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Agenda - Francophonie

Journalisme en détresse : rencontre d’experts au CEF de Beyrouth

Journalisme en détresse : rencontre d’experts au CEF de Beyrouth

Le premier panel, intitulé « L’enseignement du journalisme : à la recherche du maillon manquant entre l’académique et le professionnel », a réuni Roula Douglas, Ramza Jaber et Ziad Harfouche (de g. à dr.), et a été modéré par Youmna Chacar Ghorayeb (dr.). Photo AUF

Dans le cadre des activités du Mois de la francophonie, l’Association francophone de journalisme (AFEJ), en coordination avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), a organisé une rencontre intitulée « Journalisme en détresse. Formation et protection des gardiens de l’information », le 7 mars, au Centre d’employabilité francophone (CEF) de Beyrouth, en présence du ministre sortant de l’Information Ziad Makari.

Dans son mot d’accueil, le directeur régional de l’AUF Moyen-Orient Jean-Noël Baléo a souligné que le journalisme francophone devrait se démarquer en revendiquant une position particulière en ambitionnant une éthique de défenseur de la diversité, de la liberté d’expression, de la liberté de ton, une éthique de la vérification renforcée des sources d’information, d’objectivité et de distanciation par rapport aux pouvoirs aussi bien politiques qu’économiques.

La présidente de l’AFEJ Nidal Ayoub a renouvelé l’engagement de l’association pour un journalisme professionnel et éthique, partageant avec l’AUF les valeurs d’engagement, d’excellence et de francophonie, en estimant pouvoir transmettre une vision authentique du journalisme, mais aussi « un penser et un faire-autrement » créatifs et constructifs à des générations d’étudiants et de journalistes débutants.

De son côté, le ministre sortant Makari a indiqué que « bien que les cursus des facultés d’information aient subi des réformes à travers les années, il reste encore beaucoup à faire en termes d’adaptabilité de la formation académique aux besoins de la pratique professionnelle, d’où l’importance de la révision des cursus et des stages de formation au sein des médias publics et privés ».

Les panels ont abordé cette question d’adaptabilité et celle du cursus suivi dans les facultés d’information et de communication, dans le but d’une coordination plus élaborée et plus solide entre ces facultés, d’une part, et les médias de tout type, d’autre part ; ce qui a démontré l’importance d’une phase de formation intermédiaire permettant de combler les lacunes entre les deux mondes académique et professionnel. Les intervenants ont également appelé à un journalisme éthique et professionnel où les journalistes seraient protégés et sécurisés pour assurer leur rôle quant à l’imputabilité politique et de responsabilité sociale.

L’académique et le professionnel

Dans le premier panel modéré par Youmna Chacar Ghorayeb, de l’AFEJ, Ziad Harfouche, directeur de l’Agence nationale de l’information (ANI) a confirmé que « comme en médecine, il n’y a pas une maladie, mais il y a un malade, en journalisme, il s’agit plutôt de circonstances, de tensions politiques, de cas particuliers où les théories ne semblent pas toujours applicables, et l’ensemble de tout cela peut expliquer le maillon manquant entre la formation académique et la pratique ».

De son côté, Ramza Jaber, secrétaire générale adjointe à la Commission nationale pour l’Unesco, a présenté les programmes de l’organisation pour soutenir l’indépendance, la liberté et la pluralité des médias, et l’encouragement à la diversité dans le cyberespace, tout en préservant la sécurité et en protégeant les droits de l’homme.

Quant à Roula Douglas, chercheuse en sciences de l’information, enseignante de journalisme et responsable de la page « Campus » à L’Orient-Le Jour, elle a insisté sur l’importance de pallier l’inadéquation entre la formation universitaire et les besoins du monde de l’information, et a proposé des pistes de solutions pour combler le fossé entre les écoles de journalisme et les médias. « Une révision des cursus sans redéfinition de la profession journalistique et sans réflexion profonde sur la responsabilité sociale du journaliste serait stérile. Sans changer les lentilles à travers lesquelles nous voyons la réalité, il n’y aura pas de changement réel. Former les journalistes, c’est contribuer à la formation du citoyen et de l’humain de demain, puisque, rappelons-nous, c’est en partie à travers le regard du journaliste que le public perçoit le monde », a-t-elle conclu.

Garantir la sécurité des journalistes

Le second panel a porté sur la généralisation de la pratique de l’imputabilité politique et de la responsabilité sociale avec Fouad Khoury Helou, directeur exécutif de L’Orient-Le Jour, qui a évoqué les défis auxquels le journal doit faire face pour maintenir son niveau d’exigence à un an de son centenaire. Il a détaillé les grandes lignes d’un nouveau modèle économique à travers le passage au journalisme numérique et au lectorat expatrié, tout en évoquant certaines entraves qui peuvent s’exercer sur les journalistes.

Le chef des programmes de développement média à la Fondation Samir Kassir Waël Akiki a évoqué la protection nécessaire pour garantir la sécurité des journalistes et leur liberté d’expression, ainsi que les conditions nécessaires pour qu’ils puissent exercer leur rôle politique et social. Il a également exposé les activités entreprises par SKeyes dans ce domaine.

À partir de son expérience dans un média local puis dans un journal français, Laure Stéphan, reporter pour Le Monde et RFI, a abordé les entraves auxquelles sont confrontés les journalistes dans l’exercice de leur profession. Elle a souligné que ce qui peut protéger un journaliste, c’est surtout sa performance professionnelle et éthique.

Dans le cadre des activités du Mois de la francophonie, l’Association francophone de journalisme (AFEJ), en coordination avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), a organisé une rencontre intitulée « Journalisme en détresse. Formation et protection des gardiens de l’information », le 7 mars, au Centre d’employabilité francophone (CEF) de Beyrouth, en présence...