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Moyen-Orient - SYRIE

Dans l’ancienne capitale de l’EI, les forces kurdes traquent les jihadistes

Soutenue par la coalition internationale, une opération d’ampleur est menée par les Forces démocratiques syriennes depuis la semaine dernière pour éliminer les poches résistantes du groupe terroriste aux abords de Raqqa, dans le Nord-Est syrien.

Dans l’ancienne capitale de l’EI, les forces kurdes traquent les jihadistes

Les forces de sécurité kurdes Assayech passent dans une rue de Raqqa lors d’un raid sur la maison d’un suspect accusé d’appartenir au groupe État islamique, le 29 janvier. Delil Souleiman/AFP

Depuis sa terrasse, Youssef el-Nasser observe des combattants kurdes entrer dans des maisons pour traquer des jihadistes du groupe État islamique (EI) qui menacent de nouveau la ville syrienne de Raqqa, cinq ans après la fin de leur régime de terreur. « Si l’EI revient, ce sera une catastrophe. Évidemment qu’on a peur pour nos familles et nos proches », confie cet homme de 67 ans, la tête recouverte d’un keffieh à damiers rouges et blancs.

Des centaines de combattants des forces kurdes lourdement armés, juchés sur leurs camions et véhicules blindés, passent au peigne fin la ville du nord de la Syrie à la recherche de jihadistes ou d’armes dissimulées par ces derniers. À l’aide de haut-parleurs, ils demandent aux habitants de ne pas sortir durant les opérations de ratissage, alimentant les craintes de la population locale. « J’ai peur quand je vois les militaires, regardez comme ma main tremble », avoue oum Mohammad, une sexagénaire au menton marqué d’un tatouage traditionnel bédouin.

Depuis les nombreux postes de contrôle installés aux portes de cette ville à majorité arabe, la police kurde contrôle l’identité des passants. « On a peur à chaque fois que nos enfants sortent (...) La situation est très tendue », dit de son côté Faiza el-Hassan, une mère de famille de 45 ans, après que des membres de la police kurde ont fouillé sa maison.

Raqqa a été la capitale de facto en Syrie de l’EI qui y avait instauré un régime de terreur, imposant une stricte application de la loi islamique et se livrant à de nombreuses exactions. En octobre 2017, les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) y ont délogé les jihadistes de la ville au prix de violents combats avec l’appui de la coalition internationale contre l’EI. Mais, malgré la perte de ses fiefs en Syrie en 2019, le groupe continue de revendiquer des attaques dans le pays. En décembre, l’EI a attaqué à Raqqa un complexe abritant une prison détenant des jihadistes, selon les FDS. Six combattants kurdes avaient été tués et l’un des auteurs de l’assaut court toujours. Une attaque faisant écho à celle menée en janvier 2022 contre la prison de Ghwayran à Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, qui s’était soldée par des centaines de morts parmi les forces kurdes et les jihadistes.

« Changement de stratégie »

Pour Ali el-Hassan, un responsable des Assayech, les forces chargées de la sécurité dans les régions du Nord-Est syrien, l’EI dédaigne désormais « les attaques individuelles » pour préférer « des attaques collectives contre les prisons où ses combattants sont détenus ». Ce « changement dans la stratégie de l’EI » fait croire à l’existence d’un « plan pour contrôler les prisons, créer la confusion et semer le chaos », ajoute-t-il, précisant que « l’EI essaie de se restructurer à travers ces opérations ».

Pour y faire face, le 25 janvier, les FDS et les Assayech, ont lancé une opération impliquant 5 000 combattants, dans la province de Raqqa, avec le soutien de la coalition internationale dirigée par Washington. Une campagne qui intervient quelques jours après des manifestations d’ampleur dans le centre de Raqqa pour protester contre le meurtre d’une enseignante enceinte et de sa fille, commis notamment par un homme affilié aux FDS. Les rassemblements ont mis en avant le manque de confiance et la faible légitimité des forces kurdes au sein de la population de la zone à majorité arabe.

Depuis le début de l’opération sécuritaire, les forces kurdes auraient arrêté 150 personnes soupçonnées d’appartenir à l’EI, dont des dirigeants du groupe. Si certains habitants saluent ces opérations de ratissage, d’autres les jugent insuffisantes. « Peu importe la façon dont sont menées ces opérations, elles ne pourront pas trouver toutes les armes » cachées, assure Ahmad el-Hamad, 30 ans. À chaque fois qu’une attaque de l’EI est évoquée, il craint d’être forcé de fuir à nouveau sa maison qui est proche d’un lieu de détention. « On a peur de ces prisons qui grouillent de membres de l’EI et de criminels », déclare-t-il, jugeant que « les prisons devraient être à au moins dix kilomètres des habitations ».

Delil SOULEIMN/AFP et L’OLJ

Depuis sa terrasse, Youssef el-Nasser observe des combattants kurdes entrer dans des maisons pour traquer des jihadistes du groupe État islamique (EI) qui menacent de nouveau la ville syrienne de Raqqa, cinq ans après la fin de leur régime de terreur. « Si l’EI revient, ce sera une catastrophe. Évidemment qu’on a peur pour nos familles et nos proches », confie cet homme de 67...

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