre dernier, en marge du sommet de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) à Bangkok. Un nouvel ambassadeur canadien a déjà été nommé pour retourner à Riyad, l’ancien ayant été déclaré persona non grata près de cinq ans plus tôt.

Tout est parti de messages postés sur Twitter à l’été 2018 par le ministère canadien des Affaires étrangères et son ambassade dans le royaume. Ottawa exprimait alors ses inquiétudes quant à l’arrestation de représentants de la société civile et de défenseurs des droits de la femme, en pleine campagne de répression contre celles qui militaient pour le droit à conduire, pourtant finalement octroyé en juin de la même année. Était en outre exigée la libération immédiate de ces activistes, avec une mention spéciale pour Samar Badawi, dont la belle-sœur et ses enfants ont la nationalité canadienne. Car la défenseure des droits de la femme est également la sœur de Raïf Badawi, célèbre blogueur dissident emprisonné en 2012 pour « insulte à l’islam », relâché l’année dernière mais encore sous le coup d’une interdiction de voyager. Sa femme et leurs trois enfants habitent au Québec depuis 2015, où ils ont cherché refuge et ont été naturalisés. En réaction aux messages des autorités d’Ottawa, Riyad a rappelé son ambassadeur, expulsé l’envoyé canadien, annulé les vols directs entre les deux pays et gelé tous nouveaux investissements et contrats au Canada.

Nouvelle Arabie

Près de cinq ans plus tard, de l’eau a coulé sous les ponts, malgré une répression qui continue contre les voix dissidentes ou critiques. Le prince héritier saoudien s’attelle à se rapprocher d’anciens rivaux en vue de recomposer un Moyen-Orient stable pour assurer sa croissance postpétrole, et se pose en rassembleur du monde arabe, voire en leader mondial. L’année dernière, il assurait ainsi sa réhabilitation sur la scène internationale en recevant à Djeddah Joe Biden, qui l’avait pourtant ostracisé en déclassifiant un rapport secret des services de renseignements américains pointant du doigt son rôle approbateur dans l’assassinat de Jamal Khashoggi en octobre 2018. Fort de la flambée des prix des hydrocarbures liée à l’invasion russe de l’Ukraine, Mohammad ben Salmane s’est repositionné au centre du jeu international. Alors que le prince héritier ne cache pas sa connivence avec la Russie de Vladimir Poutine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à Djeddah le 19 mai pour tenir un discours durant le sommet de la Ligue arabe qui devait marquer le retour de Bachar el-Assad dans le giron arabe.

Si la réconciliation entre le Canada et l’Arabie saoudite n’est une priorité stratégique pour aucun des deux pays, cela pourrait permettre de reprendre une coopération en matière de commerce, d’investissement et d’éducation. Selon l’agence Reuters, le royaume wahhabite était le principal débouché de la région pour Ottawa en 2021, malgré la brouille diplomatique, à hauteur de 1,65 milliard de dollars, tandis que le Canada importait alors pour près de 2,4 milliards de dollars, principalement du pétrole et des produits pétrochimiques. À cette date, les exportations canadiennes vers le royaume consistaient essentiellement en des tanks et des véhicules blindés, selon le site Observatory of Economic Complexity. « Il était temps que tout cela se résolve », a déclaré à al-Monitor Dennis Horak, l’ambassadeur canadien qui s’est fait expulser de Riyad en 2018. « Revenir là où nous étions profitera aux deux pays », a-t-il ajouté.

La page est bel et bien tournée. Celle de la mise au ban sur la scène internationale du prince héritier saoudien, celle de l’affaire Khashoggi qui avait scandalisé le monde entier, voire celle de la diplomatie basée sur le respect des droits humains. L’Arabie saoudite et le Canada vont rétablir leurs liens diplomatiques à leur niveau d’antan après cinq années de brouille. Une...

commentaires (1)

Une bonne nouvelle pour de meilleures relations avec le Canada. MBS est infatigable et pense en premier lieu au royaume Saoudite sous l’ombrage des pays du golfe dont il est le dénominateur et le protecteur.

Mohamed Melhem

09 h 17, le 19 juin 2023

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Commentaires (1)

  • Une bonne nouvelle pour de meilleures relations avec le Canada. MBS est infatigable et pense en premier lieu au royaume Saoudite sous l’ombrage des pays du golfe dont il est le dénominateur et le protecteur.

    Mohamed Melhem

    09 h 17, le 19 juin 2023

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