Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Séisme en Turquie et en Syrie

Plus de 11 700 morts, les critiques montent contre Erdogan

Twitter était inaccessible hier en Turquie, alors que les réseaux sociaux étaient inondés de messages de personnes qui se plaignent d’un manque d’efforts de secours et de recherches des victimes dans leurs zones.

Plus de 11 700 morts, les critiques montent contre Erdogan

Le président Recep Tayyip Erdogan s’est rendu à Kahramanmaras, ville près de l’épicentre du séisme dans le sud de la Turquie, le 8 février 2023. Adem Altan/AFP

Le bilan du séisme de magnitude 7,8 qui a secoué lundi à l’aube le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie voisine ne cesse de s’alourdir. Il s’établissait à l’heure de mettre sous presse à 11 719 morts et plus de 55 000 blessés dans les deux pays, les chances de survie s’amenuisant deux jours après la catastrophe. Sur le terrain, les sauveteurs travaillent par un froid glacial, après le tremblement de terre suivi de puissantes répliques. La Turquie déplore officiellement au moins 9 057 morts. Il s’agit du pire bilan depuis le séisme de 1999, d’une magnitude de 7,4 et qui avait fait 17 000 morts, dont un millier à Istanbul.

Dans la province turque d’Hatay (Sud), durement frappée par le séisme, des enfants et des adolescents ont été retirés des décombres d’un immeuble. « Tout à coup nous avons entendu des voix et grâce à l’excavatrice (...), nous avons tout de suite pu entendre trois personnes à la fois », raconte l’un des secouristes, Alperen Cetinkayanous. « Nous nous attendons à ce qu’il y en ait plus (...), les chances de pouvoir sortir des gens vivants d’ici sont très élevées. » D’autres n’y croient plus. La ville d'Antioche est en ruine, noyée dans un épais nuage de poussière dû aux engins de déblaiement qui fouillent les décombres. « Antioche est finie », répètent des habitants. À perte de vue, ce ne sont qu’immeubles totalement ou partiellement effondrés. Même ceux qui tiennent encore sont profondément lézardés et personne n’ose y rester.

« Où est l’État ? »

À l’épicentre du tremblement de terre, à Kahramanmaras, une ville de plus d’un million d’habitants dévastée et ensevelie sous la neige, aucune aide, aucun secours n’étaient parvenus mardi. « Où est l’État ? Où est-il ? (...) Ça fait deux jours et on n’a vu personne. (...) Les enfants sont morts de froid », s’insurgeait Ali, qui espérait encore revoir son frère et son neveu, piégés dans les ruines de leur immeuble. À Adiyaman, une autre ville du sud de la Turquie, il n’y a toujours pas de secouristes ni d’engins dans certaines zones sinistrées. Les volontaires font de leur mieux mais la colère monte dans la population.

La montée des critiques en Turquie a même contraint le président turc Recep Tayyip Erdogan à reconnaître des manquements. « Bien sûr qu’il y a des lacunes, il est impossible d’être préparé à un désastre pareil », a plaidé hier le chef de l’État, qui s’est rendu dans la province d’Hatay, à la frontière syrienne. « Quelques personnes malhonnêtes et déshonorantes ont publié de fausses déclarations telles que “nous n’avons pas vu de soldats ni de policiers” », a-t-il néanmoins dénoncé.

Les réseaux sociaux turcs sont inondés de messages de personnes qui se plaignent d’un manque d’efforts de secours et de recherches des victimes dans leurs zones, en particulier dans la région d’Hatay. La police turque a arrêté une douzaine de personnes depuis le tremblement de terre pour des publications, sur les réseaux sociaux, critiquant la manière dont le gouvernement a géré la catastrophe. Twitter était inaccessible hier et l’organisme de surveillance de la gouvernance de l’internet netblocks.org a souligné que l’accès à ce réseau social était restreint « via plusieurs fournisseurs d’accès internet en Turquie ».

Si l’aide internationale a commencé à arriver mardi en Turquie, des dizaines de pays ayant proposé leurs services à Ankara dont ceux de l’Union européenne et du Golfe, les États-Unis, la Chine et même l’Ukraine, en Syrie, c’est une autre histoire. « Mettez la politique de côté et laissez-nous faire notre travail humanitaire », a plaidé le coordinateur de l’ONU en Syrie, El-Mostafa Benlamlih. « On ne peut pas se permettre d’attendre et de négocier. Si on attend de négocier, ce sera déjà trop tard », a-t-il ajouté. Bruxelles a annoncé hier l’organisation d’une conférence de donateurs pour mobiliser des fonds internationaux pour les deux pays affectés, prévue pour début mars.

Face à l’aide qui tarde à arriver, les survivants se sentent bien seuls, alors que 2 662 corps ont pour le moment été extraits des décombres en Syrie, selon les autorités ainsi que les secouristes dans les zones rebelles. « Il y a environ 400 à 500 personnes piégées sous chaque immeuble effondré avec seulement 10 personnes qui tentent de les sortir. Et il n’y a pas de machines », explique un des habitants de Jandairis, en zone rebelle, qui veut rester anonyme.

Dans le village de Besnaya, à la frontière turque, Malik Ibrahim déblaye sans relâche les décombres, à la recherche de trente membres de sa famille, tous ensevelis sous les ruines. Dix corps sans vie en ont déjà été retirés. « Il reste vingt personnes sous les décombres. Je n’ai pas de mots, c’est une catastrophe. Nos souvenirs sont enterrés avec eux. Nous sommes un peuple sinistré dans tous les sens du terme », dit cet homme de 40 ans qui raconte avoir été forcé de quitter son foyer il y a quelques années en raison de la guerre pour se réfugier à Idleb.

Source : AFP

Le bilan du séisme de magnitude 7,8 qui a secoué lundi à l’aube le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie voisine ne cesse de s’alourdir. Il s’établissait à l’heure de mettre sous presse à 11 719 morts et plus de 55 000 blessés dans les deux pays, les chances de survie s’amenuisant deux jours après la catastrophe. Sur le terrain, les sauveteurs travaillent par un...

commentaires (1)

Je connais bien Antakya et la province de Hatay et déplore les victimes et les destructions causées par cette catastrophe

Tabet Ibrahim

08 h 35, le 09 février 2023

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Je connais bien Antakya et la province de Hatay et déplore les victimes et les destructions causées par cette catastrophe

    Tabet Ibrahim

    08 h 35, le 09 février 2023

Retour en haut