Le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate a ordonné le 25 janvier la libération des 17 personnes encore en détention provisoire depuis l'explosion meurtrière du 4 août 2020. Cette décision, contestée par les familles des victimes et plusieurs magistrats qui remettent en cause sa légalité, intervient dans un contexte d’accentuation du bras de fer entre le chef du parquet, beau-frère de l'ex-ministre Ghazi Zeaïter, et le juge d'instruction Tarek Bitar, dont l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth a été suspendue depuis plus d'un an par plusieurs procédures en récusation.
Sur les 25 personnes incarcérées dans les jours qui ont suivi le drame du 4 août, huit avaient déjà bénéficié d’une décision de remise en liberté. En avril 2021, Tarek Bitar avait ainsi décidé de relâcher Joseph Naddaf et Charbel Fawaz, respectivement commandants au sein de la Sécurité de l’État et de la Sûreté générale ; Élias Chahine et Khaled Khatib, sergents chefs aux douanes ; ainsi que Mikhaël Murr et Johnny Gergès, employés à la direction générale du port. Trois mois plus tard, deux autres détenus avaient bénéficié d’une mesure similaire : Daoud Fayad, commandant au bureau de la Sûreté générale (considéré comme proche de Talal Arslane) et Nayla el-Hage, une ingénieure externe qui avait été chargée du contrôle technique des chantiers au port.
Le 23 janvier, Tarek Bitar avait par ailleurs décidé de reprendre son enquête et de remettre en liberté cinq parmi les 17 personnes relâchées mercredi : l'ancien directeur des douanes Chafic Merhi (prédécesseur de Badri Daher) ; Ahmad Rajab, l’un des ouvriers intervenant dans le hangar au moment de l’explosion ; Sélim Chebli, l'entrepreneur chargé de superviser ces travaux ; Sami Hussein, directeur des opérations au port ; et Michel Nahoul, directeur de projets au port.
Le même jour, le juge d'instruction a aussi engagé des poursuites contre plusieurs personnalités politiques, administratives et judiciaires, dont l'ancien chef du gouvernement Hassane Diab et, fait inédit s’agissant d’un procureur général, Ghassan Oueidate. Soutenu par une partie de la classe politique et par l’appareil sécuritaire, ce dernier a à son tour engagé des poursuites contre Tarek Bitar pour « rébellion contre la justice » et « usurpation de pouvoir », tout en le frappant d’une interdiction de quitter le territoire libanais.
Juste une question...Est-ce son bureau que l'on voit en fond sur la photo de Badri Daher ? Si c'est le cas, je le trouve plus proche de celui d'un ministre que d'une administration douanière. Fin amateur d'art dans tous les cas. Surprenant !
19 h 54, le 30 janvier 2023