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Moyen-Orient - Repère

Les pays du Golfe profitent du pétrole russe à prix cassé

De récentes analyses ont dévoilé des importations d’un niveau inédit par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, malgré les sanctions occidentales contre Moscou.

Les pays du Golfe profitent du pétrole russe à prix cassé

Un pétrolier russe est amarré au terminal de Kozminoprès de la ville portuaire de Nakhodka en Russie. Tatiana Meel/Photo d’archives Reuters

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont importé une quantité record de pétrole brut et de naphta – un dérivé pétrolier – russes à prix réduit pour leur consommation nationale, selon le Wall Street Journal. Alors que les États-Unis et l’Union européenne ont imposé de larges sanctions sur les exportations de pétrole russe depuis l’invasion de l’Ukraine, les pays du Golfe profitent du prix cassé de l’énergie russe pour répondre à leur demande domestique, tout en vendant leur propre réserve pétrolière au prix du marché.

Les faits

• D’après le Wall Street Journal, qui se base sur les données fournies par la société d’analyse Kpler, l’importation de pétrole de la fédération émiratie en provenance de la Russie a triplé l’année dernière, atteignant 60 millions de barils.

• Rien qu’en mars dernier, au moins 500 000 tonnes de pétrole ont été récupérées dans le port émirati de Fujairah et en Arabie saoudite. Le royaume wahhabite a quant à lui reçu entre mars et début avril un record de 261 000 tonnes de diesel russe, selon l’agence Reuters, alors qu’il n’en importait presque pas avant l’invasion de l’Ukraine.

• Les pays en question font surtout un usage domestique de ces importations, qu’ils achètent à prix réduit, exportant leur propre production à un prix plus élevé imposé par le marché, selon un analyste interrogé par le Wall Street Journal.

Le contexte

• Pour les États-Unis et l’Europe, l’embargo imposé sur les importations de pétrole en provenance de la Russie et la limite de prix imposée pour sa distribution visaient à empêcher Moscou de financer l’effort de guerre en Ukraine.

• La fédération émiratie et l’Arabie saoudite tiennent officiellement une position de neutralité quant au conflit actuel, résistant aux appels de Washington de rejoindre le camp anti-Moscou. Les deux pays entretiennent en réalité des relations plutôt accommodantes avec le Kremlin, Dubaï accueillant notamment des oligarques russes venus échapper aux sanctions occidentales.

• La frégate militaire russe « Admiral Gorshok », et le pétrolier « Kama » ont en effet été autorisés à stationner et à se ravitailler au port de Djeddah le 6 avril dernier. Une première depuis plus de dix ans, alors qu’aucun navire militaire russe n’avait été toléré dans un port du Golfe. En février 2023, à la Conférence et exposition internationale de la défense organisée à Abou Dhabi, la Russie a pu présenter son artillerie durant le salon organisé pour l’occasion.

• Partenaire de la Russie au sein de l’OPEP+, l’Arabie saoudite continue de maintenir des prix élevés sur le marché pétrolier. En Arabie saoudite, la compagnie nationale pétrolière Aramco a enregistré le plus grand profit de son histoire en 2022, d’une valeur de 161 milliards de dollars. Le 3 avril, le royaume wahhabite a pour la seconde fois annoncé une réduction de sa production de pétrole, après celle d’octobre dernier qui avait contrarié les Américains, jugeant que la décision avantageait Moscou. Immédiatement après l’annonce, les prix du pétrole ont augmenté de 6 %.

• Face aux sanctions occidentales, la Russie a été obligée de réduire les prix de ses exportations, ainsi que de réorienter ces dernières, principalement dirigées vers l’Europe avant l’invasion. En mars 2023, les exportations de pétrole russe ont néanmoins atteint leur niveau le plus élevé depuis plus de trois ans, d’après l’Agence internationale de l’énergie citée par CNN. Le 28 mars dernier, le ministre russe de l’Énergie, Nikolaï Choulguinov, annonçait en effet avoir réorienté « avec succès » toutes ses exportations de pétrole brut concernées par les sanctions occidentales.

Les enjeux

• En se tournant vers la production russe et en ignorant les souhaits des États-Unis, la fédération émiratie et le royaume wahhabite démontrent une volonté de prioriser leurs intérêts nationaux au détriment de ceux de l’Occident. Pour Riyad notamment, cette position est en ligne avec sa politique de « Saudi first ». Le pays dépend de ses revenus pétroliers pour, entre autres, effectuer les grands projets d’infrastructure futuristes du plan de développement Vision 2030.

• Face au désengagement américain de la région, les pays du Golfe ont diversifié leurs partenariats stratégiques ces dernières années. Les échanges croissants avec la Russie, auxquels s’ajoutent les avancées diplomatiques régionales supervisées par la Chine, laissent à penser que les pétromonarchies se tournent davantage vers l’est, sapant au passage les efforts déployés par l’Occident pour limiter les revenus pétroliers de la Russie.

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont importé une quantité record de pétrole brut et de naphta – un dérivé pétrolier – russes à prix réduit pour leur consommation nationale, selon le Wall Street Journal. Alors que les États-Unis et l’Union européenne ont imposé de larges sanctions sur les exportations de pétrole russe depuis l’invasion de l’Ukraine,...

commentaires (2)

Ils sont tellement sympa nos amis Arabes - au lieu de nous aider en nous vendant leur pétrole à prix réduit .. ils cherchent à remplir leurs caisses encore plus ..

Rima Adjadj-Jarrah

15 h 08, le 21 avril 2023

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Commentaires (2)

  • Ils sont tellement sympa nos amis Arabes - au lieu de nous aider en nous vendant leur pétrole à prix réduit .. ils cherchent à remplir leurs caisses encore plus ..

    Rima Adjadj-Jarrah

    15 h 08, le 21 avril 2023

  • Les saoudiens sont contents que les chrétiens s’entretuent….

    Eleni Caridopoulou

    16 h 54, le 19 avril 2023

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