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Politique - Décryptage

Après le froid, place au dialogue entre Bkerké et le Hezbollah

Le Hezbollah attendait l’occasion, et les fêtes de fin d’année la lui ont fournie. Après une période de rupture du dialogue bilatéral, le parti chiite voulait renouer avec Bkerké. C’était même devenu une nécessité urgente après le froid entre lui et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, ainsi qu’à la suite des incidents de Rmeich (entre les habitants de cette localité chrétienne et le parti sur fond de litige foncier) et même de Aaqibiyé (l’incident ayant tué mi-décembre un soldat de la Finul). D’autant que la vacance présidentielle et la tenue d’un Conseil des ministres avec la participation des ministres proches du Hezbollah avaient aggravé chez les chrétiens non seulement le sentiment de frustration, mais aussi l’impression que le parti pro-iranien, en dépit de son entente avec le CPL, n’était pas solidaire de cette communauté.

Dans les réunions à huis clos des responsables du Hezbollah, l’idée d’une visite d’une délégation du parti à Bkerké a donc été adoptée à l’unanimité, mais tous étaient aussi d’accord pour insister sur le fait qu’elle devrait être bien préparée et aboutir à un résultat concret dans le sens de l’assainissement des rapports entre ce parti et la principale autorité chrétienne du pays. Abou Saïd Khansa, responsable du dossier des relations avec les parties chrétiennes au sein du Hezbollah, a donc été chargé des contacts préliminaires. Il y a eu ainsi plusieurs rencontres et entretiens entre lui et Walid Ghayad, proche conseiller du patriarche maronite, dans l’idée de préparer le terrain à une rencontre avec Béchara Raï et faire en sorte de mettre de côté les sujets conflictuels. Selon des proches de Bkerké, Walid Ghayad aurait ainsi demandé que l’élection présidentielle constitue le seul sujet de l’entretien avec le patriarche, mais le Hezbollah a voulu élargir un peu le débat pour qu’il englobe la nécessité de reprendre et d’intensifier le dialogue, sans toutefois aborder les sujets qui fâchent. Il faut d’ailleurs préciser que c’est M. Ghayad qui a pris en charge les contacts préliminaires, non les deux membres de la commission du dialogue avec le Hezbollah, le cardinal Samir Mazloum (en période de convalescence suite à une intervention chirurgicale) et l’émir Hareth Chéhab.Officiellement, la visite d’une délégation du Hezbollah à Bkerké le 2 janvier était donc protocolaire et destinée à présenter les vœux de la formation et de son chef au patriarche maronite à l’occasion des fêtes de fin d’année. Mais le Hezbollah avait sciemment choisi une délégation de haut niveau présidée par le chef du Conseil politique Ibrahim Amine el-Sayed. Selon des sources proches des deux parties, l’entretien était à la fois profond et cordial. Deux sujets ont été principalement évoqués, l’élection présidentielle, d’abord, et la nécessité de reprendre le dialogue entre les deux parties, dans l’intérêt du pays, ensuite. Le patriarche maronite et la délégation du Hezbollah étaient d’accord pour éviter de défier les chrétiens et de porter un coup au partenariat intercommunautaire qui est l’essence même du Liban. L’idée du patriarche maronite d’organiser un congrès international sur le Liban n’a pas été abordée clairement, mais la délégation du Hezbollah a déclaré qu’il ne fallait pas lier le sort du Liban, même au sujet de l’élection présidentielle, aux développements régionaux et internationaux, car la solution risquerait alors de prendre du temps, d’autant que pour l’instant, rien n’indique qu’une partie internationale ou régionale se prépare à organiser une conférence sur le Liban, les rumeurs sur cette possibilité ne s’étant pas encore concrétisées.

Ce sujet mis à part, Bkerké et le Hezbollah étaient d’accord pour considérer que l’échéance présidentielle est cruciale et qu’elle constitue le passage obligé pour mettre le Liban sur les rails d’une sortie de crise. À cet égard, le patriarche Raï a affirmé devant ses visiteurs que Bkerké ne pose de veto sur aucun candidat, ni sur le leader des Marada Sleiman Frangié, ni sur le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, ni sur toute autre figure. Ce que le patriarcat souhaite, c’est qu’un nouveau président de la République soit élu dans les plus brefs délais pour que les institutions publiques recommencent à fonctionner normalement.

