Entretien Mikati-Bou Habib sur la plainte à l'ONU contre Israël

Le Liban adressera une plainte au secrétaire général des Nations Unies et au Conseil de sécurité, par le canal de la mission libanaise à l'ONU, pour affirmer "le respect par le Liban de la résolution 1701" et "dénoncer les bombardements israéliens au Liban vendredi à l'aube", a déclaré samedi le Premier ministre sortant Nagib Mikati à l'issue d'une réunion avec le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib.

La résolution 1701 a été adoptée en 2006 et avait mis fin à la guerre de 34 jours entre Israël et le Hezbollah, parti-milice pro-Iran. "La plainte dénonce également les attaques israéliennes contre le Liban par voie aérienne, terrestre et maritime", explique un communiqué publié à cet effet.

Après les frappes aériennes israéliennes au Liban-Sud, le ministère des Affaires étrangères avait déclaré dans un communiqué qu'il avait l'intention de déposer une plainte à l'ONU. "Les frappes et l'agression israéliennes vendredi à l'aube constituent une violation flagrante de la souveraineté du Liban et une violation scandaleuse de la résolution 1701" du Conseil de sécurité. Elles menacent la stabilité qui régnait dans le sud du Liban", indiquait le communiqué du palais Bustros.

Samedi après-midi, le ministre sortant des Affaires étrangères a chargé Jeanne Mrad, cheffe de la mission permanente du Liban à l'ONU, de transmettre la lettre de la plainte du gouvernement libanais au secrétaire général des Nations unies et au Conseil de sécurité, a fait savoir le bureau de presse de M. Bou Habib dans un communiqué.

Dans cette plainte, le Liban met en garde contre "la gravité des récents développements dans la région, en particulier dans les villages du Sud-Liban, et affirme sa volonté d'œuvrer pour éteindre la mèche de la sédition et de favoriser un retour au calme. Il rappelle qu'Israël est responsable des répercussions de toute escalade de la situation au Liban-Sud".

Le Liban "condamne les attaques menées par Israël à l'aube du vendredi 7 avril 2023 contre des zones du Sud-Liban qui ont mis en danger la vie de civils. Il s'agit d'un acte d'agression qui constitue :

- une violation flagrante de la souveraineté du Liban

- une menace pour la stabilité dont bénéficie le Liban-sud

- une violation flagrante de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies

- une menace pour la paix et la sécurité internationales", liste le texte.

Le Liban a également "réexprimé son refus d'utiliser son territoire comme plateforme de menace à la stabilité existante, tout en préservant son droit légitime à l'autodéfense, et réaffirme que le fait de garder les lignes de communication ouvertes avec les Nations Unies et les forces de la Finul reste le meilleur moyen de résoudre les problèmes et de maintenir le calme et la stabilité". Enfin, les autorités insistent sur leur "volonté de coopérer avec les forces de maintien de la paix dans la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU".

L'armée israélienne a affirmé avoir frappé trois "infrastructures" appartenant au mouvement islamiste palestinien Hamas, dans la zone de Rachidiyé, où se trouve un camp de réfugiés près de Tyr. C'est la première fois qu'Israël confirme avoir attaqué le territoire libanais depuis avril 2022.

Les frappes israéliennes ont suivi des tirs de roquettes lancées depuis le Liban-Sud. Ces tirs ont eu lieu au lendemain de l'irruption violente mercredi de la police israélienne dans la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, troisième lieu saint de l'Islam, afin d'en déloger des Palestiniens qui s'y étaient barricadés.

Vendredi matin, la situation était revenue à la normale au Liban-Sud, et un calme précaire prévalait dans les zones touchées par les frappes. Mais en début de soirée, l'Etat hébreu a annoncé avoir abattu un drone ayant survolé son territoire depuis le Liban. Réagissant à ces incidents, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a déclaré que "tout l'axe de la résistance reste vigilant".