Une vingtaine de manifestants, principalement des familles de victimes de l'explosion du 4 août 2020 se sont rassemblés mardi en fin de journée devant le port de Beyrouth, lieu du drame, pour commémorer les deux ans et huit mois depuis la catastrophe qui a tué plus de 220 personnes et blessés 6.500 autres.
Chaque quatrième jour du mois, ces familles tiennent un tel sit-in pour réclamer justice et une avancée de l'enquête. Confiée au juge d'instruction Tarek Bitar, cette investigation fait face à de flagrantes ingérences politiques et judiciaires et se trouve dans une impasse depuis des mois.
Les familles ont brandi des photos de leurs proches tués dans l'explosion. L'un de leurs porte-paroles a déclaré dans une allocution qu'ils "continueront à faire face à quiconque tentera de bloquer l'enquête, qu'il s'agisse de responsables politiques, de juges ou de toute autre personne". L'armée a été déployée sur les lieux, mais la situation n'a pas dégénéré.
Au cours du sit-in du mois dernier, le groupe avait affirmé "avoir ressenti un parfum d'espoir" après un jugement récemment rendu le 23 février par la cour de justice de Londres en faveur des victimes de l'explosion. Celui-ci s'inscrivait dans le cadre d’une plainte civile déposée contre Savaro Ltd, une société de négoce de produits chimiques qui aurait acheté en Géorgie la cargaison de nitrate d'ammonium à l'origine de la déflagration.
Des proches des victimes avait également déposé plainte contre plusieurs personnes jugées responsables, notamment contre le procureur général près la Cour de cassation du Liban Ghassan Oueidate, "écarté du dossier pour sa parenté avec certains accusés". Celui-ci avait engagé des poursuites à l'encontre du juge Bitar fin janvier, et décidé de libérer tous les suspects détenus dans l'enquête, ravivant la colère des proches des victimes. Les décisions du procureur Oueidate ont été considérées par de nombreux observateurs comme un acte politique visant à bloquer cette enquête afin de protéger la classe politique au pouvoir, accusée par une frange de la population de n'avoir rien fait pour éviter l'explosion.
Les plus commentés
Derrière l’escalade du Hezbollah, un message à Israël : cette fois-ci, l’Iran ne sera pas seul
Un déposant lance une action collective aux États-Unis contre le secteur bancaire libanais
Le tandem Berry-Bassil, une machine de guerre qui fait les affaires de Nasrallah