Béchara Raï a cependant demandé au Hezbollah pourquoi il se contentait de mettre dans l’urne un bulletin blanc, alors que dans un régime démocratique comme celui du Liban, il devrait voter pour son candidat et que celui qui obtient le plus grand nombre de voix soit élu. Le Hezbollah a répondu qu’il préférait que les différentes parties s’entendent sur un candidat avant d’aller voter au Parlement. C’est pour la même raison qu’il prône le renforcement du dialogue avec Bkerké et avec les autres parties. Pour le parti chiite, la position du patriarche était en tout cas satisfaisante, d’autant qu’il craignait un éventuel veto de Bkerké sur un candidat qui aurait son appui, à l’instar du zaïm de Zghorta. Ce qui, face à l’opposition claire du CPL et au rejet jusqu’à présent des Forces libanaises, aurait éliminé les chances de Sleiman Frangié pour la présidence, tout en créant un nouveau sujet de discorde entre le Hezbollah et les parties chrétiennes. En même temps, il n’a pas non plus fermé la porte à d’autres possibilités, en posant toutefois comme condition une entente préalable interlibanaise. Le Hezbollah a promis au patriarche maronite qu’il n’irait pas vers une élection présidentielle sans l’aval de parties chrétiennes avec à leur tête Bkerké. Il se serait donc engagé à coordonner ses choix avec ces parties et à intensifier les contacts avec le patriarcat à ce sujet. Selon la délégation du Hezbollah, ce parti n’acceptera aucun scénario qui pourrait pousser les chrétiens à se sentir exclus du processus de l’élection présidentielle, qui concerne d’ailleurs leur communauté en premier lieu.

Ton conciliant des deux côtés et volonté de renforcer les contacts en cette période délicate de la vie du Liban : tel pourrait être le résumé de cette rencontre toute en symboles. Un premier pas a été accompli, mais le chemin est encore long.

Le Hezbollah attendait l’occasion, et les fêtes de fin d’année la lui ont fournie. Après une période de rupture du dialogue bilatéral, le parti chiite voulait renouer avec Bkerké. C’était même devenu une nécessité urgente après le froid entre lui et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, ainsi qu’à la suite des incidents de Rmeich (entre les habitants...

commentaires (4)

Ils sont venus pour dire au Patriarche que c’est eux qui gouvernent le pays alors qu’il la ferme.???

Eleni Caridopoulou

16 h 40, le 09 janvier 2023

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Commentaires (4)

  • Ils sont venus pour dire au Patriarche que c’est eux qui gouvernent le pays alors qu’il la ferme.???

    Eleni Caridopoulou

    16 h 40, le 09 janvier 2023

  • ILS SONT VENUS ENDORMIR RAÎ, LA PREUVE, IL S EST BIEN CALMÉ CE DIMANCHE AUCUN DISCOURS.

    Gebran Eid

    14 h 42, le 09 janvier 2023

  • - QUEL PONT POURRAIT ETRE JETE - ENTRE LE DROIT ET L,INJUSTICE ? - CRIME ET IRREGULARITE - ET EXACTIONS DE LA MILICE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 33, le 09 janvier 2023

  • Du blabla inutile, tant que les sujets qui fâchent uniquement le Hezbollah ne sont pas abordés... tant que ces sujets tiennent à sa suprématie militaire, sa mainmise sur le pays qu'il entraîne dans les guerres syriennes et yéménites tant qu'il agit en mafia tuant celui qui ose s'opposer à sa volonté. Un président fantoche comme celui qui vient de partir suffit à ce parti iranien de maintenir sa mainmise sur le Liban ... Ce n'est pas un dialogue, c'est de l'enfumage. Ils rendent les armes, obéissent à l'état à partir de là il y a dialogue.

    Zeidan

    09 h 55, le 09 janvier 2023

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