La vacance présidentielle que traverse le Liban depuis novembre a une fois de plus marqué ce dimanche les discours politiques, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, estimant que pour en sortir, le président du Parlement, Nabih Berry, devrait programmer une 11e séance présidentielle "ouverte", tandis qu'un haut responsable du Hezbollah, à l'autre bout de l'échiquier politique, a, lui, de nouveau plaidé pour le dialogue comme sortie de crise.
Les députés ne sont toujours pas parvenus à élire un nouveau chef de l'Etat, faute de consensus sur un candidat, comme cela est de coutume au Liban.
Dans une série de tweets, M. Geagea a déclaré que "au lieu de tenir des séances folkloriques dont le sort, les résultats et la fin sont connus à l'avance, le président du Parlement devrait, lors de la programmation d'une onzième séance (parlementaire), informer à l'avance à tous les groupes parlementaires qu'il ne la lèvera pas".
Selon lui, M Berry devrait dire aux députés qu'"il leur est demandé de rester au Parlement et de mener des discussions entre les réunions parlementaires consécutives, et qu'il maintiendra les séances ouvertes non seulement entre deux tours [d'élection], mais aussi pendant des jours... jusqu'à ce qu'un nouveau président soit élu". "C'est ainsi qu'il faut envoyer des appels sérieux aux séances électorales et qu'il serait possible d'élire un président en quelques heures ou quelques jours, et non en appelant au dialogue", a ajouté le chef des FL, dans une référence aux appels réitérés au dialogue lancés par M. Berry et le Hezbollah.
"Incapacité de l'opposition"
L'appel au dialogue a été martelé, une nouvelle fois dimanche, par le cheikh Nabil Kaouk, membre du conseil central du Hezbollah, lors d'un événement au Liban-Sud.
"Il existe deux grandes équipes au Liban : celle qui veut le dialogue et l'entente nationale pour élire un président, et celle qui les réfute et insiste sur le défi et la confrontation, dans l'attente d'interventions extérieures", a dénoncé M. Kaouk. "Aucun parti ne peut élire un président sans entente", a-t-il souligné, relevant "l'incapacité de l'équipe de la confrontation et du défi à obtenir 65 voix pour élire un chef de l’État". "Ils veulent dissimuler leur échec, leur incapacité et leurs différends en tenant le Hezbollah pour responsable" de la crise présidentielle, a-t-il ajouté. Le cheikh Kaouk a enfin soutenu que "le Hezbollah ne participe pas aux batailles politiques malveillantes".
Conformément à la constitution libanaise, le président doit être élu avec 86 voix (sur 128 députés) au cours du premier tout de vote, alors qu'une majorité absolue de 65 voix est requise lors des tours suivants. Un deuxième tour de vote n'a jamais eu lieu au cours des dix séances électorales tenues depuis septembre dernier, les députés du camp du Hezbollah et ses alliés se retirant du Parlement à l'issue du dépouillement du premier tour, conduisant à chaque fois à la perte du quorum. Jusque-là, Michel Moawad, député de Zghorta et candidat d’une large frange de l’opposition, dont les Forces libanaises, les Kataëb, le Parti socialiste progressiste (PSP) et des députés indépendants, est celui qui a remporté le plus de voix, mais pas suffisamment pour remporter l'élection, même lors d'un éventuel second tour. Le Hezbollah et ses alliés, le mouvement Amal et le Courant patriotique libre (CPL, fondé par Michel Aoun), ont voté blanc.
Le chef du CPL, Gebran Bassil, a annoncé qu'il lancera en début d’année une initiative axée sur l’élection d’une figure de consensus, dont le nom n’a pas encore été mis sur le tapis. Selon des informations obtenues par notre journal, ce nom serait celui de Jihad Azour, directeur Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI).
M. Berry n'a toujours pas convoqué les députés à une 11ème séance après une interruption pour les fêtes de fin d'année, mais de nombreux médias ont rapporté que la prochaine réunion parlementaire devrait avoir lieu jeudi prochain.
commentaires (13)
Quand tous les députés sont dans le parlement il faut fermer les portes à clé jusqu’à l’élection d’un président, voilà c’est simple
Eleni Caridopoulou
16 h 29, le 09 janvier 2023