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Dernières Infos - Diplomatie

La Chine dénonce la "calomnie" du Canada après la convocation de son ambassadeur

L'ambassadeur de Chine au Canada Cong Peiwu, novembre 2019. Photo d'archives AFP

La Chine a dénoncé vendredi les "calomnies" et "diffamations" dont elle s'estime victime après la convocation par le Canada de son ambassadeur, sur fond d'accusations d'intimidation contre un député canadien hostile à Pékin. Les relations bilatérales sont tendues depuis l'arrestation en 2018 par les autorités canadiennes d'une responsable du groupe télécom chinois Huawei et de l'emprisonnement en représailles par la Chine de deux ressortissants canadiens.

Si tous les trois ont depuis été libérés, les tensions ont perduré, Pékin reprochant à Ottawa son alignement sur la politique chinoise de Washington et les autorités canadiennes accusant régulièrement la Chine d'ingérence. Dans ce contexte, le quotidien canadien Globe and Mail a publié lundi un rapport estimant justement qu'Ottawa a fermé les yeux sur de supposées "ingérences" chinoises dans les affaires intérieures du Canada.

Le député canadien conservateur Michael Chong et sa famille auraient ainsi subi des pressions chinoises en raison des critiques du parlementaire envers Pékin - notamment sur la question des Ouïghours. Sous pression, le ministère canadien des Affaires étrangères a convoqué jeudi l'ambassadeur de Chine pour évoquer ces allégations d'intimidations et pourrait aussi répliquer en expulsant des diplomates.

"Le Canada calomnie et diffame de manière infondée le fonctionnement normal des ambassade et consulats chinois au Canada", a déploré vendredi devant la presse Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "La Chine en est fortement mécontente et y est fermement opposée", a-t-elle souligné, assurant que l'ambassadeur de Chine avait "fait part au responsable du ministère canadien des Affaires étrangères" de ses "vives protestations".

Attentats

Des députés de l'opposition au Premier ministre canadien Justin Trudeau ont exigé cette semaine que le gouvernement prenne ses responsabilités dans cette affaire qui suscite un tollé au Canada. Citant des documents classifiés et une source anonyme, le Globe and Mail affirme que l'agence de renseignement chinoise avait prévu de viser le député Michael Chong pour avoir voté, en février 2021, en faveur d'une motion assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure à "un génocide".

Un fonctionnaire du consulat de Chine à Toronto serait impliqué dans cette affaire. "Je tiens à souligner que le personnel diplomatique et consulaire chinois au Canada a toujours respecté les conventions internationales et exercé ses fonctions conformément à la loi", a souligné vendredi la porte-parole chinoise Mao Ning. "La Chine prendra les mesures nécessaires pour sauvegarder ses intérêts", a-t-elle promis.

Les Ouïghours, principalement musulmans, sont le principal groupe ethnique du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), région longtemps frappée par des attentats sanglants attribués par les autorités à des islamistes et des séparatistes ouïghours. Au nom de l'antiterrorisme, les autorités chinoises ont lancé au milieu des années 2010 une vaste campagne de répression. Les Etats-Unis parlent de "génocide". L'ONU évoque la possibilité de crimes contre l'humanité.

Interdit d'entrée

En compagnie notamment de deux autres personnalités américaines, Michael Chong avait été sanctionné en mars 2021 par Pékin, en réponse à de premières sanctions du Canada et des Etats-Unis contre la Chine sur ce sujet. Les personnes visées étaient interdites d'entrée en Chine continentale, à Hong Kong et à Macao, avait indiqué à l'époque le ministère chinois des Affaires étrangères.

Des études occidentales accusent la Chine d'avoir interné plus d'un million de Ouïghours et de membres d'autres groupes ethniques musulmans dans des "camps de rééducation", voire d'imposer du "travail forcé" et des "stérilisations forcées". La Chine dénonce des rapports biaisés, des statistiques manipulées et parle de "centres de formation professionnelle" destinés à développer l'emploi et éradiquer l'extrémisme au sein de la population.

Justin Trudeau est soumis à des pressions croissantes pour qu'il hausse le ton face à Pékin, à la suite d'allégations selon lesquelles la Chine aurait cherché à influencer les résultats des élections canadiennes de 2019 et de 2021. Ces accusations ont été fermement démenties par Pékin.

La police fédérale canadienne affirme également avoir démantelé plusieurs "postes de police chinois" illégaux au Canada, qui auraient été mis en place pour harceler des expatriés chinois hostiles à Pékin.

La Chine a dénoncé vendredi les "calomnies" et "diffamations" dont elle s'estime victime après la convocation par le Canada de son ambassadeur, sur fond d'accusations d'intimidation contre un député canadien hostile à Pékin. Les relations bilatérales sont tendues depuis l'arrestation en 2018 par les autorités canadiennes d'une responsable du groupe télécom chinois Huawei et de...