Un chercheur turc brièvement interpellé à son retour à Istanbul

Un chercheur en sciences politiques turc, Berk Esen, a été brièvement interpellé dimanche soir, à quelques jours des élections, à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul pour un tweet datant de 2020, a-t-il rapporté sur Twitter. "Je suis détenu par la police à l'aéroport alors que je rentre dans le pays" a indiqué Berk Esen, annonçant quelques heures plus tard avoir été "libéré à condition de témoigner (devant la justice) dans cinq jours".

Contacté par l'AFP, Berk Esen, professeur en sciences politiques à l'université Sabanci d'Istanbul, a confirmé son message. Cet incident survient à quelques jours des élections présidentielle et législatives du 14 mai, dans une Turquie polarisée entre le camp du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans et son principal adversaire, Kemal Kiliçdaroglu, candidat d'une coalition de six partis d'opposition.

M. Esen a expliqué sur Twitter que cette interpellation était liée à "une plainte déposée par Cihat Yayci", amiral de la marine turque, démis de ses fonctions par décret présidentiel en mai 2020 et qui avait préféré donné sa démission.

"Le procureur a émis un mandat pour une plainte déposée par Cihat Yayci au sujet d'un tweet qui ne contenait aucune insulte personnelle et à propos duquel j'avais déjà témoigné il y a des mois. Je vis en Turquie, aucune notification ne m'a été faite. Avons-nous besoin de ça?" a-t-il écrit sur Twitter.

Dans une étude parue en mai 2020, Berk Esen et d'autres chercheurs s'interrogeaient sur la dérive autoritaire du pouvoir et du parti présidentiel AKP, ("Pourquoi la démocratie turque s'effondre-t-elle"), affirmant que "la Turquie n'est plus une démocratie".

Dimanche, le bus de campagne du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, très engagé au côté de M. Kiliçdaroglu et champion de l'opposition au président Erdogan depuis son élection en 2019, a été caillassé dans l'est de la Turquie, une place forte de l'AKP.

M. Imamoglu fait l'objet d'une condamnation dont il a fait appel mais qui l'a privé de toute candidature pour ce scrutin.